Retour sur la balade éco-spirituelle

Dimanche 29 juin, la fête de la paroisse s'est poursuivie avec une petite balade éco-spirituelle au parc des Gayeulles organisée par le groupe Église Verte. Soleil, chaleur et bonne humeur étaient au rendez-vous.
Balade au parc des Gayeulles

© Lilian BRAYAT

Balade éco-spirituelle à l’ombre du parc des Gayeulles

Jean-Noël HALLET, professeur de biologie végétale à la retraite, accompagné d’Eloïse LOUEDEC, jardinière paysagiste nous ont proposé en ce dimanche festif, de prolonger le plaisir d’être ensemble en allant découvrir un peu de la biodiversité du parc des Gayeulles… Apprendre à reconnaître les plantes et à les nommer, c’est déjà mieux les aimer et prendre conscience de leur importance, de nos interdépendances et de notre responsabilité collective vis à vis de la sauvegarde du vivant dans sa diversité.

 

Notre joyeuse bande de 25 paroissiens a pu d’emblée expérimenter le bien être apporté par un cadre végétal en cette journée caniculaire… Nous avons appris, par exemple, à distinguer les feuilles du charme, avec leurs dents, de celles du hêtre avec leurs poils… Et si le charme d’ à dents, c’est d’hêtre à poils, certains auraient même été prêts à des acrobaties pour attraper le fruit, défendu par la hauteur, mais tellement tentant, des merisiers…  Nous nous sommes reposés à l’ombre près d’un étang, avons pris le temps de nous assoir, de nous allonger, de méditer, d’échanger, d’écouter, de contempler… et même de chanter avant de nous séparer… Une belle après-midi … et un projet à renouveler !

Extrait de L'Ethique et la Civilisation, d’Albert Schweitzer (théologien, médecin, musicien… et pionnier du mouvement écologiste) :

« Pour Descartes, toute philosophie part de cet axiome : « Je pense, donc je suis ». Avec un pareil point de départ, étroit et arbitraire, la philosophie tombe irrémédiablement dans l’abstraction. Elle ne trouve pas d’ouverture vers l’éthique et reste prisonnière d’une conception morte du monde et de la vie. La vraie philosophie doit avoir comme point dedépart la conviction la plus immédiate et la plus compréhensible de la conscience, à savoir :
« Je suis vie qui veut vivre, entouré de vie qui veut vivre ».

 

Il ne s’agit pas là d’un aphorisme ingénieux. Chaque jour et à chaque heure cette conviction m’accompagne. A tout instant de ma prise de conscience des choses, elle se dresse à nouveau devant moi. Il en jaillit sans arrêt, comme d’une sève remontant de racines toujours vivantes, une conception du monde et de la vie pleine de vigueur, englobant toutes les manifestations de l’Être. Elle fait naître en nous le sens éthique de notre union mystique avec l’Être. » Ce texte d’Albert Schweitzer, qui nous invite à réfléchir sur notre rapport aux autres êtres vivants, nous invite aussi à renouveler notre façon de nous penser devant Dieu.

 

En effet, depuis plusieurs siècles, et notamment depuis la Renaissance, la théologie chrétienne – qui réfléchissait auparavant sur l’ensemble du monde vivant – s’est accompagnée d’une vision de l’humain et de Dieu focalisée sur la vie intérieure, sur le face-à-face de l’individu avec Dieu. Un face-à-face existentiel qui pouvait facilement virer à l’individualisme…

 

Parfois, dans ce face-à-face, nous avons oublié que nous ne sommes pas que des âmes à sauver, mais aussi des corps. Quant à la nature qui nous entoure, nous avons oublié que nous en faisions partie. Nous l’avons laissée aux sciences et évacuée de notre vision spirituelle. Certains théologiens en ont fait le simple décor du théâtre de nos vies – un peu comme dans certains jeux vidéos où seuls les personnages sont animés, et où le reste n’est qu’une toile de fond. Mais une telle vision spirituelle s’est malheureusement avérée parfaitement compatible avec une approche voyant dans la nature un simple stock de ressources à exploiter.

