Prédication du dimanche 15 septembre 2024

Pour sa première prédication en tant que Pasteure proposante missionnaire à Rennes, Claire OBERKAMPF s'est basée sur le chapitre 50 du Livre d’Ésaïe, versets 5 à 9 ainsi que sur le chapitre 8 de l’Évangile selon Marc, versets 27 à 35.

Livre d'Ésaïe, chapitre 50, versets 5 à 9

Le Seigneur Dieu m’ouvre l’oreille,
et je ne résiste pas, je ne recule pas.
Je présente mon dos
à ceux qui me frappent,
je tends les joues
à ceux qui m’arrachent la barbe.
Je ne protège pas mon visage
contre ceux qui m’insultent
et qui crachent sur moi.
Le Seigneur Dieu vient à mon secours,
c’est pourquoi leurs insultes ne me touchent pas.
Je rends mon visage dur comme pierre.
Je sais que je ne serai pas vaincu.
Le Seigneur est près de moi,
il me donnera raison.
Est-ce que quelqu’un veut me faire un procès ?
Allons ensemble au tribunal !
Est-ce que quelqu’un veut m’accuser ?
Qu’il s’avance vers moi !
Oui, le Seigneur Dieu vient à mon secours.
Qui peut alors me condamner ?
Extrait de la version Parole de Vie 2017

Évangile selon Marc, chapitre 8, versets 27 à 35

Jésus s’en alla avec ses disciples vers les villages voisins de Césarée de Philippe. En chemin, il interrogeait ses disciples : « Qui suis-je, au dire des hommes ? » Ils lui dirent : « Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, l’un des prophètes. » Et lui leur demandait : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Prenant la parole, Pierre lui répond : « Tu es le Christ. » Et il leur commanda sévèrement de ne parler de lui à personne. Puis il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit mis à mort et que, trois jours après, il ressuscite. Il tenait ouvertement ce langage. Pierre, le tirant à part, se mit à le réprimander. Mais lui, se retournant et voyant ses disciples, réprimanda Pierre ; il lui dit : « Retire-toi ! Derrière moi, Satan, car tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » Puis il fit venir la foule avec ses disciples et il leur dit : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive. En effet, qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile, la sauvera. »
Extrait de la version TOB 2010

Prédication

Nous voici ce matin en chemin avec Jésus et les disciples. Nous sommes au beau milieu du récit de l’Évangile selon Marc. Après avoir multiplié les pains et les poissons, redonné la vue à l’aveugle de Bethsaïda, Jésus prend le temps d’interroger ses disciples : « Qui suis-je au dire des hommes » ?

 

Question qui, dans un premier temps, n’est pas très engageante pour les disciples et qui est encore d’actualité. En effet aujourd’hui, tout le monde a un avis au sujet de l’identité de Jésus. Pour certains, il est un homme parmi d’autres, un simple personnage de l’histoire. Pour d’autres, c’est une sorte de prophète dont certaines paroles ne sont pas dénuées d’intérêt, au même titre que d’autres figures religieuses. Pour d’autres encore, c’est un sage, un philosophe. On peut aussi voir en lui un révolutionnaire, un chef de bande qui a mal fini ou encore un babacool aux cheveux longs et aux pieds nus, un marginal un peu perché… Certains diront qu’il n’a probablement pas existé et que même s’il avait existé, mis à part le calcul des années sur le calendrier, son passage sur terre ne change pas la face du monde. Souvent la réponse change ou évolue au fil du temps, selon la période de la vie que l’on traverse.

 

À l’époque de notre récit, il y avait une forte attente du Messie et l’on avait en tête les figures messianiques annoncées par les prophètes :  la figure du Roi David, ou celle de Cyrus le sauveur historique ou encore la figure du Fils de l’Homme dans le livre de Daniel qui apparait dans les nuées et dont la domination ne passera jamais…

À la première question de Jésus, les disciples rapportent trois réponses qui sont équivalentes : selon la foule, Jésus serait Jean le Baptiseur ou Élie. Bref, un prophète qui annonce la venue du Messie.

 

Puis vient la question beaucoup plus engageante pour les disciples, question qu’il nous pose à nouveau en ce dimanche 15 septembre 2024 :

 

Et vous, qui dites-vous que je suis ? Oui, pour toi, et pour toi, qui suis-je ?

 

Je vous propose maintenant, si vous vous le voulez bien, un petit temps de silence pour se poser chacun et chacune intérieurement cette question : Qui est Jésus pour moi ? Qui est-il aujourd’hui dans ma vie ?

