Prédication
Chers frères et sœurs, j’ai décidé de méditer sur un passage qui m’a interpelé, voire ébranlé il y a peu.
Vous avez sans doute déjà ressenti cela. Vous lisez un passage 100 fois, et à la 101eme fois, il y a comme un déclic, soudain ; ce déclic qui vous permet de comprendre le passage différemment et avec souvent une portée spirituelle plus profonde que lors des précédentes lectures.
L’esprit Saint… Quel sujet !
Que de questions sut l’esprit saint !
Comment peut-on décrire l’esprit Saint ? À quel moment se manifeste-t-il ? Où le trouver ? Suis-je régulièrement traversé par l’esprit Saint ? Dois-je l’invoquer ? De multiple questions pour un élément invisible et impalpable…
L’Esprit qui donne le mot spiritualité. La spiritualité… Nous sommes sans doute unanimes à penser que notre monde est en manque criant de spiritualité.
Mais… Réfléchissons un peu… Est-ce que ce ne pourrait pas être un des objectifs de l’esprit saint ? Autrement dit permettre à notre prochain d’entendre la bonne parole, d’entendre le message d’espérance que nous livre les Évangiles au travers de l’esprit saint ?
Essayons de trouver des éléments d’explications sur cet esprit saint et notamment son sens… Pour Augustin d’Hippone, l’esprit saint est don de Dieu ; Il dit encore, l’esprit saint est l’hôte silencieux de notre âme. L’esprit Saint est l’hôte silencieux de notre âme…
L’expression est tellement belle ! Même si personnellement, elle ne m’arrange pas de prime abord… J’aurais préféré un esprit saint un peu plus bavard. C’est tellement plus simple lorsque l’on vous dit clairement les choses… Mais si la foi était simple, nous ne pourrions pas en apprécier les fruits…
Mais comment se manifeste l’esprit saint ?
Est-ce que l’esprit saint se manifeste lorsque l’on redonne le sourire à un enfant que l’on a réconforté lorsqu’il a du chagrin ?
Est-ce que l’esprit c’est : sentir une douce brise qui nous rafraichit, nous réconforte lors d’une chaude journée d’été ?
Ou bien encore est-ce que l’esprit saint se manifeste dans l’accompagnement d’une sœur ou d’un frère dans la misère, la détresse ou la maladie ?
Je souhaite revenir avec vous sur les différentes formes de l’esprit Saint ou de l’esprit dans les écritures.
Premier sens, le plus connu : le vent, le souffle, Le souffle de Dieu, le souffle de vie. Donc un rapport à l’air, un élément libre et immatériel.
L’esprit peut se traduire par la flamme, notamment par l’esprit de vérité. Car l’esprit purificateur consume ce qui n’est pas Dieu. Qu’est ce qui n’est pas Dieu ? On dit que Dieu est amour, alors l’inverse de l’amour n’est pas Dieu ; nous pouvons le penser.
Chers frères et sœurs, arrêtons-nous un instant sur ce feu purificateur. Pourquoi nous purifier ? Et pourquoi utiliser le feu pour nous purifier ? L’eau est un élément beaucoup plus doux.
Est-ce peut-être parce que ce feu qui est source de destruction est en même temps une source de lumière ? Une double fonction du feu en somme. Poussons le raisonnement plus loin, cette lumière est-elle ce qui nous permet de voir dans l’obscurité, dans les ténèbres, tout en consumant les différentes distractions futiles de ce monde.
Cette lumière par ce feu purificateur est ce qui nous permet, d’après Thomas d’Aquin, d’obtenir les 7 dons de l’amour de Dieu que sont la sagesse (goûter la présence de Dieu, le don contemplatif), l’intelligence (pour explorer les mystères de Dieu), la science (reconnaître Dieu à l’œuvre dans la nature), la force (persévérance dans l’épreuve, dans une sorte de combat spirituel), le conseil (discernement spirituel), la piété (dans l’expérience de la paternité de Dieu) et la crainte (ce n’est pas la peur de Dieu mais le sens de sa grandeur qui nous invite à nous émerveiller de la grandeur de Dieu).
Voyez dans le feu purificateur, une allégorie au phénix. Allégorie couramment utilisé par les premiers Chrétiens d’ailleurs pour symboliser le Christ. Cette purification nous permet de laisser place à quelque chose de plus grand, qui nous permet d’être Dieu ou plutôt devrais-je dire pour être précis, que l’esprit de Dieu habite en nous.
L’esprit, plus précisément l’esprit de vérité nous permet de faire le tri sur nous-même, sur nos actes, sur nos paroles. Il nous permet si j’extrapole ma pensée de pointer nos erreurs qui ne sont pas Dieu.
Enfin l’esprit est aussi symbolisé par la colombe, qui est l’esprit d’amour. L’esprit qui apporte la paix. L’esprit saint est quelque chose qui réconforte, qui console.
