PREDICATION DU 7 MAI

Vous avez raté le culte du 7 mai ? Retrouvez la prédication de Catherine Egremy.

Jésus chez Marthe et Marie

Luc 10, 38-42 – Traduction de la Nouvelle Bible Segond

 

Pendant qu’ils étaient en route, il entra dans un village, et une femme nommée Marthe le reçut.

 

Sa sœur, appelée Marie, s’était assise aux pieds du Seigneur et écoutait sa parole.

 

Marthe, qui s’aairait à beaucoup de tâches, survint et dit : Seigneur, tu ne te soucies pas de ce que ma sœur me laisse faire le travail toute seule ?

Dis-lui donc de m’aider.

 

Le Seigneur lui répondit : Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la bonne part : elle ne lui sera pas retirée.

 

La lecture de ce jour est assez courte et très théâtrale :

  • 5 versets
  • 4 tableaux,
  • 3 personnages,
  • 2 antagonistes
  • 1 huis clos

L’intrique commence sur un fond de scène paysager dans le village de Béthanie, où nous devinons au loin les disciples en chemin vers Jérusalem. Jésus, qui prend toujours le temps de la rencontre, est immédiatement accueilli par Marthe, en véritable maîtresse de maison. Elle s’active et devance les besoins de son hôte en lui ouvrant généreusement sa porte.

Marthe a le cœur sur la main, dirait-on.

Elle regarde loin devant elle et voit les choses.

Ce premier tableau est joyeux !

 

Puis vient Marie, non pas la mère de Jésus, mais la sœur de Marthe. Marie de Béthanie reçoit le Seigneur toujours au cœur de sa maison. Elle s’installe comme l’aurait fait un élève auprès de son maître, dans la tradition juive. Sa soif spirituelle est semblable à celle d’une religieuse contemplative. Le temps s’est suspendu.

Mes amis, cette scène est exceptionnelle, parce que les femmes de l’Antiquité ne sont pas autorisées à suivre les enseignements avec les hommes. Jésus offre toute  sa  confiance  à  Marie,  et  donne  ainsi  toute  reconnaissance  à  la  femme,  à l’égal de l’homme.

Marie a la main sur le cœur, dirait-on.

Elle regarde loin dans le ciel et ressent les choses.

Ce deuxième tableau est lumineux !

 

Marthe survint ! Coup d’éclat ! Elle s’agite et interpelle le Christ, reprochant à sa sœur de ne pas l’aider. Tout un drame ! …

Voici la triangulation parfaite que nous pourrions attendre : la victime, le bourreau et le médiateur…

Marthe aurait pu s’adresser directement à sa sœur, mais elle craque un peu… Elle préfère cependant le dire tout de suite, plutôt que d’avoir de mauvaises pensées sur sa sœur…

Oui, en fait le temps passe, et le repas ne va pas se faire tout seul… Marie aurait pu s’en apercevoir et donner un coup de main ! …

Ce troisième tableau est mouvementé !

 

Jésus apaise… Marthe, Marthe… Jésus répète deux fois son prénom, parce qu’il s’intéresse autant à Marthe qu’à Marie, il lui témoigne sa reconnaissance et son respect… Marthe, une seule chose est nécessaire… Les paroles se détachent…

« Marie a choisi la bonne part : elle ne lui sera pas retirée. »

Silence et réflexion au quatrième tableau …

 

 

  • Faut-il opposer le SAVOIR et le FAIRE pour rechercher la meilleure part ?
  • Et quelle est la seule chose nécessaire ?
  • Quel pourrait être le chemin de la foi ?

Parce qu’il n’y a pas de mode d’emploi dans le texte de Luc, et la scène d’enseignement du Christ n’est même pas retranscrite dans l’Évangile.

Le texte pourrait nous inciter à croire que la vie spirituelle est supérieure à toute chose, ou que l’esprit doit prédominer sur le corps ; et que le reste, ma foi, ne serait que bassement matériel… Il n’en est rien.

 

Marie est dans le SAVOIR, Marthe est dans le FAIRE.

Dans la vie nous rencontrons souvent les individus selon trois grandes catégories: ceux qui savent, ceux qui font, ceux qui pensent…

Mais nous restons ici dans la caricature. Le chemin de vie et de vérité de notre Seigneur est beaucoup plus subtil.

 

Oui, Marie adore le Seigneur et choisit de suivre son commandement, et c’est pourquoi la bonne part ne lui sera pas retirée. Ce choix est celui de la liberté, du don de soi et peut-être d’une vocation. Marie est douée pour cela, et rien ne doit l’en détourner. Elle se sent appelée à suivre un chemin de vie et de vérité, et c’est sa liberté. Elle aime le Seigneur, son Dieu, de tout son cœur, de toute son âme, de toute son intelligence, et de toute sa force. Et cette part ne lui sera pas retirée, parce qu’elle l’a prise. C’est pourquoi Jésus respecte et honore son choix. Il ne lui retire pas ce qui est bon. Marie a choisi.

 

Et Marthe aime aussi le  Seigneur.  Elle  le  glorifie  selon  ses  dons,  son tempérament, ses affinités… C’est une maîtresse femme qui aime donner de sa personne, comme un père ou une mère cuisinerait avec amour pour ses enfants. C’est sa façon à elle de s’engager dans la foi. Elle en a besoin, et c’est ainsi. Cela ne  signifie  pas  que  Marie  soit  vouée  au  service  en  permanence,  et  qu’elle  ne puisse  pas  profiter,  elle  aussi,  de  l’enseignement  du  Christ.  Jésus  ne  l’oblige  à rien, il la laisse libre de prendre ses décisions. Elle s’installera peut-être auprès de lui à un autre moment. Marthe a choisi.