 

« Je suis vie qui veut vivre, entouré de vie qui veut vivre »… L’intuition d’Albert Schweitzer, énoncée bien avant le constat actuel de l’effondrement de la biodiversité, vient nous rappeler ceci : nous ne sommes pas juste des âmes ou des intellects, mais des vivants aux côtés d’autres vivants, humains, animaux, végétaux… D’autres vivants qui méritent le respect, en tant que créatures dont l’existence a été déclarée bonne en soi.

 

Prenons le temps de nous arrêter, d’écouter les oiseaux, comme ce pinson qui chante en ce moment… de regarder les arbres qui nous entourent, l’acacia, le frêne, le chêne… Prenons le temps de réaliser que tout cela provient du même jaillissement de vie voulu par Dieu. Et que cette prise de conscience nous mène au respect, à la solidarité… et à l’action !

Lecture Biblique

Dieu parla encore à Noé et à ses fils avec lui, en disant: 

Voici, j’établis mon alliance avec vous et avec votre postérité après vous; avec tous les êtres vivants qui sont avec vous, tant les oiseaux que le bétail et tous les animaux de la terre, soit avec tous ceux qui sont sortis de l’arche, soit avec tous les animaux de la terre.

 

Genèse 8, 9-10 (Traduction Louis Segond 1910)

Un chemin bordé d'arbres dans le parc des Gayeulles

© Lilian BRAYAT

Méditation

Vivre avec

 

Voici,
 

C’est au moment où les eaux ont baissé, où Noé et tous les animaux enfermés dans l’arche viennent d’échapper à la mort.
Voici, c’est une nouvelle alliance que Dieu propose à Noé, une nouvelle alliance de Dieu avec le monde… Et cette nouvelle alliance abolit la hiérarchie entre l’homme et l’animal que l’on trouve en Gn 1 : Ici, l’alliance concerne les animaux autant que l’humain… l’homme n’est plus présenté comme devant dominer le reste du vivant mais comme devant vivre avec.
 
Dieu nous appelle à la vie et c’est une condition de la vie que de penser notre interdépendance avec le reste du vivant… au lieu de contribuer à son extinction…
Pour vivre, il nous faut donc vivre avec.  Nous sommes dépendants les uns des autres… Nous avons besoin des végétaux aussi bien que des animaux…
De ce point de vue, l’approche théologique rejoint pleinement l’approche scientifique : quand on observe un écosystème, chaque espèce présente compte et contribue à l’équilibre de l’ensemble et à la possibilité de la vie pour les autres…

 

Sans termites et sans fourmis dans la savane pour recycler et intégrer les graines dans le sol, il n’y aurait plus ni les éléphants, ni le bétail, ni les hommes… La biodiversité n’est pas seulement une notion scientifique. Elle est une condition de la vie de tous et toutes… Et elle est au cœur de l’alliance de Dieu pour que nous vivions… nous et nos enfants après-nous… Et c’est bien tout l’enjeu aujourd’hui où, sous l’action de l’homme, nous vivons une période d’extinction des espèces, que de nous souvenir collectivement que nous sommes fragiles et interdépendants.

Le groupe de paroisiens assis dans l'herbe au parc des Gayeulles

© Fanny DELAPLACE

Dieu nous aime, cela n’est pas douteux et veut pour nous la vie en plénitude…
Ce qui nous est promis si nous vivons avec le reste du vivant et avec nos frères, c’est la vie
Ce qui nous est promis si nous vivons avec … c’est l’avenir
Ce qui nous est promis, ce sont la joie et la Paix,
C’est le monde voulu par Dieu, présent avec nous
Alors, choisissons la vie avec

Et avec le psalmiste (Psaume 103), nous pouvons louer Dieu :

Bénis le Seigneur ô mon âme!
Que tout en moi bénisse son saint nom,

Bénis le Seigneur ô mon âme,
N’oublie aucun de ses bienfaits !

Amen

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