Prédication réalisée à partir du livre de la Genèse chapitre 15 versets 1 à 6, chapitre 21 versets 1 à 3, livre de Malachie chapitre 3 versets 13 à 24 et de l’Évangile de Luc chapitre 2 versets 22 à 40.
Les fêtes de fin d’année sont souvent une source de réjouissance avec les vacances, la veillée de Noël, les cadeaux, les retrouvailles en famille.
Il faut parfois jongler entre la famille de l’un et celle de l’autre.
Mais cet exercice peut également être une source de stress que ce soit sur les quantités de nourriture à préparer, le fait de changer son rythme de vie, de laisser entrer ses enfants et leurs valeurs ajoutées au sein de son cocon familial ou d’accepter de leur laisser de la place même si on a prévu que les choses se passent différemment.
Accepter les divergences politiques et les petites sorties « limites » des uns et des autres.
Chaque année, je me demande si tout va bien se passer.
Sur le papier, comme pour Sara, la famille est une joie, mais la réalité est parfois plus subtile et nuancée.
Pour la suite du séjour on inverse et il faut s’adapter alors à un autre rythme et à d’autres habitudes, accepter d’organiser la journée au rythme des enfants, des activités des uns et des autres : siestes, activités sportives, musicales ou professionnelles.
Pour finir, chacun est bien content de rentrer chez lui après avoir fait le plein de gâteaux et autres festins gargantuesques avant la reprise.
Cependant, cette vie familiale est importante pour Abram et il regrette d’avoir passé sa vie sans enfant.
Il interpelle le Seigneur en lui disant que sa promesse lui semble « un peu compliquée » étant données les circonstances.
En effet, il est vieux et sa femme elle aussi est âgée. Il doute fortement que la descendance nombreuse promise par Dieu soit possible et il envisage dès à présent de transmettre son héritage à Eliézer de Damas son serviteur.
À l’époque, un couple sans enfant peut, en effet, désigner un enfant adopté ou sa fille comme héritier ou héritière.
Mais le Seigneur le rassure et réitère sa promesse en lui disant que c’est bien un fils biologique qui sera son héritier.
Il lui précise aussi que sa descendance sera aussi nombreuse que les innombrables étoiles dans le ciel.
Le texte du jour nous parle du mélange intime entre foi et confiance dans notre relation à Dieu en prenant pour exemple l’alliance entre Abram, Sara et Dieu.
Foi et confiance
Dans notre texte, Abram décide d’entendre la promesse réitérée par Dieu et de faire confiance.
Cette réaction d’Abram est celle de la foi.
Il fait confiance à la parole de Dieu et croit en sa réalisation même si d’un point de vue humain, avoir une descendance à cet âge avancé semble improbable.
Le verset souligne que la foi d’Abram lui a été comptée comme justice devant Dieu.
Cela signifie que la relation d’Abram avec Dieu n’est pas basée sur ses propres mérites ou ses propres œuvres ou actions sur terre, mais sur sa foi seule en Dieu et sa confiance en ses promesses.
La justification par la foi énoncée ici une première fois dans le livre de la Genèse deviendra un thème central notamment dans le Nouveau Testament et dans les lettres de Paul.
Cela veut dire que, étant tous pêcheurs, la justice de Dieu n’est atteignable que par la foi en son fils Jésus-Christ et le salut nous est offert par la grâce de Dieu.
Âge avancé
Ce texte met également en perspective la différence entre le temps des Hommes et le temps de Dieu.
Abram se sent âgé et se voit proche de la fin de sa vie. La genèse nous rapporte qu’il a 99 ans, ce qui correspond à bien plus que l’espérance de vie de l’époque.
Néanmoins cela n’affecte en aucun cas la capacité de Dieu à œuvrer dans sa vie.
Sa descendance aussi nombreuse que les étoiles au ciel, s’inscrit dans le temps de Dieu qui s’étend à l’infini, pour l’éternité. En effet une descendance ne fait que croître et multiplier.
De la même manière qu’Abraham, Siméon et Anne ont pu voir Jésus et reconnaître en lui le Messie de Dieu à un âge avancé.
Siméon avant sa mort, et Anne âgée de 84 ans.
Abram, par la foi, deviendra Abraham, le père des nations suite à son alliance de confiance avec Dieu.
La situation apporte de la joie à Sara qui voit l’événement comme une source de réjouissance. Abraham appelle leur fils Isaac ce qui veut dire « rires ».