 

Que serait Marthe sans Marie ? Que serait Marie sans Marthe ?

Non seulement les sœurs se complètent, mais elles existent par la différence, dans le rapport aux choses et aux êtres.

 

Si Marthe n’avait pas accueilli le Christ, peut-être qu’il ne serait pas entré à l’intérieur de la maison, là où Marie l’attendait, l’espérait. Marie avait soif de la Parole, mais elle laissait venir les choses, sans créer l’évènement. Avant de se mettre aux pieds du Seigneur, Marie est restée à distance. Avant de se retirer, Marthe s’est approchée de Jésus.

 

Certains diront: « C’est dans leur ADN, c’est sû r. Il faut bien qu’il y ait des Marthe et des Marie »… Le croyez-vous vraiment ? Je n’imagine pas un seul instant le royaume de Dieu divisé en cols blancs et blouses bleues, où l’on distinguerait d’un côté une élite intellectuelle et de l’autre les petites mains ouvrières… Ce serait grotesque et injuste.

Et ce n’est pas non plus le message du Christ, qui s’adresse à tous et aux plus petits d’entre nous. L’Amour de notre Seigneur précède tout être et toute chose, en  tout  temps  et  en  tout  lieu.  Le  mérite  ne  se  quantifie  pas  toujours  dans  les œuvres, il se qualifie par la foi.

Pour nous, protestants, nous sommes justifiés par la foi et la grâce de Son Amour.

Jésus nous conduit sur un chemin de Vie et de Vérité avec un message essentiel.

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La seule chose nécessaire est une parole de Vie, nous dit la Bible, le premier de tous les commandements.

Dans l’Évangile de Marc, il est écrit au chapitre 12, versets 30 et 31:

Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ton intelligence, et de toute ta force. (…)

Tu   aimeras  ton  prochain  comme toi-même.   Il  n’y  a  pas d’autre commandement plus grand que ceux-là.

Nous y retrouvons ici tout l’engagement de Marie, et tout l’investissement de Marthe.

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En effet, la foi en Notre Seigneur s’exprime aussi par nos actes. Dans la vie d’une Église, nous avons besoin de tous et de tout le monde. Je prêche aujourd’hui, je balaie demain, et vous faites parfois la même chose ou une autre, et nous nous complétons. Il n’y a pas de hiérarchie dans l’Amour de Notre Seigneur. Le message qui nous est donné aujourd’hui, n’est pas de choisir entre Marthe et Marie, ou de discréditer l’une par rapport à l’autre. La meilleure part: c’est celle que l’on choisi de vivre avec amour à un instant T et dans sa durée. Ce qui compte, ce n’est pas de vivre dans le monde de la prière ou des affaires, ou d’en avoir l’air.

L’important, c’est d’être vrai, authentique, quelque soit la place où l’on est, et d’agir avec l’esprit et le coeur.

 

Aimer Dieu, servir son prochain…

La tâche est rude, étourdissante, parce que de toute évidence, nous ne pouvons pas passer notre temps à penser aux autres et à Dieu. C’est pourquoi nous sommes aussi invités à nous reposer, à penser un peu à nous-même.

Le temps du repos et de l’abandon est aussi une grâce de notre Seigneur.

 

Tu aimeras ton prochain comme toi-même, nous dit le Christ.

Cela  signifie  que  nous  devons  aussi  nous  aimer,  non  pas  pour  satisfaire  notre ego, nous ne savons que trop bien le faire, mais pour trouver une paix et une harmonie intérieure. Pour mieux donner, il faut avoir reçu. C’est parce que le Seigneur nous a aimé  et nous a fait confiance, comme un parent apprendrait à marcher à son enfant, que nous pouvons aussi aimer les autres et avancer dans la confiance.

Comme Marthe et Marie, nous sommes appelés à nous mettre en mouvement pour faire grandir notre foi et nous préserver de nos propres excès. Marthe doit lutter pour ne pas jouer les femmes super-héros qui se sacrifient à  plaisir. Et Marie doit éviter une complaisance intellectuelle jouissive qui l’éloignerait de Dieu. Nous comprenons ici qu’il n’y a pas d’attitude parfaite, et c’est très humain. Il est donc question de rester en dialogue avec le Seigneur pour opérer les ajustements nécessaires.

Le Christ a dit: « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé ». Cet engagement est encore un appel au service, parce que tout ce que nous faisons au plus petit de nos frères, c’est au Christ que nous le faisons, nous dit l’Évangile de Matthieu.

Au fait, avez-vous remarqué où étaient passés les disciples de Jésus dans le texte de Marthe et Marie ?

Ils semblent bien avoir quitté la scène et partis rechercher l’hospitalité des habitants. Les fidèles du Christ d’hier et d’aujourd’hui ne vivent pas seulement d’amour et d’eau fraîche. Ils ont besoin comme nous de se détendre et goûter aux grâces de notre Seigneur.

Mes amis, Dieu nous encourage à rechercher le meilleur de nous même pour en faire don à notre prochain.

Dieu nous aime et nous laisse le choix de vivre Son Amour.

 

Dieu est Amour, Amen

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