PREDICATION DU 2 JUILLET

Vous avez raté le culte du 2 juillet ? Retrouvez la prédication de Sara Claire Louedec.

2 Rois 4, 8-17

Une autre fois, Élisée était passé par le village de Chounem. Il y avait là une femme riche qui avait insisté pour qu’il vienne prendre un repas chez elle. C’est pourquoi, depuis ce jour, Élisée allait toujours manger chez elle quand il passait dans cette région.

Cette femme dit à son mari : « Je sais que celui qui passe toujours chez nous est un prophète de Dieu. Construisons une petite chambre à l’étage supérieur de la maison et mettons-y pour lui un lit, une table, un siège et une lampe. Il pourra s’y retirer quand il passera chez nous. »

C’est ainsi qu’un jour Élisée vint chez ces gens et monta dans la petite chambre pour y passer la nuit. Il dit à son serviteur Guéhazi d’aller chercher la maîtresse de maison. Lorsque celle-ci se présenta devant la chambre, Élisée chargea Guéhazi de lui dire : « Tu t’es donné beaucoup de peine pour nous. Que pouvons-nous faire pour toi ? Intervenir en ta faveur auprès du roi ou du chef de l’armée ? » – « Non ! merci, répondit-elle. Au milieu de mon peuple, je ne manque de rien. » Élisée dit alors à Guéhazi : « Que faire pour elle ? » – « Eh bien ! répondit Guéhazi, elle n’a pas de fils, et son mari est âgé. » – « Rappelle-la ! » dit Élisée.

Lorsqu’elle se présenta sur le pas de la porte, Élisée lui déclara : « L’an prochain, à la même époque, tu tiendras un fils dans tes bras. » Mais elle s’écria : « C’est impossible ! Toi qui es un prophète, ne me mens pas ! » Cependant cette femme devint enceinte, et à la même époque, l’année suivante, elle mit au monde un fils, conformément à ce qu’Élisée lui avait annoncé.

 

 

Mt 10, 34-42

NFC

Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le combat. Je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère ; on aura pour ennemis les membres de sa propre famille. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. Celui qui ne se charge pas de sa croix pour marcher à ma suite n’est pas digne de moi. Celui qui voudra garder sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera.

Celui qui vous accueille m’accueille ; celui qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé. Celui qui accueille un prophète parce qu’il est prophète, recevra la récompense accordée à un prophète ; et celui qui accueille quelqu’un de fidèle à Dieu parce qu’il est fidèle, recevra la récompense accordée à un fidèle. Je vous le déclare, c’est la vérité : la personne qui donne même un simple verre d’eau fraîche à l’un de ces petits parmi mes disciples, parce qu’il est mon disciple, recevra sa récompense. »

 

 

 

Chers amis,

 

Nous venons d’entendre deux textes qui se font échos, l’un et l’autre nous parlent de la façon dont nous pouvons être au monde, éclairés par la grâce de Dieu.

Dans le texte du livre des Rois, l’auteur met en scène une femme riche, dont on ne connait pas le nom, mais dont on sait qu’elle a mis en Dieu sa confiance, et qu’elle reconnait en Elisée un prophète, un envoyé de Dieu. Cette femme qui souffre de ne pas avoir de fils, mais qui ne le dit pas (en effet, c’est Guéhazi, le serviteur d’Élisée, qui évoque la situation), met sa confiance en Dieu, et accepte (non sans en douter au premier abord- « C’est impossible ! Toi qui es un prophète, ne me mens pas ! » – ) la grâce de Dieu qui lui donne un fils. Souvenons-nous ce que dit le texte : au départ, cette femme nourrit Élisée dans un simple geste de fraternité. Puis elle reconnaît en Élisée un prophète, et elle lui prépare spécialement une chambre, mais elle ne lui demande rien. C’est de lui-même qu’Élisée cherche à la récompenser pour son geste. La femme, elle, accueille gratuitement, dans un geste d’amour qui n’attend rien en échange.

 

Regardons maintenant le passage de l’Évangile de Matthieu.

