Dans ce passage de l’Évangile de Marc, en suivant Jésus, nous rencontrons deux femmes. Deux femmes qui sont des…mort-vivantes !
La première est morte, mais elle est vivante ; la seconde est vivante, mais elle est morte…
Alors, entrons dans le texte !
La première, c’est la fille de Jaïrus.
Voilà un père qui aime sa fille malade: il a sans doute entendu parler de ce Jésus qui guérit des malades alors il va à sa rencontre.
Certainement que, quand tout allait bien, il ne se préoccupait pas de Jésus.
Il était chef de la synagogue, sa religion lui suffisait.
Mais là, dans cette situation dramatique, il cherche un secours, une aide.
Le seul espoir de guérison pour sa fille, devient Jésus.
Alors il oublie son rang, sa position de chef de la synagogue et va se jeter aux pieds de Jésus. Lui, le chef honoré de la synagogue, voilà qu’il se jette aux pieds de quelqu’un d’autre. Dégradant, déshonorant, folie que ce geste…
Jésus n’était en général pas tellement bien vu par les responsables religieux de l’époque. Mais ce chef de synagogue s’en fiche. Peu importe ce que les autres pensent, ou diront, peu importe son rang et sa position, il se jette aux pieds de Jésus par amour pour sa fille, et parce que sa fille est en danger de mort, il est prêt à faire ce qu’il n’aurait peut-être jamais fait.
Il est prêt à s’abaisser, à oublier son honneur, peut-être son orgueil.
Mais… Il n’a pas encore totalement appris à faire confiance en Jésus.
Il dit à Jésus: «Ma petite fille est mourante, viens, impose-lui les mains, afin qu’elle soit sauvée et qu’elle vive.»
Il demande à Jésus de sauver sa fille, ça c’est super ! … Mais il lui indique comment faire: «Impose-lui les mains. Afin qu’elle soit sauvée et qu’elle vive.»
L’homme indique à Jésus comment il doit sauver, guérir, et agir…
Un peu comme nous quand nous voudrions que Dieu fasse ce qu’on veut et non pas sa volonté… !
Malgré cela, malgré ce défaut qui consiste à dire à Jésus ce qu’il doit faire (nous ne le faisons jamais, bien sûr!!), Il va ressusciter la fille, mais il va aussi lui apprendre quelque chose au père.
Il va lui apprendre à lui faire vraiment confiance, indépendamment des circonstances et des raisonnements humains.
Donc Jésus se met en route, et voilà notre deuxième femme qui intervient !! Une femme atteinte de perte de sang depuis 12 ans. Et que se passe-t-il ?
Cette femme touche par derrière le vêtement de Jésus, et est guérie.
Cette femme, qui comme le chef de la synagogue, lorsque Jésus demande, qui a touché mes vêtements, se jette toute tremblante à ses pieds, et lui dit toute la vérité.
Les disciples, comme d’habitude, n’ont pas compris.
Lorsque Jésus pose la question, « qui a touché mes vêtements », ils répondent «Tu vois la foule qui te presse, et tu dis, qui m’a touché? » Autrement dit, «il y a tellement de monde, tu ne la trouveras pas ».
Les disciples ont leurs raisonnements, «trop de monde, impossible à Jésus se retrouver la personne qui l’a touché ».
Et Jésus va encore leur apprendre quelque chose, à ces braves disciples qui ont pourtant vu Jésus chasser des démons, apaiser la tempête, guérir beaucoup de monde.
Il ne leur fait même pas de reproches, il regarde simplement autour de lui.
Et c’est la femme elle-même qui se jette aux pieds de Jésus, et lui dit toute la vérité.
La femme se sent coupable d’avoir touché les vêtements de Jésus par derrière, comme en cachette, sans le voir face à face.
Et c’est vrai que par rapport aux lois du judaïsme, elle est en faute : atteinte d’une perte de sang, elle est impure et rend impurs ceux avec qui elle a un contact physique.
Mais Jésus la rassure, lui parle : ma fille, ta foi t’a sauvée; va en paix, et sois guérie de ton mal…
Jésus veut aussi lui apprendre quelque chose : dans son royaume, il n’y plus ni homme ni femme, plus de différence, elle n’est pas indigne de rencontrer le fils de Dieu, de lui parler.
Mais revenons-en à la fille de Jaïrus.
Pendant ce temps, elle est décédée.
Pourquoi ? Pourquoi d’abord guérir cette femme malade depuis 12 ans et lui parler, quelques heures de plus ou de moins, qu’est-ce que cela change ?
Jésus aurait pu, il aurait dû selon notre raisonnement humain d’abord guérir la fille de Jaïrus, près de la mort, et ensuite cette femme.
Logique humaine, qui n’est et de loin pas toujours la logique de Dieu.
