Prédication du 25 décembre 2021

Vous avez raté le culte de Noël du 25 décembre dernier ? Retrouvez la prédication du Pasteur Olivier PUTZ ici !

Prédication réalisée d’après la lecture biblique : Luc, châpitre 2, versets 29 à 32.

Bien-aimé frères et soeurs,
Très chers paroissiens,

La période de Noël est attendu par nos contemporains. Pour eux, la famille est mise à l’honneur durant cette période. Nos vies nous obligent à un éloignement, c’est donc avec plaisir que nous nous retrouvons. Et puis, il y a la magie de Noël : les lumières qui apportent un peu de joie dans la grisailles de l’hiver. Les cadeaux, qui, quoiqu’on en dise, font toujours plaisir car ils signifient tout l’amour que nous portons à ceux qui nous entourent. La joie des retrouvailles nous fait bien souvent oublier le sens originel de Noël. Certes, nous gardons le souvenir du bébé Jésus, de Marie et de la crèche. Quelques cantiques peuvent éventuellement raviver des souvenirs. Pour nos contemporains, souvent éloignés des pratiques religieuses, Noël c’est l’ambiance réconfortante des retrouvailles familiales et un certain goût de l’enfance passée.

Pour le chrétien pratiquant, le doute est levé. Noël, c’est la naissance de Jésus. Fête de l’incarnation, Noël n’est-ce pas la lumière de Dieu qui vient éclairer l’humanité. Noël brille par l’espérance qu’apporte Dieu au monde. L’enfant Jésus incarne la joie de l’alliance entre Dieu et ses créatures.

Et voilà, qu’en ce jour de Noël, les lectures bibliques nous invitent à méditer ce cantique de Siméon. Et lorsque nous prêtons attention à ce cantique, nous ne découvrons aucune trace de ce que nous pourrions appeler le « folklore de Noël ». Rien n’est mentionné concernant la naissance miraculeuse, l’âne et le boeuf, les bergers ou les mages. En ce jour de Noël, le cantique nous dit 3 choses :

  • Que le serviteur qu’est Siméon peut s’en aller ;
  • Qu’il a vu le salut ;
  • Et qu’une lumière éclaire le monde entier pour la gloire d’Israël.

En se dépouillant d’un certain folklore, et ne voyez pas dans ce mot une quelconque ingratitude de ma part, le texte biblique veut probablement aller au coeur du message de Noël pour nous dire quelle est la signification profonde de Noël. Qu’est-ce que Noël signifie, au-delà du joli décor de l’enfant-roi dans la crèche ? Et en quoi, la signification de Noël peut rejoindre les préoccupations de nos contemporains, si éloignés des pratiques religieuses ?

La 1ère signification profonde que nous trouvons dans la naissance de Jésus est le fait que Siméon témoigne avoir « vu le salut ». Noël, c’est une nouvelle manière de voir. Et d’abord, de voir Dieu. Personne ne peut voir Dieu. Par définition Dieu est invisible. Or pour se rendre plus proche des hommes. Pour mieux venir à leur rencontre, Dieu décide de prendre corps dans un enfant. Nous sommes là au centre de notre croyance en l’incarnation. Le Dieu invisible et tout puissant décide de se rendre visible. Mais Dieu ne se rend pas visible de n’importe quelle manière. Dieu décide de se rendre visible à travers un bébé. Oui un bébé ! Ce qui veut dire qu’à chaque fois que nous regardons un bébé, nous contemplons Dieu. Certes tous les bébés ne sont pas Dieu. Mais tous les bébés disent quelque chose de Dieu. Ils disent la fragilité qui n’attend que la tendresse pour vivre.

Car un bébé, c’est un être fragile. Il n’a que nos bras, notre attention, notre tendresse pour vivre. Métaphoriquement, cela veut dire que chaque être humain est un être fragile qui a besoin d’attention et de tendresse pour vivre. Et qu’à chaque fois que de l’attention et de la tendresse sont offertes, Dieu est présent dans cette relation pleine de délicatesse.

Noël, c’est donc Dieu qui se rend visible à travers chaque relation remplie d’attention et de tendresse, que 2 êtres humains tissent ensemble.

Là où le cantique de Siméon rejoint nos contemporains éloignés de toutes pratiques religieuses, c’est que Dieu se rend visible dans chaque relation de tendresse. Point besoin de plonger dans le folklore de Noël avec Jésus, Marie, Joseph et la crèche pour voir Dieu. Il suffit de regarder, de ce regard neuf et toujours actuel, chaque relation de tendresse, chaque geste plein d’attention, pour voir s’incarner devant nous la présence de ce Dieu d’amour.

Et là, comme Siméon, nous pouvons déclarer « avoir vu le salut ». Car qu’est-ce que le salut sinon vivre d’une relation pleine d’amour, de tendresse et d’attention.

