Prédication réalisée d’après la lecture biblique : Romains chapitre 5 versets 1 à 11.
Bien aimé frères et soeurs,
Très chers paroissiens,
Nous venons d’entendre un texte biblique dont la compréhension n’est pas très facile. L’apôtre Paul nous dit que nous sommes justifiés par la foi, que la foi nous donne accès à la grâce et que Jésus Christ est au milieu de tout cela. Nous reconnaissons que cette théologie est bien compliqué. Elle demeure pourtant au coeur de la compréhension chrétienne, particulièrement la foi protestante.
Alors reprenons tout cela. Paul aborde le sujet de « l’économie du salut ». L’économie repose sur la base de l’échange. Quelqu’un offre quelque chose à quelqu’un d’autre. Ici les acteurs de l’échange sont Dieu et l’humanité. Le but de l’échange n’est autre que le salut. Le salut est compris comme ce processus qui libère les hommes ; qui leur apporte la paix, la persévérance, l’espérance.
Voilà ce qui se joue entre Dieu et les hommes : une relation qui libère notre humanité pour nous offrir la paix, la persévérance et l’espérance.
Poursuivons notre réflexion sur l’économie du salut. Comment s’effectue cet échange entre Dieu et les hommes. Traditionnellement, l’humanité a abordé l’économie du salut à travers la notion du sacrifice. Les hommes, dans toutes les religions du monde, polythéistes ou monothéistes, ont pratiqué des sacrifices pour s’acheter la bienveillance ou la clémence de Dieu. Les sacrifices étaient parfois humains, souvent animaux. Les romains dans leur conflit avec Carthage, découvrent avec horreur que leurs ennemis offrent leurs fils aînés en sacrifice pour s’acheter les bonnes grâces de Moloch, dieu phénicien. Nous retrouvons une trace de ce sacrifice humain du fils aîné à travers le récit où Abraham part pour sacrifier Isaac sur le mont Moriah au châpitre 22 de la Genèse. La logique sacrificielle est la suivante : j’offre quelque chose d’important et qui me coûte cher à la divinité pour obtenir des faveurs de sa part.
Vous avez bien écouté le texte. Est-ce que l’apôtre Paul parle de sacrifice humain ? Évoque-t-il même le fait que nous devions nous sacrifier ou exiger que quelqu’un se sacrifie ? Non, pour Paul, à aucun moment l’homme doit se sacrifier ! La relation tissée avec Dieu ne repose pas sur notre sacrifice, mais sur le sacrifice de Dieu. C’est Dieu, à travers Jésus Christ reconnu comme le fils de Dieu et donc Dieu lui-même qui se sacrifie pour nous, à savoir pour l’humanité. Il y a ce que les théologiens nomment l’inversion des absolus. Ce n’est plus l’homme qui se sacrifie pour Dieu, c’est Dieu qui se sacrifie pour nous.
Alors que devons-nous faire dans cette relation ? Eh bien rien ! Ou plutôt, il nous faut « juste croire » comme le dit l’apôtre, juste croire que cela est vrai pour nous. C’est dans ce sens là que nous parlons de justification. Nous avons été rendus juste par Dieu. Aucune action ou intention de la part des hommes, ne peuvent nous rapprocher de Dieu, c’est Dieu qui accepte pleinement de nous rejoindre dans toute l’ampleur de notre humanité. Y compris notre humanité souffrante et bafouée par les épreuves. Nous pourrions même dire jusque dans les affres profondes de notre humanité que sont la solitude, l’abandon, la souffrance et la mort. Dieu nous rejoint dans notre humanité souffrante pour nous relever, nous élever, nous libérer. Nous apporter le salut !
Voilà cette autre économie du salut que Dieu tisse avec nous. Dieu inverse la logique : ce ne sont plus les hommes qui doivent faire (jusqu’au sacrifice) pour consentir les faveurs de Dieu. C’est Dieu qui se donne dans toute l’absolu de son être, pour nous témoigner de son amour en nous réconciliant avec Lui.
Une remarque peut vous venir à l’esprit : c’est bien beau toute ta théologie, l’économie du salut, l’inversion des absolus… Mais dans ma vie, cela rime à quoi ?
L’apôtre Paul l’évoque, cette actualisation dans nos vies dans les versets 3 à 6. Précisément lorsqu’il nous parle des afflictions et des épreuves. Il peut arriver que nos vies soient marquées par des moments de souffrances. Peu importe la nature ou la cause de cette souffrance. Il s’avère que nous pouvons, à certains moments, avoir mal. Mal dans son corps, dans sa tête, dans son être.
Et parce que le Christ, c’est-à-dire Dieu lui-même, a vécu ce mal dans toute ses acceptions, Dieu ne nous abandonne pas. Dieu devient présent. Dieu se donne et continue de se donner à nous dans une relation de confiance. Nous faisons confiance à Dieu qui ne nous abandonne pas. Cette relation de confiance dans la souffrance nous ouvre une espérance. Et nous permet de vivre dans la persévérance. Parce que Dieu chemine avec moi dans mes tourments, le nuit de l’existence n’est jamais complète. Il y a une lumière qui brille. Il y a comme un joyeux échange où Dieu, qui a vécu en Christ la tourmente, nous offre sa résurrection pour tenir malgré la souffrance.
Vous découvrez comment cette inversion des absolus dans l’économie du salut a des conséquences directes, existentielles dans chaque croyant. Chaque personne qui ouvre son coeur à la grâce de Dieu découvre ces cadeaux que sont :
- la présence de Dieu dans sa vie sous la forme d’une réconciliation là où sévissait la division, cette paix du coeur.
- La confiance malgré l’épreuve
- L’espérance qui permet au croyant de persévérer bien que tout semble perdu.
Pour recevoir ce cadeau nous n’avons rien à faire : juste accueillir Dieu dans nos vies. Avoir confiance en la promesse que Dieu nous fait. Nous mettre sous le règne ou l’autorité de Dieu. Nous laisser transformer par son Esprit.
Etes-vous prêt à recevoir le cadeau que Dieu vous fait ? Etes-vous prêt à faire confiance en la grâce de Dieu ? Etes-vous prêt à accepter que Christ est mort pour vous relever et vous réconcilier de tout ce qui vous divise ? Si vous êtes prêt, inclinez-vous dans la prière.
Prions, Seigneur, Jésus Christ, toi qui est mort pour chacun de nous, nous admettons qu’il y a bien des choses que nous ne comprenons pas, que les mots sont compliqués. Oui le salut, la grâce, la justification peuvent nous échapper. Mais ce dont nous sommes sûr et certain, c’est que toi Seigneur, tu t’es approché de nous. Tu nous fais confiance et tu nous aimes. Et tu nous as fait la promesse de ne jamais nous abandonner, même et surtout dans les moments d’épreuves. Tu t’es fait proche de nous pour nous réconcilier et nous apporter la paix. Pour cela Seigneur Jésus Christ, sois béni. Amen.
Pasteur Olivier PUTZ
Dimanche 12 juin 2022, Rennes