Ce passage se situe au moment où Jésus envoie ses douze disciples en mission. C’est donc à ses disciples qu’il s’adresse, et par ricochet, à nous ici rassemblés aujourd’hui.  Jésus envoie les 12 en mission, et il les met en garde : long et difficile sera le chemin de celui qui prêche la vérité auprès de celles et ceux qui ne sont pas prêts à la recevoir. D’ailleurs, un peu en amont de notre texte, nous pouvons lire au verset 16 : « je vous envoie comme des moutons au milieu des loups ».

Ainsi leur dit-il : « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée ». L’épée qui tranche, qui divise. D’autres traductions proposent « le glaive », ou encore « le combat ». N’oublions pas que les 12 allaient rencontrer l’adversité – adversité que Jésus rencontrait lui-même régulièrement, et le Christ sait que son message amène les personnes d’une même famille, d’une même maison, à se disputer et se diviser sur le sujet, voire à avoir des accès de violence.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Le message du Christ est-il toujours sujet à division ?

Nous ne pouvons malheureusement que répondre par l’affirmative à cette question. Oui, accepter de cheminer avec le Christ, de le mettre au cœur de nos vies, cela peut être source de conflit. De cette affirmation découle une interrogation, que je vous propose de méditer : si notre foi en Christ ne suscite aucune résistance, est-ce que nous sommes pleinement des disciples de Jésus ?

 

C’est à la lumière de ce questionnement que je vous propose de relire les versets 37 à 39 :

« Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. Celui qui ne se charge pas de sa croix pour marcher à ma suite n’est pas digne de moi. Celui qui voudra garder sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera. »

 

Dans le texte grec, le verbe qui est utilisé ici et que nous traduisons par « aimer » est le verbe phileo, c’est-à-dire l’amour que l’on attribue plus aux humains qu’à Dieu. Un amour limité, parfois emprunt de jalousie, parfois un amour qui enferme, qui fait plus de mal que de bien.

Or, aimer le Christ, c’est accepter que Dieu nous a aimés en premier, et que, par sa grâce, nous pouvons à notre tour aimer au-delà de ce que notre humanité nous laisse entrevoir. Aimer le Christ, c’est être libéré de nos attachements humains pour aller au-delà de l’évidence (un père aime son fils, une fille aime sa mère), ce n’est pas moins aimer les autres, mais les aimer mieux. Un amour authentique pour le Christ n’est pas en concurrence avec l’amour que l’on porte aux siens, mais il peut le transformer.

Si je suis attaché au Christ, je rends grâce pour mes proches et je les aime pour ce qu’ils sont, et non pas pour ce qu’ils me donnent. Mon amour est alors libérateur, car je n’attends rien en retour.

 

Puis Jésus poursuit son enseignement en disant au verset 38 : « Celui qui ne se charge pas de sa croix pour marcher à ma suite n’est pas digne de moi. » Porter sa croix, c’est accepter son humanité, ses limites. Porter sa croix, c’est accepter que parfois, le chemin du disciple passe par certains renoncements, ou certaines oppositions. Et Jésus nous demande de nous en remettre à Dieu dans la confiance, de lâcher prise, et d’accepter de ne pas toujours être gagnant, car le chemin qu’il nous propose de suivre peut être semé d’embûches. Mais, sûrs de son amour pour nous, confiants dans le fait qu’il nous précède où que nous allions et quoique nous fassions, nous pouvons en confiance l’accueillir quand nous accueillons le plus petit de nos frères.

C’est ainsi que ce passage de l’Évangile de Matthieu se termine par le verset 42 : « Quiconque donnera à boire ne serait-ce qu’une coupe d’eau fraîche à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis, il ne perdra jamais sa récompense. » C’est bien à cela que nous sommes appelés, frères et sœurs : à aimer dans les gestes simples qui ne demandent rien et dont on n’attend rien. Donner un verre d’eau fraîche à celui qui a soif, c’est reconnaître en lui qu’il est notre prochain, et qu’en l’aimant, au-delà de nous-mêmes, nous aimons Dieu en vérité.

 

Pour que nos vies inscrites dans l’amour du Christ soient questionnement pour les autres, pour que nous acceptions pleinement la grâce que Dieu nous donne et que nous l’aimions en premier, afin de mieux aimer les autres, que Dieu nous vienne en aide.

Amen.

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