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L’une est historienne, l’autre économiste. La première a étudié la pauvreté dans l’Europe des Lumières, où elle apparaît à la fois comme une question sociale, un problème moral et un enjeu politique ; elle s’est intéressée autant aux histoires de vie des pauvres qu’aux mesures imaginées à leur endroit par les élites ; elle a montré enfin les similitudes entre certaines de ces mesures et celles qui inspirent aujourd’hui les politiques publiques.

Dans le monde humain, domination sociale et inégalités écologiques apparaissent partout enchevêtrées. Les groupes sociaux les moins responsables des destructions environnementales sont les plus exposés aux pollutions, à la privation de l’accès aux ressources vitales et à l’exil.

L’humiliation est le cœur sombre de nos sociétés, dont elle aggrave la violence et l’injustice. Nous le voyons dans nos vies ordinaires autant que dans nos institutions communes.

Pourquoi accorder un privilège à l’expérience de l’injustice dans la réflexion philosophique sur la justice ?

Les nouvelles formes de justice, restaurative comme transitionnelle, ont cette particularité commune de mettre la victime au centre, et non plus l’accusé comme le fait la justice pénale.

Les théories de la justice qui ont été au cœur des débats philosophiques à la fin du 20ème siècle sont âprement critiquées pour leur caractère abstrait, tellement détaché des conditions réelles de nos sociétés qu’elles apparaissent inutiles, voire contre-productives, pour qui y chercherait une feuille de route afin de lutter contre les inégalités et les effets de domination.

Paul Ricœur a souligné le rôle de l’indignation dans la genèse du sentiment éthique chez le jeune enfant. Mais il a également rappelé que l’indignation a des limites. Ainsi lorsque l’indigné s’enferme dans sa plainte ou quand, plus gravement, il s’abandonne à la haine et au ressentiment.

Créer de nouvelles formes sensibles qui rendent compte de l’irréparable : telle est sans doute la responsabilité qu’impose aux artistes le temps qui est le nôtre, celui de l’« après Auschwitz ».

Création théâtrale. D'après "Le Pas d’Isis" de Jeanne BENAMEUR. Une Mise en scène de Massimo DEAN. Dans une longue marche vers un demain, chacun pose un geste qui dit «Je suis là, j’existe».