PREDICATION DU 27 AOUT

Vous avez raté le culte du 27 août ? Retrouvez la prédication du Pasteur Hervé Stücker.
Prédication tirée du texte : Matthieu 16 : 13-20

Qui dites-vous que je suis ?

Ce n’est qu’une simple question posée par Jésus à Pierre et aux autres.

 

Pourtant, depuis des siècles elle provoque chicanes et contestations entre les différentes fractions du monde chrétien…

(St Barthélémy)

Les Églises n’arrivent pas à tomber d’accord sur la signification profonde du dialogue qui s’est amorcé entre les deux interlocuteurs : Pierre et Jésus.

Pourtant, il y a là quelque chose de très important…

 

Ce qui est important ici, c’est que Pierre donne une bonne réponse, en tout cas une réponse qui convienne à Jésus.

« Qui dites-vous que Je suis ? Tu es le Christ le Fils du Dieu vivant »

 

A partir de cette « bonne réponse », Jésus tire des conclusions qui troublent les églises depuis lors.

« Tu es Roc et sur cette roche je bâtirai mon Église, et les puissances de la mort n’auront point de force contre elle. Je te donnerai les clés du Royaume des cieux et tout ce que tu lieras sur terre sera lié au ciel… »

Mais s’adresse-t-il à Pierre ?

Je veux dire : Jésus ne s’adresse-t-il pas là à quiconque fera la même bonne réponse que lui.

Ce sera le cas des 12 apôtres présents ce jour-là, et ce sera le cas de quiconque après eux fera la même réponse, vous, ou moi, ou bien d’autres !

Ainsi, il serait donc un peu rapide de mettre Pierre à part, de manière spéciale.

Si Jésus avait voulu donner un statut si particulier à Pierre, l’aurait-il identifié à Satan quelques lignes après…

Alors oui, les paroles de Jésus concernent quiconque fera sienne la bonne réponse de Pierre. « Tu es le Christ » !

Il s’agit donc pour nous d’inscrire, d’affirmer Jésus avec ce titre de Christ, messie en hébreux, c’est-à-dire un être à la relation si particulière avec Dieu.

Mais quand nous affirmons que Jésus est le Christ, savons-nous vraiment à quoi nous nous engageons ?

 

Jésus-Christ, c’est une appellation ancrée dans nos habitudes. C’est une expression « automatique », une réponse toute faite dont nous pesons mal la signification.

Pourtant elle est lourde de sens.

En appelant Christ Jésus le Nazaréen, nous lui conférons tous les pouvoirs, des pouvoirs considérables, semblables à ceux accordés jadis à l’empereur romain.

 

Et oui, nous lui reconnaissons le droit de vie et de mort sur nous.

Le droit d’orienter notre existence.

Nous lui reconnaissons le droit de disposer de notre personne.

Au point où nous en sommes dans notre réflexion, il faut que nous nous interrogions pour savoir si notre vie est bien mise à la disposition de ce Christ que nous confessons et si nos choix de vie sont bien en accord avec lui.

S’il est pour nous le Christ, c’est que nous lui donnons la possibilité de s’immiscer dans les recoins les plus intimes et les plus secrets de notre âme, c’est que nous accordons à l’Evangile autorité sur nos décisions.

Pensez-y… Est-ce que cette dernière affirmation ne provoque pas en vous au moins des réticences, en tout cas des protestations en nous ?

 

Ainsi présenté, l’Évangile nous apparaît comme contraignant, puisque c’est en nous référant à lui que nous décidons des choix de notre vie, alors que pourtant nous nous plaisons à dire qu’il est libérateur.

Alors, pour faire passer la pilule, nous affirmons habituellement qu’il est un moyen de référence mais qu’il n’est nullement une nouvelle loi que nous ajouterions à l’ancienne.

Nous nous reconnaissons la liberté d’interpréter l’Évangile.

 

Attention : Personne ne dit le contraire !

 

Pourtant Pierre va plus loin dans sa réponse :

Il n’affirme pas seulement que Jésus est le Christ, Il ajoute : « tu es le fils du Dieu vivant. »

Pierre n’est pas dans une réflexion théologique qui se situe au niveau des idées.

Il entre dans une relation vivante avec son Seigneur.

En parlant de relation vivante avec Jésus, Pierre exprime la nécessité de dépasser l’Évangile vu comme un beau discours.

Il affirme non seulement que Dieu est vivant mais que notre vie se déroule en relation avec lui, c’est-à-dire qu’il a une action concrète sur nous.

 

Cela veut dire aussi que son action est porteuse de vie.

Cela veut dire que le Dieu auquel nous nous référons se lie à nous par un contrat de vie.

Il se lie à nous dans un processus de vie dont Jésus est la seule référence.

 

C’est en ce sens que Jésus est fils de Dieu.

 

Le Fils, c’est celui qui manifeste la réalité d’un Dieu-Père. Dieu n’est plus un concept. Il est dans une relation, un lien comme un lien de sang.

Si nous faisons nôtres les paroles de Pierre, en reconnaissant cette place si particulière de Jésus, Dieu se permet d’intervenir continuellement dans nos vies.

 

Mais une telle affirmation est-elle rassurante pour autant ?

Elle rend la présence de Dieu si proche, oui mais nous ressentons quelque chose d’inquiétant…

A cause même d’une si grande proximité nous éprouvons le besoin de prendre un peu de recul.

Mais peut-on reculer quand Dieu nous introduit aussi personnellement dans ses projets ?

En fait, je crois que Dieu sait très bien qui nous sommes, et Pierre qui nous a introduit dans cette réflexion nous aide, à son corps défendant.

Après avoir fait cette très belle confession de foi que nous faisons nôtre : « tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant », il va lui-même se laisser aller à des initiatives personnelles à propos desquelles Jésus le rappellera à l’ordre durement en lui disant « arrière de moi, Satan. »

 

Par cette intervention, nous découvrons que nous ne pouvons entrer dans le projet de Dieu qu’en lui laissant humblement une place dans nos vies pour qu’il vienne nous aider et en assumer la responsabilité avec nous.

Il n’est pas en notre pouvoir de répondre par nos propres forces à l’exigence de la proximité de Dieu.

C’est Dieu qui la veut et c’est Dieu qui l’accomplit avec nous et en nous.

 

En effet, dès que Pierre va revenir à la réalité de ce monde, dès qu’il va se mettre à agir et à réagir, il va prendre l’initiative de contrecarrer les projets de Dieu au nom de sa logique humaine.

 

Et Jésus réagit promptement.

Pierre n’a pas encore compris que ses initiatives personnelles ne peuvent se faire que sous l’inspiration de Dieu.

C’est lui qui lui donne force et énergie par son esprit.

Ce qui est valable pour Pierre l’est à plus forte raison pour chacun de nous. La vie que Dieu met en nous ne se vit vraiment que si Dieu la vit avec nous.

Dieu demande donc cet élan du cœur qui fait que nous lui faisons entière confiance pour prendre en charge nos propres vies.

Ces vies, inspirées par Dieu, ne sont pas pour autant passives.

Pour être vraiment vivantes elles sont faites de réflexions, de décisions et d’actions, et chacune de ces étapes doit être le reflet de Dieu qui vit en nous.

 

Pierre n’est donc pas un homme qui est mis à part pour devenir l’unique chef de toute l’Eglise, c’est un exemple qui est donné ici par Jésus, afin qu’on le répète à des millions, voire à des milliards d’exemplaires.

 

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