Laudato Si' et Laudate Deum
Laudato Si’ (« Loué sois-tu », dont le titre reprend une prière de François d’Assise) a été publié en 2015, quelques mois avant la conférence de Paris sur le climat. Tout en dressant un constat assez détaillé de l’état des problèmes environnementaux, le pape François y appelle à un changement de regard, qui fait droit autant à l’émerveillement devant le vivant qu’à l’action contre les injustices. Il appelle ainsi à une conversion écologique à la fois au niveau personnel,
communautaire et politique. Surtout, loin d’opposer les problématiques sociales et écologiques, ce texte insiste sur le fait que « tout est lié » :
« Une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres » (Laudato Si’, chapitre 49).
« Tout est lié, et la protection authentique de notre propre vie comme de nos relations à la nature est inséparable de la fraternité, de la justice ainsi que de la fidélité aux autres » (chapitre 70).
Publié 8 ans après, Laudate Deum (« Louez Dieu ») est un cri d’alerte face à l’aggravation de la crise climatique. « Nos réactions sont insuffisantes, alors que le monde qui nous accueille s’effrite et s’approche peut-être d’un point de rupture ». Faisant référence aux études scientifiques les plus récentes sur l’état du climat, François y dénonce la montée des discours relativisant la crise climatique et rappelle l’urgence d’agir.
Ces textes sont des messages forts qui, parce qu’ils provenaient du chef d’une Église regroupant 1,4 milliards de fidèles, ont trouvé un écho certain et provoqué un effet d’entraînement qui a favorisé la mise en place d’actions permettant d’allier foi chrétienne et écologie. En France, la création de l’association
oecuménique Église Verte, en 2017, doit beaucoup à l’élan impulsé par Laudato Si’.
Pour autant, le lien entre spiritualité chrétienne et écologie est bien plus ancien et le pape François reconnaissait lui-même ce qu’il devait à d’autres traditions chrétiennes qui avaient déjà travaillé sur ce sujet depuis des décennies. En effet, dès les années 1970, le Conseil Oecuménique des Églises, qui regroupe des Églises protestantes et orthodoxes du monde entier, avait engagé des réflexions sur une « société soutenable ». En 1983, il avait lancé la dynamique mondiale « Justice, Paix et Sauvegarde de la Création », qui a notamment débouché sur un grand rassemblement à Bâle à la Pentecôte 1989, auquel des membres de l’Église Réformé de France ont alors participé avec enthousiasme. En revanche, c’est seulement en 2021 que notre Église a enfin consacré un synode national aux enjeux écologiques ( Voir à ce sujet l’article sur notre site: Ecologie – Rappel des engagements de 2021). Le lien entre notre foi au Christ et l’écologie n’est donc pas un effet de mode et mérite d’être approfondi !