PRÉDICATION : Dimanche 12 octobre 2025

Dimanche 12 octobre, c'est Denis PRIZÉ qui fut au commande. Pour concevoir sa prédication, il s'est appuyé sur le chapitre 4 du Livre de Michée.

Livre de Michée, Chapitre 4, versets 1 à 6

« Un jour, dans l’avenir, la montagne du temple du Seigneur sera sûrement la plus haute des montagnes, elle s’élèvera au-dessus des collines. Alors des peuples viendront vers elle. Beaucoup de gens d’autres pays se mettront en route. Ils diront : “Venez, montons à la montagne du Seigneur, au temple du Dieu de Jacob. Il nous enseignera ce qu’il veut de nous, et nous suivrons le chemin qu’il nous montre. En effet, l’enseignement du Seigneur vient de Sion. Oui, sa parole nous arrive de Jérusalem.” Il rendra son jugement entre des peuples nombreux, il sera un arbitre pour des peuples puissants et éloignés. Avec leurs épées, ils fabriqueront des socs de charrue, avec leurs lances, ils feront des faucilles. Un pays n’attaquera plus un autre pays, les hommes ne s’entraîneront plus pour la guerre. Chacun cultivera tranquillement sa vigne ou son figuier, et personne ne viendra le déranger. » Voilà ce que le Seigneur de l’univers affirme. Dans tous les autres peuples, chacun obéit à ses dieux. Nous, nous obéissons au Seigneur, notre Dieu pour toujours.
Le Seigneur déclare : « Ce jour-là, je rassemblerai les blessés, je regrouperai ceux qui sont en exil et ceux que j’ai traités durement. »

©︎ Pixabay / Alexandra_Koch

Prédication

La paix et la sécurité peuvent-elles venir sur cette terre ?

Pourquoi est-on légitimé à annoncer la paix ?

Que pouvons-nous faire, nous chrétiens protestants ?

 

La première question peut faire sourire ou hocher la tête. Elle ressemble trop à ces titres accrocheurs que telle ou telle secte imprime sur une brochure ou sur une affiche. Lisons le texte de Michée. Ce livre a été rédigé dans des circonstances dramatiques. À l’époque, ce qui correspond à Israël-Palestine était divisé en deux royaumes ; l’un, au nord qui disait rassembler dix des douze tribus issues de Jacob, on l’appelait le royaume d’Israël et les archéologues ont découvert qu’il connut une prospérité économique certaine, l’autre, au sud, autour de la tribu de Juda, beaucoup plus petit, s’appelait le royaume de Juda. Or ces deux royaumes étaient pris en tenaille entre deux puissances, l’Égypte et les Assyriens. Je ne suis pas là pour faire un cours de géopolitique, mais il faut bien comprendre qu’au moment où ce texte a été écrit : le royaume du nord, Israël a été rayé de la carte en 722 avant Jésus Christ et que le royaume du Sud ne survivra pas longtemps, Jérusalem à son tour sera prise et une partie de la population déportée en Babylonie. Michée a connu des circonstances qui rappellent avec des différences l’actuelle situation : des razzias ou attaques surprises comme ce qui s’est passé le 7 octobre 2023, des offensives massives comme ce qui s’est passé à Gaza. Destructions, viols, morts, déplacements de population. Après avoir évoqué les monceaux de ruine à Samarie et Jérusalem, un des auteurs du livre de Michée nous donne cette magnifique description qu’on retrouve mot à mot dans le Livre d’Ésaïe :

 

« De leurs épées, ils forgeront des socs de charrue

De leurs lances, des serpes

Une nation ne lèvera plus l’épée contre une autre,

On n’apprendra plus la guerre »

 

Michée n’annonce pas un simple armistice, un traité de paix, qui peut être rompu quelques années plus tard. Michée annonce une paix durable, une paix définitive, qui entraîne une réorganisation totale de l’économie, de l’utilisation des forces. Les armes sont transformées en instruments paisibles de production économique. La géopolitique est un ensemble de rapports bienveillants de pays qui sont des amis. L’éducation est tournée exclusivement vers la paix. « On n’apprendra plus la guerre ». Plus d’académie militaire, d’école de guerre ou de camps d’entrainement. Les soldats sont définitivement au chômage.

