Prédication du 20 mai

Vous avez raté le culte du 20 mai ? Retrouvez la prédication de Sara Claire Louedec.

Jean 17, 1-11 (NFC)

Après avoir parlé de la sorte, Jésus leva les yeux vers le ciel et dit : « Père, l’heure est venue. Manifeste la gloire de ton Fils, afin que le Fils manifeste aussi ta gloire. Tu lui as donné autorité sur tous les êtres humains, pour qu’il donne la vie éternelle à ceux que tu lui as confiés. La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. J’ai manifesté ta gloire sur la terre en achevant l’œuvre que tu m’as donnée à faire. Et maintenant, Père, manifeste ma gloire en ta présence, la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe. Je t’ai fait connaître à ceux que tu as pris dans le monde pour me les confier. Ils t’appartenaient, tu me les as confiés, et ils ont obéi à ta parole. Ils savent maintenant que tout ce que tu m’as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m’as données. Ils les ont accueillies, ils savent vraiment que je suis venu de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé. Je te prie pour eux. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as confiés, car ils t’appartiennent. Tout ce qui est à moi est à toi et tout ce qui est à toi est à moi ; et ma gloire se manifeste en eux. Je ne suis plus dans le monde, mais eux sont dans le monde ; moi je vais à toi. Père saint, garde-les unis à toi, toi qui es uni à moi, afin qu’ils soient un comme toi et moi nous sommes un.

 

 

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Chers amis, chers frères et sœurs en Christ,

Le texte que nous venons d’entendre se situe juste avant l’arrestation de Jésus.

Il s’agit de la prière que Jésus fait alors qu’il est en compagnie de ses disciples, au Mont des Oliviers. Or, nous sommes plus habitués à entendre cet épisode relaté par Marc, Luc et Matthieu, qui nous montrent Jésus dans son humanité, priant le Père d’éloigner de lui l’épreuve qu’il doit affronter. Ainsi par exemple, en Luc 22, v.42, nous lisons : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe de douleur. Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne »

L’évangile de Jean, écrit plus tard que les autres, plus de 50 ans après la mort de Jésus, s’adresse à celles et ceux qui n’ont pas vu Jésus, qui ne l’ont pas connu, et qui se demandent si ce Dieu fait homme leur parle, à eux aussi, comme il a parlé à ses disciples les plus proches. Et Jean insiste alors sur la mission que Jésus a confiée à ses disciples : glorifier le Seigneur Dieu ressuscité, comme Jésus a glorifié le Père lors de son passage sur terre.

 

 

Regardons de plus près le texte de Jean, et écoutons les paroles du Christ.

Tout d’abord, Jésus, s’adressant à son Père, lui dit (je tronque un peu la citation) : « tu [m’] as donné autorité sur tous les êtres humains, pour [que je] donne la vie éternelle à ceux que tu [m’]as confié ». Jésus a reçu une mission de la part de Dieu : donner la vie éternelle aux êtres humains, c’est-à-dire manifester aux femmes et aux hommes la gloire de Dieu.

Au verset 6, nous relisons : « Je t’ai fait connaître à ceux que tu as pris dans le monde pour me les confier. Ils t’appartenaient, tu me les as confiés, et ils ont obéi à ta parole. »

Manifester la gloire de Dieu, c’est révéler au monde qui est Dieu dans ce qu’il a de plus profond, de plus intime. Tout au long de son ministère, Jésus n’a eu de cesse de montrer que le Dieu de l’Alliance du peuple juif s’est incarné en sa personne, afin de montrer l’amour infini de Dieu pour les hommes. Jésus nous le rappelle : il nous a donné la vie éternelle. Et la vie éternelle, dit-il, c’est que nous connaissions le Père, le seul vrai Dieu, et que nous connaissions Jésus Christ, celui que le Père a envoyé. La vie éternelle, c’est une vie articulée avec Dieu, une vie inscrite dans la main de Dieu.

Ainsi, écoutons la prière de Jésus, alors qu’il sait qu’il va affronter le pire, alors qu’il sait que « son heure est venue », et que bientôt, il ne sera plus de ce monde : « Manifeste la gloire de ton Fils, afin que le Fils manifeste aussi ta gloire. »

Pour l’évangéliste Jean, la gloire de Jésus Christ s’est manifestée sur la croix. C’est-à-dire que Jésus/Dieu fait homme s’est révélé à l’humanité en acceptant le sacrifice ultime, afin que l’alliance entre Dieu et les hommes soit la plus complète possible, car Jésus va jusqu’au plus douloureux de la vie humaine : la mise à mort, le supplice de la torture puis de l’agonie sur une croix.

Une œuvre a été accomplie : Jésus le Christ a manifesté la gloire de Dieu en agissant en son nom ; il a donné la vie éternelle aux hommes afin qu’ils connaissent Dieu dans ce qu’il a de plus intime.

Et cette œuvre a été reçue. Au verset 7, nous lisons : « Ils savent, maintenant, que tout ce que tu m’as donné vient de toi, car je leur ai donné les PAROLES que tu m’as données. »

De qui Jésus parle-t-il quand il dit « ils » ? Il s’agit, dit le texte de « ceux que tu as pris dans le monde pour me les confier ». Or, « le monde », chez Jean, est souvent vu comme hostile, comme le lieu du péché, c’est-à-dire de ce qui nous éloigne de l’amour infini et gratuit de Dieu.