La 2ème signification qui nous est donné par Noël est « cette lumière qui éclaire le monde. » Le thème de la lumière est largement utilisé par la Bible comme symbole d’espérance. Nos vies sont souvent marqués par des moments où tout devient confus. Des problèmes noircissent notre existence : problème lié au travail, souci au sein des familles, ennui de santé. La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Bien souvent, nous associons psychologiquement ces problèmes, inhérent à toute vie, à l’obscurité ou la noirceur. Cela doit probablement rejoindre nos peurs les plus enfouis en nous !

Dans ces moment-là, où nos vies intérieures se couvrent de noir et de gris, il nous faut trouver une espérance. Et l’espérance s’apparente souvent à la lumière. La parole de Dieu fait en tout cas l’association de ces 2 notions de l’espérance et de la lumière. Cette lumière qui brille dans la nuit. Cette espérance qui pointe au matin. Dieu, par amour pour notre humanité, a bien compris que notre existence n’est pas possible sans la présence de l’espérance. Nous ne pouvons pas supporter le poids des ennuis, sans espérer des jours meilleurs.

C’est pour cela que Dieu a réitérer son alliance d’amour à travers le corps d’un bébé. Car le bébé, en soi, signifie l’espérance. Il rappelle au monde des adultes bouleversés par le poids des ennuis, que l’espérance est au milieu d’eux, auprès d’une mère qui est tout sourire pour l’ange qu’elle porte dans ses bras.

L’espérance, c’est le futur d’un jour meilleur qui s’invite dans le présent oppressant. L’espérance, c’est un Dieu d’amour qui prend le visage de l’enfant Jésus. L’espérance, c’est Dieu qui nous rejoint dans nos vies bouleversées. Noël, c’est la fête de l’espérance. C’est la lumière qui éclaire le monde. Nous sommes convaincus qu’aborder Noël en terme d’espérance peut parler à nos contemporains qui se meuvent dans la nuit d’un éternel présent.

Enfin, et c’est la 3ème signification de Noël tel que Siméon l’a vécu, le « serviteur peut partir en paix ». Certaine traduction écrive que le « serviteur peut mourir » dans la paix. L’idée est d’opposer la naissance et la mort. Le serviteur a trouvé un sens à sa vie en contemplant l’oeuvre de Dieu en Jésus. Placer Jésus dans sa vie non seulement cela donne du sens à sa vie, mais en plus cela nous ouvre des possibles. Possibilités qui nous sont offertes au-delà de la mort. Car le Prince de la vie brise tous les enfermements y compris celui de la mort. L’amour est plus fort que tout.

Si nous comprenons le choix de traduire « apoluoo » par mourir, il n’en demeure pas moins que la traduction est exagérer. En effet, ce verbe désigne le fait de s’en aller, de renvoyer, de libérer. Certes, nous utilisons souvent la métaphore de s’en aller pour mourir : il s’en est aller en paix. Mais le sens 1er de s’en aller, c’est partir. La venue du messie sur terre permet aux esclaves (doulos en grec) de s’en aller, de partir, d’être libérer. Et vous voyez que cela prend un autre sens. Recevoir le Dieu de Jésus Christ, ce Dieu d’amour dans sa vie, permet à tout être humain de vivre une libération. Recevoir le Dieu de Jésus Christ dans sa vie, c’est être libérer de tous les déterminismes, de toutes les contraintes, de tous les soucis. C’est découvrir un Dieu qui est proche de nous, aimant et qui nous ouvre à cette paix du coeur. La paix comprise comme plénitude et repos de l’âme. Voilà que s’incarne en nous la véritable libération : la paix du coeur.

Cette 3ème bonne nouvelle de Noël est probablement celle qui peut avoir le plus de résonance parmi nos contemporains. Combien sont-ils à rechercher cette libération tant ils sont enfermés dans leurs soucis de tous les jours qui finissent par obscurcir la joie de leur vie ? N’est-ce pas ce message là de Noël que nous devons annoncer au monde ?

Enfin en guise de conclusion, nous ne résistons pas à vous révéler la pointe d’humour qui réside dans ce cantique de Siméon. En hébreu, Siméon (SHIMON comme Shimon Pérès) signifie celui qui a entendu. Or que fait Siméon, il voit le salut. Il y a une inversion dans le texte. Ce n’est pas un hasard nous semble-t-il. Car à Noël la Parole d’amour qui touche nos oreilles se laisse voir dans le corps de l’enfant Jésus.

Comme l’amour de Dieu se laisse apercevoir dans toutes relations de tendresse et d’amour.

Comme l’espérance de Dieu est cette lumière qui éclaire l’obscurité de nos soucis et difficultés du moment.

Comme le salut de Dieu réside en cette libération intérieure qui nous apporte la paix du coeur, la plénitude et la joie.

Oui que la lumière de Noël rayonne dans vos coeurs, et que la Parole de Dieu s’incarne dans tous vos gestes d’amour et de tendresse.

Ainsi vous témoignerez que l’enfant Jésus est bien né dans la crèche le soir de Noël.

Amen.

Pasteur Olivier PUTZ

Samedi 25 décembre 2021, Rennes

Contact