 

Michée ajoute : chacun sous son figuier jouira de la sécurité. La paix n’est pas que la suspension des guerres, c’est une vie humaine sans conflits, où les différents ne sont que des différences, où la diversité n’est jamais affrontement. Totale utopie à l’échelle humaine, évidemment. Et pourtant, cette annonce est certifiée par le Seigneur qui nous réunit ce matin, certifiée par notre Dieu, et pleinement vécue par Jésus Christ. L’Éternel, appelé ici dans ce contexte terrestre de guerre, le Dieu des Armées, engage paradoxalement sa promesse divine : la paix viendra.

 

Quand ? Michée utilise une expression fréquente dans l’Ancien Testament : « dans la suite des jours ». Comme si ce jour de paix définitive était précédé de beaucoup d’autres jours, ces jours où vit Michée de Moreschet, ces jours où nous vivons à Rennes en 2025. Des jours où la guerre et la violence sont là, mais des jours aussi, où germe et se développe la paix. Celui ou celle qui fait alliance ne peut être pessimiste à long terme, il est l’héritier et le porte-parole d’une promesse qui court de la Genèse à l’Apocalypse, la paix viendra. La paix est notre horizon.

 

Pourquoi est-on légitimé à annoncer la paix ?

 

Seuls, l’expérience humaine depuis la guerre du feu jusqu’à la guerre en Ukraine le prouve dramatiquement, c’est un défi quasi inatteignable : faire advenir la paix. Mais nous ne sommes pas seuls, puisque notre Dieu s’y est engagé et nous donne sa force et aussi quelques éléments forts pour construire la paix. Avez-vous noté que dans la surprenante orographie que fait naître Michée, la montagne de Jérusalem dépasse toute autre montagne. Il n’est pas question de dénivelé mais d’autre chose. Michée évoque deux choses : le Seigneur arbitre, et la question du Droit, de la loi qui sort de Sion. L’Ancien Testament par là nous dit l’importance d’abord de la médiation. Pas de paix sans médiateurs. Pas de paix non plus sans justice. Ce n’est pas la paix du plus fort qu’annonce notre Père. C’est une paix qui s’allie avec la justice. Une paix injuste fera naître un ressentiment, germe de guerres à venir. Une paix qui n’oublie personne. Dans le Royaume que le Seigneur construit, il accueille mot à mot tout ce qui boite, tout ce qui a été exclu.  Pour bâtir une paix durable, il faut repérer tout ce qui va de travers dans notre humanité. Et nous avons besoin de nous tourner vers Jésus-Christ, lui seul peut guérir ce mal en nous source de discorde, c’est une forme de lèpre dont nous devons demander sans relâche de nous purifier comme les dix lépreux de l’Évangile du jour, et être reconnaissant de chaque avancée personnelle vers la paix

 

 Alors que pouvons-nous faire ?

 

  • Prier, d’abord. Après tout quand nous disons « que ton règne vienne », n’appelons-nous pas la paix ?
  • « Heureux ceux qui font la paix, car ils seront appelés fils de Dieu »

 

Qu’est-ce que je peux faire aujourd’hui, quel engagement je peux prendre dans la semaine qui vient, dans la suite des jours, pour faire advenir la paix ?

 

  1. Poser un geste de paix avec mon conjoint(e) avec qui je m’affronte, quand bien même nous avons convenu d’une séparation. Qu’est-ce que jeux faire pour calmer des tensions avec mes enfants, mes parents, mes frères et sœurs.
  2. Faire le premier pas avec un ami (e) avec qui on est en froid
  3. Avoir la force de ne pas répondre immédiatement à une agression verbale au travail, dans un transport, avoir le réflexe de demander au Saint Esprit que faire, que dire.
  4. Poster des paroles de paix sur les réseaux sociaux
  5. Apprendre à écouter l’autre, le citoyen qui vote à gauche quand je vote à droite et inversement. Apprendre à écouter qui ne pense pas comme moi. Ce que la pasteure Claire initie à la cabane. Venez et voyez.
  6. Régler un conflit ou même un simple malentendu avec un frère ou une sœur dans la paroisse
  7. Soutenir une association, un mouvement, un politique qui fait effort de paix et de justice.

 

Qu’est-ce que je peux faire concrètement aujourd’hui, demain, mardi, mercredi ?

Faisons silence et réfléchissons : quelle action je m’engage devant l’Éternel à faire ?

 

La paix soit avec vous !

 

Amen.

 

Denis PRIZÉ

Rennes, dimanche 12 octobre 2025

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