(Silence)

Vous l’aurez compris, je ne peux pas vous donner LA réponse et il faudra sans doute plus du temps pour formuler la vôtre. En effet, en ce qui concerne la foi, nul ne peut répondre à la place d’un autre. L’Église non plus ne peut pas répondre à ma place, aussi belle soit sa confession de foi. Jésus s’adresse toujours à chacun, chacune, individuellement. Il attend de chacun et chacune une réponse personnelle, une réponse qui engage.

 

Pierre donne la sienne dans l’Évangile selon Marc : « Tu es le Christ ». Confession de foi fulgurante, courageuse, que l’on retrouve aussi dans l’Évangile selon Matthieu. Cependant les deux récits sont bien différents.

Chez Matthieu, après cette confession de foi, Jésus félicite Pierre en prononçant la fameuse phrase : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ». Chez Marc au contraire, Jésus s’empresse de dire aux disciples de se taire et va pour la toute première fois, annoncer sa Passion : « il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit mis à mort et que, trois jours après, il ressuscite. »

Pierre ne comprend pas, il ne peut pas comprendre. C’est insupportable pour lui et il réprimande son Maître, sûrement par amitié, pour lui éviter un destin si tragique. Jésus lance alors la parole la plus sévère de l’Évangile : « Arrière de moi, Satan ». Oui, vous avez bien entendu : Jésus traite Pierre de Satan.

Pourquoi me direz-vous ? Rappelons-nous que Satan dans les Évangiles selon Marc, Luc et Matthieu, est celui qui tente Jésus au désert. Par tous les moyens, il veut le convaincre de rayonner de sa gloire et de dominer le monde. Satan encourage Jésus à incarner la figure d’un Messie triomphant justement, surplombant. Sauf que ce n’est pas cette figure là que Jésus vient incarner. En annonçant son rejet, sa souffrance, sa Croix, sa mort, et sa résurrection, il assume une autre figure messianique, celle du serviteur souffrant qui est annoncée dans le Livre d’Ésaïe et dont nous avons lu un extrait tout à l’heure. Pierre se fait donc bien l’avocat du diable en essayant de contrer le projet de Dieu. Pierre, comme les autres, espère en un Messie fort et triomphant, pas dans un roi rejeté, torturé, défiguré et pendu sur une croix.

Comme je le comprends Pierre.

Pourquoi « fallait-il » qu’il souffre ? Pourquoi « fallait-il » qu’il traverse tout cela ?

Peut-être parce que ce sont sa mort et sa résurrection qui disent qui il est. C’est par sa souffrance puis sa victoire que Jésus nous révèle son identité et à travers lui, celle de Dieu.

Aussi fou que cela puisse paraitre, la bonne nouvelle réside justement là : notre Dieu, par Jésus Christ, est descendu au fond du fond, au plus profond de la souffrance et de la mort pour en ressortir Vivant. Il nous promet à nouveau ce matin de nous relever de toutes nos morts, quelles qu’elles soient.

 

Qui est Jésus pour toi ?

 

La réponse à cette question peut tout changer. Car si je crois que Jésus est vraiment le Christ, celui qui me relie au Père et qui révèle sa Parole, une Parole solide et sûre, alors cela peut changer la face du monde. Je peux lever la tête et traverser avec foi la grande aventure de la vie avec tout ce qu’elle contient de joie et de tristesse, d’opportunités et d’obstacles, de vie et de mort. Alors, la croix qu’il me demande de porter, ma croix, celle de mes blessures et mes galères devient plus légère. Je peux l’assumer comme mon bagage d’humanité. Je n’ai plus à me justifier devant quiconque car, lui, ce Messie souffrant et victorieux la porte avec moi. Je peux marcher en Ressuscitée ou Ressuscité.

Par la foi en ce Messie-là, j’ai l’assurance que l’angoisse, la souffrance ou la mort n’auront jamais le dernier mot. Ce Dieu-là te dis aujourd’hui qu’il est et sera toujours à tes côtés même au plus profond de tes abîmes et Il te promet d’en ressortir vivant avec toi.

 

Comment ?

 

Écoute, tends l’oreille : il se fait un jour ami, un jour enseignant, un jour frère, un jour confident… Et dans les jours les plus sombres de ta vie, ne crains pas, crois seulement : car il se tient là, à tes côtés sans jamais, jamais t’abandonner.

Amen.

 

Pasteure Claire OBERKAMPF

Rennes, dimanche 15 septembre 2024

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