Il nous est dit aucun pardon possible. C’est plutôt rare dans les écritures… On nous pousse souvent à pardonner jusqu’à 7 fois 77 fois ! Pourquoi ce refus du pardon ?
Blasphémer ce don, ce cadeau qui nous ai offert par Dieu, c’est se diriger vers les ténèbres. Refuser ce cadeau, le piétiner est à mon avis une négation de la confiance que Dieu a en nous. L’Évangile est une bonne nouvelle.
Dans le passage qui a été lu, on nous parle de fruit qui est bon donc l’arbre est bon et que l’arbre est mauvais lorsque le fruit est mauvais.
Je ne vous apprendrais rien en vous en disant que d’un point de vue agronomique, ce passage n’a pas de sens…. En effet, lorsqu’une plante est mauvaise, elle produit peu mais pas forcément mauvais ! De plus, on considère que l’arbre en lui-même est capable de produire de bon fruit seul alors qu’il est tellement dépendant de facteurs (maladies, sècheresse). De plus, une année, il peut produire du très bon fruit et l’année qui suit, un fruit de piètre qualité… Et bien entendu, il y a l’attention et le savoir-faire du cultivateur qui va également impacter la production.
Suis-je toujours dans une prédication ou dans un cours d’agronomie ?
Et si le cultivateur, c’était Dieu, propriétaire d’un immense verger avec autant de variétés que d’individus…
Les arbres, ce serait nous bien entendu. Certains me dirait, oui mais le fait de devenir un bon arbre ou mauvais arbre cela dépend des années ? Question pertinente… Ce que je peux affirmer c’est que la production d’un bon fruit n’a pas de caractère automatique chaque année. Et vous serez d’accord avec moi que les années de nos vies se suivent et ne se ressemblent pas.
Mais du coup, comment faire face à la sècheresse ? Comment satisfaire le cultivateur autrement dit Dieu ?
En produisant du bon fruit, mais du bon fruit d’un point de vue qualitatif, savoureux et nourrissant spirituellement parlant. On ne souhaite pas produire plein de fruit, en tout cas de mon point de vue, je ne le comprends pas comme cela. Mais du bon fruit, un fruit avec du goût !
Et l’esprit dans tout ça ?
J’aime l’idée que Dieu a planté de bonnes variétés dans son verger et que ce don de Dieu, je parle du don de l’esprit est l’engrais qui nous permet de croitre spirituellement et surtout nous permet d’affronter les sècheresses, les maladies nuisibles afin de produire du bon fruit. Cela veut dire également que cet engrais de l’esprit de Dieu est à notre portée et que c’est à nous de le valoriser, ce n’est pas automatique. Comment le valoriser ? Par la parole, le passage est on ne peut plus explicite. Il faut parler de ce bon fruit de l’esprit.
Ce fruit de l’esprit qui est, d’après l’apôtre Paul, amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi.
Je tiens à attirer votre attention sur le fait que le fruit de l’esprit donne l’amour. Le fruit de l’esprit permet de nourrir notre cœur. Comment le Seigneur pourrait-il nous pardonner de piétiner ou de blasphémer de si beaux fruits.
D’ailleurs qu’est-ce que blasphémer l’esprit ?
J’ai quelques hypothèses, très certainement incomplètes. Et aussi étrange que cela puisse paraitre, ces hypothèses raisonnent au plus profond de moi-même quand j’y réfléchis. Est-ce que je blasphème l’esprit lorsque je refuse de voir ma sœur ou mon frère qui a besoin d’aide ? Est-ce que je blasphème l’esprit lorsque je me dis, c’est trop difficile pour moi, je n’arriverais pas à effectuer ce travail ou cette tâche ?
Un commandement nous dit, tu aimeras ton prochain comme toi-même. J’ai très longtemps considéré que ce « comme toi-même » était naturel. Aujourd’hui je vous dirais que je ne suis plus aussi sûr… Après tout, ça ne parait pas incongru de se dire comment je peux aimer mon prochain si je ne m’aime pas… Dans mon entièreté, avec mes qualités et mes défauts. Et si je ne m’aime pas, comment puis-je considérer que l’esprit de Dieu habite en moi… Donc je n’aime pas l’esprit de Dieu qui habite en moi ?
En écrivant ces lignes, il y a un mot qui a raisonne…. La confiance… Le blasphème de l’esprit, est ce que ce ne serait pas se détourner de la confiance que Dieu a mis en nous. Autrement dit, se détourner de notre capacité à produire du fruit mais surtout du bon fruit.
Frères et sœurs, Dieu nous a offert un cadeau immense que ce don de l’esprit. Parfois, nous avons du mal à en mesurer les bienfaits réels, voire à mesurer le potentielles de production bons fruits sur notre vie quotidienne ; des vies quotidiennes bousculées par beaucoup de distractions. C’est pour cela qu’il faut nous apprendre à cultiver notre arbre afin de produire de bon fruit, même dans les moments de sècheresse, même dans les moments difficiles.
Amen.
Matthieu ROMAGNY
Rennes, dimanche 3 août 2025