La famille est pour Abraham une source de joie, elle s’inscrit dans le temps de Dieu et dans son éternité. C’est suffisamment important pour Abram, pour qu’il accepte de remettre sa confiance en Dieu.
(Silence)
Dans l’oracle de Malachie adressé au peuple d’Israël au chapitre 3 verset 15 on peut entendre : Pourtant, « Ceux qui font le mal prospèrent : tout en mettant Dieu au défi ils s’en sortent indemnes. »
Faut-il suivre l’exemple d’Abraham ? À quoi bon la foi si les méchants prospèrent et que le mal se répand ?
Comment Abram peut-il confier ainsi sa vie à Dieu alors que cela semble vain surtout aussi tardivement dans sa vie ?
Mais Dieu reconnaît sa confiance et se met à œuvrer pour lui.
Ce que Dieu nous demande ce n’est pas de chercher à être le meilleur sur terre, mais à nouer une relation avec lui ainsi qu’une relation de fraternité les uns avec les autres, non pas basée sur la compétition mais basée sur l’amour et le partage.
Dieu voit notre attachement à lui et notre difficulté à vivre selon sa parole, il voit également notre persévérance en vue de la fin de l’histoire : Son Royaume.
Nos actions quotidiennes lui importent peu. Il se soucie peu de nos œuvres et sait que nous sommes pêcheurs.
Notre foi seule peut nous sauver en trouvant justice à ses yeux.
Nous devons accepter de mettre notre confiance en lui, de nous mettre à son service non pas pour briller en société mais pour être juste à ses yeux et recevoir sa grâce.
Recevoir le salut par la grâce par le moyen de la foi.
La promesse que Dieu nous fait par l’intermédiaire d’Abraham c’est d’agir dans notre vie pour peu que nous ayons foi en lui.
En respectant la loi de Moïse et les préceptes de Jésus nous pouvons vivre une vie juste, une vie où la grâce abonde et où le mal recule.
Ne perdons pas trop de temps à examiner les actions et pêchés des autres, ils verront ça eux même en tête à tête avec Dieu.
En revanche, assurons-nous à notre échelle de vivre une vie en plénitude, acceptons de reconnaître les grâces que notre vie en relation avec Dieu nous apportent lorsque nous l’acceptons.
(Silence)
En mettant en perspective les textes du jour, on y retrouve le socle de la réforme protestante.
Sola Scriptura :
L’écriture seule : La Bible et la lecture des textes bibliques nous ouvre le chemin pour entrer en relation avec Dieu.
C’est l’autorité suprême en matière de foi chrétienne et de pratique.
Sola Fides :
La foi seule : La foi en Dieu et la confiance que nous nourrissons, dans notre relation à lui et aux autres, nous rendent justes aux yeux de Dieu.
Sola Gracia :
La grâce seule : Dieu nous donne sa grâce tout au long de notre vie et notre salut à travers la foi. La grâce ne se gagne pas à travers nos actions ou nos œuvres.
(Silence)
Dans le texte de Luc, Dieu avait promis à Siméon qu’il ne mourrait pas avant d’avoir rencontré le Christ.
Anne, la prophétesse, quant-à-elle, après avoir rencontré Jésus ne parle plus que de lui car c’est la nouvelle la plus importante de sa vie et : Le monde doit savoir !
En effet, la naissance de Jésus, le Christ, le Messie du Seigneur est importante car dans cette relation que Dieu tisse avec nous, il nous a envoyé un médiateur, son fils.
Solus Christus :
Christ seul. Le Messie du Seigneur, vient à notre rencontre pour notre salut. Nous croyons que Jésus, le Christ est mort sur la croix pour offrir le pardon des péchés à tous ceux qui croient en lui. Son sacrifice a une portée universelle, et il a le pouvoir de racheter et de réconcilier l’humanité avec Dieu. Par sa mort sur la croix, Jésus nous réconcilie avec Dieu suite à notre séparation causée par le péché.
C’est pour cela que Siméon et Anne se réjouissent d’avoir la chance de le rencontrer.
Ce petit bébé qui est venu au monde pour sauver l’humanité.
(Silence)
Inscrivons-nous dans le temps de Dieu, le temps long de la vie éternelle et non dans le temps des hommes, une vie courte et précipitée où chacun cherche à réussir au détriment des autres.
Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice et toutes choses vous seront données en plus. À Dieu seul, la Gloire, Alléluia !
Amen.
Rémy HUBSCHER,
A Rennes, le dimanche 31 décembre 2023