Prédication du 19 mars

Vous avez raté le culte du 19 mars. Retrouvez la prédication de Stéphanie Mercier.

Prédication réalisée d’après le texte  : Actes I, 1-11

L’Église est appelée à vivre dans le monde…

Les évangiles, c’est la bonne nouvelle de Dieu qui, en Jésus, vient à nous, la bonne nouvelle de la Parole faite chair, la bonne nouvelle d’un Dieu qui prend le risque de n’être pas reconnu et vient partager nos fragilités jusqu’au bout… pour que nous renoncions à nos rêves de toute puissance…

Les Actes des Apôtres, c’est la bonne nouvelle d’un Dieu qui compte sur nous, dans notre faiblesse, pour annoncer son Évangile « jusqu’aux extrémités de la terre »…

Mince alors…

Et nous qui comptions sur Dieu pour faire le boulot tout seul et pour imposer sa vérité à grands renforts d’effets spéciaux… Or, voici que son programme s’inscrit dans le temps et dans l’espace… Et c’est bien de temps et d’espace dont il est question dans le prologue que nous venons d’entendre.

De temps d’abord…puisque c’est dans le temps qu’il nous faut vivre… Nous lisons que Jésus apparaît durant quarante jours à ses disciples. Quarante jours ou quarante ans, dans la Bible, cela signifie généralement le temps d’une formation mais c’est aussi, bien souvent, le temps où s’expérimente le manque. Souvenons-nous des Hébreux au désert, incapables d’entrer en terre promise ou de Jésus qui, après son baptême, passe quarante jours dans le désert où il est mis à l’épreuve. Pourtant, ici, c’est l’inverse : ce n’est pas au manque que sont associés les quarante jours mais à la présence de Jésus, encore parmi ses disciples après la croix : « il s’était fait voir d’eux et les avait entretenus du règne de Dieu ». Ces quarante jours de présence fonctionnent comme une préparation à vivre l’absence de Jésus…

Ainsi, c’est le temps de l’Église qui pourrait devenir le temps du manque et de l’attente du Royaume…

Cela d’autant que ce texte désigne aussi, d’emblée, la nécessité d’un autre renoncement pour la première Église : celui d’un retour rapide du Christ et d’une instauration imminente du Règne de Dieu. Les disciples demandent : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas établir le Royaume d’Israël ? » Or, renversant toute perspective eschatologique, Jésus répond: « Vous n’avez pas à connaître les temps et les moments que le Père a fixé de sa propre autorité. »

A un singulier – le désir de connaître le temps-, Jésus répond par deux pluriels : « les temps et les moments », ce qui laisse penser que le retour du Christ ne se fera pas – ou pas uniquement – dans le fracas d’une parousie finale…Ce qui signifie aussi que le Royaume advient quand on ne s’y attend pas…Que le Royaume peut advenir plusieurs fois, à notre insu… dans le temps… ici et maintenant…

Par ailleurs, à notre désir de détenir un savoir, Jésus répond par un refus qui nous incite à renoncer à toute assurance trop écrasante et à accepter de tâtonner, avec la grâce de l’Esprit Saint, pour témoigner… Car l’Église n’est pas appelée à vivre repliée sur elle-même dans l’attente d’un dénouement final qui donnerait raison aux chrétiens, fussent-ils une poignée. L’Église, tout au contraire, est appelée à vivre dans le temps et dans le monde…pour annoncer une bonne nouvelle qui change la vie !

Oui, dans le temps et dans le monde, car s’il est question de temps dans ce texte, il est aussi question d’espace.

Aux disciples qui attendent la Parousie sans bouger, aux disciples qui restent, comme dit littéralement le texte « plantés là » à regarder le ciel, enracinés en un lieu, il est demandé de se mettre en route. Aux disciples qui demandent de savoir quand adviendra le Royaume, Jésus répond en les mettant en marche : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et en Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » De sorte que leur départ vers Jérusalem, au début du verset 12, résonne comme la mise en œuvre du début du programme.

Jésus nous appelle à accepter notre faiblesse. Inutile de rester plantés là, bras ballants à attendre que le Ciel s’ouvre. C’est vers la terre qu’il faut tourner notre regard et nous avons les moyens de nous mettre en marche.

Jésus fixe ainsi à ses disciples et à l’Église une mission : être ses témoins… C’était le sujet de notre dernier synode régional sur la mission qui faisait le constat d’une Église pleine de fragilités dans une société française éloignée d’elle. Un synode qui nous invitait à accepter nos fragilités pour aller à la rencontre des fragilités des autres, un synode qui nous rappelait que marcher, se lever valent mieux que d’épouser la forme du canapé, pour reprendre les mots de JL Crémer, notre président de Région.

Jésus en ce début des Actes, remet les disciples à leur place, humble, précaire… Mais il les appelle et nous appelle aussi à savoir où est notre force : nous ne sommes pas seuls ! Nous ne sommes pas abandonnés. Nous pouvons prier Dieu de nous donner son Esprit pour être ensemble, artisans de son Royaume, et pour que, même à notre insu, adviennent les temps et les moments de son Règne.

Que cette assemblée générale nous permette modestement de faire le point pour notre Église et de discerner les moyens de l’annonce d’une bonne nouvelle pour ce monde…

Amen

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