PREDICATION DU 15 octobre

Vous avez raté le culte du 15 octobre ? Retrouvez la prédication du Pasteur Hervé Stücker.

Prédication tirée des textes : Esaïe 25 : 6-9 et Matthieu 22 : 1-14

 

Encore une parabole qui nous parle du royaume !

 

Et lorsque l’on lit ce texte, nous voilà un peu surpris, peut-être même choqués par la violence du récit que nous fait Matthieu.

À la limite, on pourrait presque se demander s’il est bien sage de vouloir venir dans le royaume d’un Dieu aussi violent.

 

Il en va du royaume comme d’un homme, un roi, qui célébrait les noces de son fils.

On ne refuse pas de venir aux noces du fils d’un roi.

Même ! On s’y précipite, on réserve sa place longtemps à l’avance, on veut absolument être de celles et de ceux qui sont invités, on veut faire partie du Gotha. Nos journaux « people » se remplissent de ces gens qui veulent être invités, être là où les choses se passent, là où il faut être.

On ne refuse pas l’invitation aux noces du fils du roi.

Et pourtant…

 

Cette parabole nous semble totalement absurde parce que les invités, tous, refusent de venir.

Pas un seul n’accepte l’invitation.

Et ils ont tous de bonnes raisons pour agir ainsi…

Et même lorsque le roi insiste, ces invités se fâchent, ils rejettent, battent, abattent ceux qui ont été envoyés pour les inviter.

 

 

La situation en devient absurde : on a l’impression que ces gens n’ont pas bien compris ce qui se passait.

On a l’impression que ces invités qui refusent la noce n’ont pas saisi que c’était bien de la noce du fils du roi dont il s’agissait, quelque chose donc d’extrêmement important.

Non ! Il y a des choses bien plus importantes à faire dans notre vie courante que de répondre à cette invitation-là.

 

De façon générale, une parabole évoque et essaye de nous décrire une situation singulière. Quand Jésus raconte cette parabole des invités ou quand Matthieu nous rapporte les paroles de Jésus, ils mettent en lumière la situation particulière qu’ils vivent, celle que leur entourage connaît ; peut-être aussi la parabole cherche-t-elle à éclairer l’état des choses que l’Église vit « à l’instant T ».

 

L’histoire montre qu’effectivement lorsque Dieu invite pour le royaume, pour les noces du fils, eh bien, aussi incroyable que cela puisse paraître, les invités refusent.

Ils ont tellement d’autres choses plus importantes à faire !

Ils ne se rendent pas compte que c’est à des noces « royales » qu’ils sont conviés.

 

Pour le peuple d’Israël, le culte du temple est une préfiguration du festin du royaume de Dieu. Les noces, ils les vivent tous les jours dans la célébration du culte. Cette façon de concevoir les choses en confondant culte au temple et festin dans le royaume, est très fortement répandue. On la trouve chez le prophète Esaïe, entre autres dans le passage que nous avons lu tout à l’heure : c’est sur la montagne du temple que le monde entier va se rassembler pour le festin offert par le Seigneur.

 

Ils ne se rendent pas compte, ces invités, ces gens du peuple de Dieu, que l’époux de la noce est présent en Jésus Christ.

Que le royaume est ailleurs que dans ce culte célébré jour après jour dans le temple de Jérusalem.

Que le Royaume n’est pas dans l’habitude du culte, mais dans la nouveauté de la rencontre avec l’époux.

 

Cette constatation, peut-être Matthieu la fait-il aussi pour sa communauté, prémices de l’Église où les fidèles semblent ne pas venir à une noce, ne pas percevoir l’invitation au royaume, se contentant du rituel vécu jour après jour, dimanche après dimanche, comme s’il y avait une séparation entre le temple et la vie.

 

Le roi de la parabole se met en colère et il envoie son armée pour faire périr les meurtriers qui ont tué les porteurs de l’invitation, et pour incendier leurs villes.

Le texte est violent.

Peut-être que Matthieu pense ici à la destruction du temple de Jérusalem où effectivement comme le raconte la parabole, il n’est plus resté pierres sur pierres. (Rappelons que Matthieu écrit son texte dans les années 80, 90 après J.C.)

Comme beaucoup de ses contemporain, Matthieu a sûrement vu dans la destruction de Jérusalem et de son temple, comme une punition divine contre ceux qui n’ont pas su entendre l’appel de Dieu.

 

Avançons plus loin dans la lecture de la parabole.

Le roi appelle encore ses serviteurs. Les noces sont prêtes. « Allez donc aux carrefours et invitez aux noces tous ceux que vous trouverez » ! Alors les serviteurs rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, bons et mauvais.

Et la salle de noces fut remplie de convives.

 

Le royaume est comme un banquet qui ne supporte pas le vide.

Y entrent tous ceux, bons ou mauvais, qui finissent par entendre l’appel du roi. Mais il ne suffit pas simplement d’être simplement présent. Il faut aussi savoir pourquoi on est là, prendre pleinement part à ce festin.

 

 

Il y a là un homme qui est entré dans la salle du festin. Mais il y est sans y être, il n’a pas d’habit de noces, l’habit de circonstance.

Peut-être est-il rentré par la contrainte ? Et, du coup, il ne sait pas vraiment ce qu’il fait là ?

Le texte nous dit un détail peut être important : il reste muet devant l’interpellation du maître.

Par ce silence, par son attitude, il semble montrer qu’il n’est pas vraiment dans la noce, qu’il en est rejeté, qu’il est dehors, dans les ténèbres pour reprendre le vocabulaire emprunté par Jésus.

 

 

Ainsi on ne peut pas se contenter d’entrer en apparence, dans le royaume.

Il ne suffit pas de se dire juif pour être invité au festin des noces à Jérusalem. Il ne s’agit pas d’être chrétien, d’avoir reçu le baptême, pour être bien présent au festin offert par le maître au moment du royaume.

 

 

Il s’agit très clairement de se sentir présent.e, de se sentir invité.e, de se sentir pleinement participant au banquet.

 

Cela dépend de chacun.

 

 

Il n’y a pas de règles du jeu.

D’ailleurs, le texte ne nous dit pas la couleur, la coupe, le style de l’habit requis, le texte ne nous dit même pas comment on se le procurait, cet habit.

On pourrait d’ailleurs remarquer que ces hommes ramassés le long du chemin, n’avaient sans doute pas les moyens de se payer un habit…

 

 

Mais il faut « un habit » ! C’est-à-dire une certaine attitude, une manière d’être, que le Seigneur peut voir chez les convives.

Et selon qu’on revêt ou pas cet « habit », on est dedans ou on est dehors.
Beaucoup sont appelés. Oui !

Les serviteurs parcourent les routes, parcourent les chemins pour appeler celles et ceux qui sont invités au repas des noces. Et nous le voyons, beaucoup refusent d’y entrer, ne se rendant pas compte que le temps est venu, se trompant peut-être parfois de festin. D’autres viennent mais ne savent pas pourquoi.

 

Aujourd’hui nous sommes tous invités au festin des noces.

Alors, notre festin est très symbolique, c’est le repas du Seigneur que nous célébrons ensemble.

Mais tout symbolique qu’il est, il est préfiguration du royaume de Dieu.

Il ne s’agit pas de faire semblant d’être à la noce.

Il s’agit très clairement, à l’intérieur de nous-mêmes, de reconnaître l’invitation de ce roi qui nous invite à la liberté, qui nous invite à la joie intérieure du royaume.

Aujourd’hui, nous sommes invités à répondre à cette invitation.

Et nous sommes invités à le faire en revêtant les habits du royaume.

 

Amen !

 

 

 

 

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