Prédication du 30 avril

Vous avez raté le culte du 30 avril. Retrouvez la prédication de Anne-Violaine Trocmé.

Prédication d’après le texte : Jean 10 : 1-10

 

Chers paroissiens, chères paroissiennes, ce matin je vous propose de vous emmener en randonnée.

 

Le soir commence à venir,

Déjà le soleil se glisse derrière la montagne la plus haute, et immédiatement la fraîcheur se fait sentir.

Les brebis sont rassemblées dans leur enclos. Cette fois, pas de brebis égarée, il n’en manque aucune.

Elles sont toutes rassemblées dans l’enclos, serrées les unes contre les autres, se tenant chaud et protégées par les murs de l’enclos.

Bien que nous ne soyons pas aussi nombreux que les brebis d’un troupeau, bien que nous ne soyons pas non plus des brebis (quoi que), ne trouvez-vous pas une certaine similitude entre cet enclos et les murs de notre temple ?

Nous sommes ici bien au chaud, entre frères et sœurs, nous nous mettons à l’abri des assauts des voleurs et des brigands.

Être au chaud, ensemble, entre ces murs.

Mais nous ne nous sommes pas rassemblés ici pour fêter le printemps ou pour la fête du travail !

C’est le Christ qui nous invite à sa rencontre ce matin, et c’est Sa porte que nous avons franchie en entrant dans ce temple :

« En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis »

Nous sommes venus guidés par Lui, nous entrons dans ce temple, pour ce culte, par Sa porte.

La porte du Christ, qui est une invitation à venir nous ressourcer,

Le Christ nous invite à venir poser notre sac à dos, un sac parfois bien lourd, et parfois plus léger, il nous invite à nous reposer, à reprendre force.

Dans ce temple, cet enclos, il nous permet un repos réparateur, à l’abri du danger. Ici, nous pouvons baisser les armes, nous pouvons mettre à jour nos vulnérabilités, nos faiblesses, nos difficultés de vie. Nous pouvons les confier au Christ pour qu’il les porte avec nous ; et toute l’assemblée par ses prières, par la fraternité en Christ partagée lors de chaque culte, tisse une étole qui nous enveloppe de sa chaleur, nous accompagne et nous soutient.

 

Le Christ nous dit dans l’Evangile :

« Je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé, il ira et viendra et trouvera de quoi se nourrir. »

Et quelques lignes après :

« Je suis le bon berger : le bon berger se dessaisit de sa vie pour ses brebis. »

 

Ainsi le Christ est à la fois la porte et le berger. Il est celui qui nous nourrit, qui nous abreuve par sa parole, source d’eau vive sans cesse renouvelée.

Dans ce temple, nous trouvons le repos de l’Homme qui se sait pardonné, de l’Homme qui se sait aimé par-dessus tout, et malgré tout. Un repos réparateur, source d’une énergie nouvelle pour reprendre le chemin.

 

Mais l’enclos dans lequel nous entrons par le Christ n’est pas seulement ce temple, ce culte, cette fraternité partagée, c’est aussi notre propre prière, notre méditation, notre intériorité.

L’Evangile nous invite à entrer dans l’enclos comme nous entrons en nous-même. Pour prier, pour rendre grâce, pour remettre à Dieu notre quotidien, nos proches, ce monde, pour mettre le Christ au cœur de notre vie.

Le Christ nous appelle à entrer en lien avec lui, il nous appelle à entrer dans notre enclos et à mettre à distance les brigands et les bandits.

Mais qui sont les brigands, et les voleurs de notre intériorité ? Ce sont nos propres démons, ce qui nous agite, qui nous tourmente : le manque de confiance, la peur, nos fiertés inutiles, nos petitesses.

Le berger pourrait nous dire : « entre dans mon enclos, tu comptes à mes yeux, qui que tu sois, d’où que tu viennes, ma paix est pour toi. Mon amour te protège. Je me mets en travers de la route des brigands et des voleurs pour que les doutes, les remords, les orgueils, les manques, les tristesses ne viennent pas alourdir ta marche ».