«Ils », ce sont les disciples, les proches de Jésus, ceux qu’il a rencontrés tout au long de sa vie terrestre. « Ils », c’est finalement l’humanité toute entière. Cette humanité que Dieu a confiée à Jésus, pour qu’il renoue l’Alliance, une alliance ultime où Dieu devient homme – jusqu’à mourir et quitter cette terre.

 

Rappelons-nous ici que l’évangéliste Jean, nous présente un Jésus serein face à ce qui l’attend, car il a à cœur de relater l’histoire de Jésus par le prisme de sa résurrection et de son action dans le monde d’aujourd’hui à travers nous, par l’intermédiaire de l’Esprit Saint. Car oui, nous avons reçu les Paroles de Dieu, et d’ailleurs, nous les relisons régulièrement, chez nous, ou en communauté, comme aujourd’hui. Ces Paroles qui nous invitent à vivre au monde une vie d’amour et de service, une vie où nous sommes appelés à glorifier le Père en portant du fruit, c’est-à-dire en faisant avancer le Royaume de Dieu, en mettant en actes ces paroles magnifiques de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », ce commandement rappelé par Jean l’Evangéliste au chapitre 15.

 

Et voilà que Jésus prie pour ses disciples. « Je te prie pour ceux que tu m’as confiés, car ils t’appartiennent ». Jésus prie le Père pour ses disciples. Jésus prie le Père pour celles et ceux qui le glorifient, comme lui a glorifié le Père. Jésus prie, en d’autres termes, pour nous tous qui affirmons que Jésus est notre Seigneur. Jésus fait alors un pas de côté, en adressant cette prière au Père quand il dit : « tout ce qui est à moi est à toi, et tout ce qui est à toi est à moi ». Il met en évidence une relation verticale entre le Père et lui.

Puis Jésus poursuit sa prière : « garde-les unis à toi, toi qui es uni à moi, afin qu’ils soient un, comme toi et moi nous sommes un. »

 

Nous pouvons donc, frères et sœurs, entendre la prière de Jésus ainsi : il sait qu’il va bientôt quitter le monde, mais que son œuvre ne mourra pas avec lui, car ses disciples, et toutes celles et ceux qui suivront, continueront d’agir dans le monde en son nom. Ainsi, l’incarnation se poursuit par nous, si l’on peut dire. Car Dieu fait homme vit en nous, et nous en lui. C’est à travers nous que l’Evangile va maintenant s’incarner.

Mais cette lourde tâche, nous ne pouvons l’accomplir seuls.

 

Ainsi, Jésus prie le Père de nous accompagner au quotidien de nos vies, et il nous encourage à prier les uns pour les autres. Car, nous le comprenons dans ce texte, Jésus nous inclut dans une relation à trois, ou plutôt, à quatre : Père, Fils, Esprit, et nous, frères et sœurs en Christ. Jésus prie pour nous. A chaque fois que nous vivons quelque chose de l’Evangile, nous fortifions une relation de confiance, et Jésus prie pour nous, avec nous. Jésus intercède pour nous, et nous invite à intercéder les uns pour les autres.

Prier les uns pour les autres, c’est présenter à Dieu en toute simplicité celles et ceux dont le chemin de vie n’est pas de tout repos, c’est confier au Père un autre que nous-même, c’est nous décentrer pour tisser des liens entre Dieu et ses enfants, afin que nous soyons unis dans un amour fraternel qui ne juge pas, mais qui accueille chacune et chacun avec ses atouts et ses différences.

Vous l’avez déjà vécu, nous l’avons déjà vécu : quand quelqu’un nous dit « je pense à toi », ou « je prie pour toi », nous ressentons une force qui nous dépasse. Cette force, c’est celle de Jésus, qui, par l’Esprit, nous accompagne.

 

J’aimerais finir cette prédication en vous lisant le texte suivant, écrit par le poète brésilien Adémar de Barros :

J’ai fait un rêve. Je cheminais sur la plage, côte à côte avec le Seigneur. Nos pas se dessinaient sur le sable, laissant une double empreinte, la mienne et celle du Seigneur. L’idée me vint – c’était un songe – que chacun de nos pas représentait un jour de ma vie. Je me suis arrêté pour regarder en arrière. J’ai vu toutes ces traces qui se perdaient au loin. Mais je remarquai qu’en certains endroits, au lieu de deux empreintes, il n’y en avait plus qu’une.

J’ai revu le film de ma vie. O surprise ! Les lieux de l’empreinte unique correspondaient aux jours les plus sombres de mon existence. Jours d’angoisse ou de mauvais vouloir ; jours d’égoïsme ou de mauvaise humeur ; jours d’épreuve et de doute ; jours intenables… jours où, moi aussi, j’avais été intenable. Alors, me tournant vers le Seigneur, j’osai lui faire des reproches : « Tu nous as pourtant promis d’être avec nous tous les jours ! Pourquoi n’as-tu pas tenu ta promesse ? Pourquoi m’avoir laissé seul aux pires moments de ma vie ? Aux jours où j’avais le plus besoin de ta présence ? »

 Mais le Seigneur m’a répondu :  » Mon ami, les jours où tu ne vois qu’une trace de pas sur le sable, ce sont les jours où je t’ai porté. »

 

 

Chers amis, sachons prier le Seigneur pour qu’il porte nos frères et sœurs au détour des tourments de la vie. Soyons unis dans le Père, et par le Père.

Amen

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