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Prédication
Le texte ci-dessous n’est que la trame de la prédication du 13 juillet 2025. Ne tenez pas rigueur de la forme, je vous invite à méditer sur le fond.
Ce texte, nous le connaissons bien : il fait partie de ces classiques de la Bible. Il a d’ailleurs inspiré bien des auteurs, bien des réalisateurs.
L’histoire est simple. Un type va de Jérusalem à Jéricho ; il a le malheur de tomber sur des brigands qui l’agressent. Et voilà notre pauvre gars qui gît sur la route : un prêtre et un lévite passent. Hypocritement, ils se détournent et laissent l’homme dans son sang. Arrive un samaritain, un gars vraiment bien qui prend soin de lui jusqu’à le mettre en pension, à sa charge, dans une auberge au bonheur de l’hôtelier qui touche un bon salaire. Voilà le scénario de l’histoire qui défile dans notre tête comme une belle histoire… Vraiment, ce samaritain est un gars bien, un bon gars comme on aimerait en rencontrer tous les jours.
Ah, oui ! Il est aussi important de dire que Jésus raconte cette histoire parce qu’un « spécialiste de la loi » lui demande comment hériter de la vie éternelle, plus simplement : comment assurer son avenir.
Jésus et son interlocuteur sont tous les deux d’accord pour dire qu’il suffit de respecter la volonté de Dieu : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence… Et tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Ils sont d’accord… Mais l’interlocuteur de Jésus, ce « spécialiste », a-t-il bien compris ?
Et, du coup, nous, avons-nous bien compris ?
Reprenons alors, si vous le voulez bien l’histoire de Jésus, qui a la volonté d’essayer de nous faire comprendre.
Je le répète : l’histoire est simple ! Alors attardons-nous sur les personnages.
Tout d’abord notre « pauvre » homme.
Quel imprudent : il s’aventure seul, sur un chemin difficile (Jérusalem-Jéricho ; 27 km… 1000m de dénivelé), désertique et réputé à l’époque comme infesté de brigands. Ce qui devait arriver arriva et il se retrouve incapable de toute initiative, totalement muet, complètement dépendant des autres quant à son avenir…
Ensuite, viennent les brigands.
Des sales types : Ils détroussent l’homme mais ne se contente pas de cela. Ils lui « cassent la figure », lui brise son avenir en le laissant pour presque mort… Au propre comme au figuré, ils sont de « briseurs » d’avenir.
C’est quand même terrible : il y a des jours, on se lève tout va bien… Et en un claquement de doigts tout s’écroule. La vie est vraiment si fragile ! Des « brigands » comme cela, qui brisent des vies, on en voit si souvent.
Mais arrivent un prêtre et un lévite. Ce sont des gens du temple, des gens de la Religion !
Ce sont des gens bien vous savez : scrupuleux, toujours à l’heure, propre sur eux et soucieux de la bonne pratique de la religion en faisant leurs ablutions tout comme il faut…
Être en contact avec le sang du malheureux, selon la Loi, cela les rendrait impurs et leur imposerait tout un rituel lourd et compliqué de purifications. Sûrement, ils auraient aimé aider l’homme… Mais franchement, ils ne pouvaient pas. D’ailleurs, vous avez remarqué que Jésus ne porte aucun jugement sur leur attitude. Passons, d’ailleurs ils sont déjà loin…
Arrive alors un samaritain…
Comment dire : pour les contemporains de Jésus comme les premiers auditeurs de la parabole, les samaritains sont des bâtards, des mécréants, des sales types, des êtres humains infréquentables. Les samaritains, ce sont des gens qu’on déteste, qu’on ne veut pas voir. C’est bien simple : le mot de « samaritain », c’est une injure…
On parle de la parabole du « bon » samaritain, mais à aucun moment de l’histoire, Jésus, l’auteur ou un autre personnage nous dit qu’il est « bon » …
Le texte dit simplement, qu’il s’arrête, qu’il prend du temps, qu’il soulage avec l’huile, désinfecte avec le vin (et oui, c’était comme ça à l’époque), le transporte et lui offre un avenir en lui permettant de séjourner dans l’hôtellerie.
Le dernier personnage, c’est justement l’hôtelier : pour lui, c’est tout bénef ! Les soins qu’il portera à l’homme sont bien payés. Deux deniers, c’est deux jours de bon salaire et ce n’est pas fini car le bienfaiteur va revenir… Il s’en frotte déjà les mains. Business is business. Des gens comme ça, on en rencontre tous les jours…
Alors, quand on pose la question : Lequel des personnages a été le prochain de celui qui était tombé aux mains des bandits ? Nous sommes tous bien d’accord sur le même…
Le texte nous dit que, le prochain, c’est celui qui a de la compassion, celui qui éprouve une émotion devant la peine, le malheur, la souffrance…
Remarquez que le « spécialiste » de la loi, évite presque contentieusement de dire que c’est le samaritain… Ça semble un peu dur de l’admettre.
Mais peu importent les jugements, Jésus ne s’arrête pas là.
« Va, et fait de même ! » lui dit-il. « Va et fais de même ! » nous dit-il.
L’important n’est pas ce qu’on est ou ce qu’on a été. L’important est le « va », c’est l’envoi que Jésus-Christ nous adresse.
Le Dieu de Jésus-Christ, c’est le Dieu du possible, de tous les possibles dans notre vie.
Le samaritain n’a pas seulement pris soin de l’homme blessé et humilié, il lui a donné un possible, un avenir au moment où la mort, stupide, s’apprêtait à tout arrêter.
C’est peut-être cela devenir un « prochain » ou reconnaître un « prochain » près de nous : Dans sa capacité à ouvrir un avenir, à ouvrir à une espérance, à offrir quelque chose qui pourrait ressembler à une vie en plénitude… Une vie éternelle.
A-t-il compris cela, le « spécialiste » de loi ?
Qu’il n’y a qu’une loi véritable, celle d’aimer, l’Agapé : cet amour plein d’attention, plein de reconnaissance, d’affection, de pardon et de possible. Un amour qui va au-delà de nos jugements, de nos faiblesses et de nos lâchetés pour nous inviter déjà maintenant à cette vie en plénitude, cette vie éternelle qui a déjà commencé en notre rencontre avec le Christ.
J’ai envie maintenant de vous poser une question : qui sont les prochains des personnes que le hasard (au passage, c’est le nom qu’Albert Einstein donnait à Dieu) met sur notre route ?
Nous sommes tous invités à l’être, comme nous sommes invités à être les prochains de ceux que Dieu place sur notre route.
Nous pouvons accueillir aussi celles et ceux qui sont nos prochains…
Le chrétien n’est que le relais de ce Dieu qui veut placer l’espérance au cœur de tout être humain.
Le chrétien croit, il espère car il sait que Dieu croit et espère en lui, en l’humanité.
C’est cette espérance que nous devons transmettre à celle ou celui qui nous croise, à Elina que nous avons baptisé la semaine dernière, à Maëline et Ewen dont la maman est décédée il y a deux semaines, à cet inconnu qui passera le seuil de ce Temple la semaine prochaine, dans un an dans dix ans… Aux autres, quels qu’ils soient. Amen.