 

Ainsi en venant au cœur de nos vies, en nous donnant Sa Grâce, sans condition, le Christ redresse notre échine courbée par le poids de tous nos fardeaux.

 

Mais le berger pourrait nous dire aussi : « j’ai besoin que mes brebis une fois reposées, aillent gambader dans la montagne chercher de l’herbe fraîche. Produire du bon lait et de beaux agneaux ». Je m’égare pensez-vous ?

Pas tant que cela.

 

Car une porte se passe dans les deux sens.

Si nous franchissons la porte pour entrer, sans la franchir pour ressortir, n’y a-t-il pas là le risque de se retrouver tout simplement emprisonné dans notre cocon ?

Ainsi, que notre enclos soit notre temple ce matin, que notre enclos soit notre temps personnel de prière et de méditation, nous sommes invités par le Christ à repasser par Sa porte, pour quitter l’enclos et se risquer à sortir dans le monde, à sa suite.

C’est ce que nous dit le texte de Jean :

« Celui qui garde la porte lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix ; les brebis qui lui appartiennent, il les appelle, chacune par son nom, et il les emmène dehors. Lorsqu’il les a toutes fait sortir, il marche à leur tête, et elles le suivent parce qu’elles connaissent sa voix ».

 

Peut-être avez-vous déjà randonné dans les alpages l’été,

Les brebis au petit matin quittent leur enclos, elles suivent leur berger qui les mène à l’endroit où l’herbe est la meilleure. Et le troupeau, en confiance, s’éparpille sur tous les flancs de la montagne.

 

Certes, ce n’est pas sans danger, il y a des loups, des précipices, des pierres sur lesquelles trébucher, des rochers sur lesquels glisser. Hors de l’enclos, on retrouve aussi nos bandits et nos brigands.

Ainsi nos chemins de vie peuvent être sinueux, semés d’embûches, ils peuvent se faire sentiers escarpés, difficiles à grimper ; ils peuvent être aussi de larges sentes au bord du torrent. Parfois l’un, parfois l’autre.

On peut être accablé par le poids de notre sac et avancer trop lentement dans un monde qui va à toute allure, on peut se sentir au bord du sentier, isolé, on peut ne plus savoir très bien ou mène notre chemin, ni où va cette société et ce monde dont nous faisons partie.

Et parfois on peut être complètement perdu dans le brouillard.

 

Mais le Christ nous invite à ne jamais perdre confiance. Le Seigneur nous le dit dans Matthieu 18, verset 12 :

Si un homme a cent brebis et que l’une d’entre elles vienne à s’égarer, ne va-t-il pas laisser les quatre-vingt-dix-neuf autres dans la montagne pour aller à la recherche de celle qui s’est égarée ?

On perçoit souvent cette brebis égarée comme l’animal sorti du droit chemin, que le berger, part chercher en laissant tout le reste du troupeau. Une brebis égarée, qui ressemblerait un peu au fils prodigue, parti dilapider la fortune de son père.

Mais j’aime à entendre cette parabole d’une autre manière : l’une des brebis s’est égarée. Peut-être car elle ne voyait plus très bien le chemin du Christ dans sa vie, peut-être car ses propres brigands l’empêchent d’avancer sereinement, peut-être parce que son pas est trop lourd pour des sentiers trop escarpés, ou peut-être que le troupeau va trop vite.

Si un homme a cent brebis et que l’une d’entre elles vienne à s’égarer, ne va-t-il pas laisser les quatre-vingt-dix-neuf autres dans la montagne pour aller à la recherche de celle qui s’est égarée ?

 

Une nouvelle fois, le Christ nous invite à la confiance, à lui faire confiance et à accepter Sa confiance. C’est dans cette confiance que nous pouvons trouver un repos réparateur, une énergie nouvelle.

Forts de cette confiance donnée, qui nous accompagne à chaque pas, il nous invite à oser sortir de l’enclos, et à repartir sur les chemins du monde.

Ainsi reposés, nourris, emplis d’une force nouvelle, nous pouvons oser reprendre la route et partager au monde la paix et la grâce du Seigneur, notre berger.

AMEN

 

 

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