Dieu avait son plan : non seulement il voulait guérir cette femme et la fille de Jaïrus, mais il voulait aussi permettre aux personnes impliquées de faire un pas de foi, et d’apprendre quelque chose.
Amusant, d’ailleurs : Jésus est maintenant considéré comme impur, puisque la femme l’a touché…comment aller guérir quelqu’un quand on est impur ?
Voilà qu’après cette femme qui touche le vêtement de Jésus par derrière, et à
première vue lui fait perdre du temps, des gens qui annoncent au chef de la synagogue que sa fille est morte. Jaïrus s’est jeté aux pieds de Jésus, il a imploré la guérison pour sa fille, maintenant elle est morte, c’est trop tard, il faut s’arrêter là…
Eh bien avec Jésus, il n’est jamais trop tard.
Rien ni personne ne peut arrêter Jésus de faire un acte d’amour, et de glorifier son Père. Jésus ne tient pas compte de ces paroles.
Il les comprend, mais il ne se laisse pas décourager par elles.
Les paroles humaines, parfois, découragent, même quand elles ne sont pas mal intentionnées.
Et Jésus dit au chef de la synagogue : « Ne crains pas, crois seulement. » Difficile pour le chef de la synagogue.
Pourtant, la foi est une confiance absolue et inébranlable dans les paroles de Jésus…
C’est faire plus confiance aux paroles de Jésus qu’à toutes autres paroles, ou qu’à toutes autres choses, nos raisonnements, notre appréciation de la situation.
Humainement, pour la fille de Jaïrus, il n’y a plus d’espoir.
Mais Jésus lui dit: « Ne crains rien, crois seulement ».
Jésus entre dans la maison de Jaïrus, et dit:
Pourquoi faites-vous du bruit, et pourquoi pleurez-vous ?
L’enfant n’est pas morte, mais elle dort. Est-ce que Jésus a menti ?
Dans ce récit, il y a un miracle.
Mais je crois que le miracle a eu lieu, au moment où le chef de la synagogue
a fait confiance à ces paroles de Jésus : «Ne crains rien, crois seulement ».
Jaïrus avait demandé à Jésus d’imposer les mains à sa fille. Est-ce que Jésus l’a fait ? Non, il l’a saisie par la main, et lui a dit, lève-toi.
Ce n’est pas nécessaire de dire à Jésus comment il doit guérir, c’est même un manque de foi à mon avis, de confiance en sa souveraineté et sagesse d’action. Jésus guérit quand il veut où il veut.
Jésus, par ce miracle, montre que ses paroles sont plus fortes que la mort.
Il ne nie pas la mort, mais elle n’a plus la même signification.
En Jésus, la mort a perdu son aiguillon dira l’apôtre Paul.
La deuxième, la femme qui perdait son sang était vivante, mais déjà morte :
Morte relationnellement, spirituellement, non seulement elle souffrait dans sa chair, mais encore, considérée comme impure, elle était coupée des autres, interdite de vie normale, morte quoique vivante… enterrée dans son propre corps. Peut être pire que la mort…
« Ne crains rien, crois seulement » signifie qu’il ne faut pas craindre la mort.
Jésus a tout vaincu et si nous faisons confiance en ses paroles, nous n’avons plus besoin de craindre quoi que ce soit.
L’amour bannit la crainte.
Chaque fois que je crains quelque chose ou quelqu’un, c’est que je n’ai pas encore saisi pleinement l’amour de Dieu qui m’entoure, m’imbibe, me relève de toutes mes morts. Vraiment, c’est l’amour de Dieu qui chasse la crainte, dans la mesure où je fais confiance à cet amour.
Nous aussi nous sommes peut-être des mort-vivants : à partir du moment où
quelque chose nous empêche d’avancer, nous empêche d’aimer, nous empêche de faire confiance, nous sommes des mort-vivants…
Et ce n’est pas le projet de Dieu que nous soyons des zombies !!!
Alors, nous sommes appelés à marcher dans la direction de cet amour, apprendre à faire confiance dans les paroles de Dieu, de ce Dieu à qui aucune mort ne fait peur !
Ça suffit. « Crois seulement ». Nous n’avons plus besoin de craindre quoi que ce soit.
Nous ne perdrons peut-être pas toute crainte d’un moment à l’autre, mais nous ne devons plus nous laisser dominer, abattre par la crainte, la peur.
Lorsque la peur, la crainte s’immiscent en nous, nous pouvons nous rappeler cette parole de Jésus, « ne crains pas, crois seulement ». Elle est aussi pour nous. Et la répéter, et la redire, autant de fois qu’il faudra pour qu’elle imprègne notre esprit. «Ne crains pas, crois seulement.»
Amen !