SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS : Table ronde chez RCF Alpha

RCF Alpha a organisé un plateau œcuménique à l'occasion de la semaine de prière pour l'unité des chrétiens. Une émission présentée par Alice LÉTONDOT et Cécile POLLARD, avec la participation de la pasteure proposante Claire OBERKAMPF. 

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Retranscription textuelle

C.P : Bonjour à tous, catholiques, protestants, orthodoxes réunis. Chaque année, au mois de janvier, une semaine est consacrée à prier pour l’unité des chrétiens. C’est du 18 au 25 janvier, l’occasion de revenir sur le sens de ce temps fort et ce qu’il peut insuffler concrètement pour tous les chrétiens de notre territoire.

 

Nous sommes en bonne compagnie. Autour de la table : Sœur Françoise de la congrégation des filles du Saint-Esprit à Rennes ; Vincent MAHÉ, diacre, responsable pour le dialogue œcuménique pour le diocèse de Rennes ; Claire OBERKAMPF, pasteure missionnaire protestante à Rennes, arrivée récemment et puis révérend Patrick MALONE de la communauté anglicane de Dinard, venu de Londres.

 

A.L : Bonjour à tous. Déjà, est-ce qu’on pourrait vous laisser vous présenter ? Qui êtes-vous, rapidement ? Quel est votre parcours personnel, qui vous a peut-être amené à répondre à votre mission actuelle ?

 

S.F : Moi, je suis une normande. J’ai eu un parcours tout à fait rectiligne. Je suis catholique par mes parents. J’ai senti l’appel à être religieuse et je suis religieuse depuis plus de 50 ans.

 

A.L: Voilà pour vous, sœur Françoise. Vincent MAHÉ, quelques mots sur votre parcours ? C’est assez récemment que vous êtes responsable du dialogue œcuménique pour le diocèse.

 

V.M: Oui, c’est ça. Donc, moi, j’ai eu un parcours de foi assez tardif. J’ai rencontré le Christ assez tard dans ma vie, j’avais 22 ans. Après, j’ai atterri à Rennes. C’est le concours de circonstances des études qui me fait arriver à Rennes, et puis, j’ai rencontré mon épouse et j’ai quatre enfants maintenant. Effectivement, j’ai été ordonné diacre il y a quatre ans, bientôt cinq, ici à Rennes, et récemment, notre évêque, Pierre d’ORNELLAS, m’a demandé si j’acceptais d’être délégué à l’œcuménisme parce que j’appartiens à la paroisse Saint-Augustin, qui a une tradition œcuménique assez longue. Voilà, donc, il avait estimé naturel et cela ne m’a pas choqué non plus quand il m’a proposé cela. Donc, j’ai dit oui.

 

A.L : Et vous, Claire OBERKAMPF, nouvellement arrivée, quelle est votre mission, votre parcours ?

 

C.O : Bonjour. Moi, je suis arrivé à Rennes au mois de septembre comme pasteure missionnaire à l’Église Protestante Unie de Rennes, boulevard de la liberté. Mon parcours est aussi assez classique. Je suis fille de pasteur, j’ai grandi dans l’église. Puis, en cheminant, ma foi s’est développée, surtout grâce au scoutisme dans l’enfance. Ensuite, j’ai cheminé. J’ai fait beaucoup de musique et finalement, je me suis senti appelé au ministère pastoral missionnaire, où je m’adresse en particulier aux personnes qui sont éloignées de l’église ou qui n’ont pas forcément de références culturelles.

 

A.L : Révérend Patrick MALONE, vous venez d’où ? Vous êtes anglican en pays breton.

 

P.M : Merci. Bonjour à tous. Bon, c’est vrai, je suis un prêtre anglican, je suis l’aumônier tout nouveau de l’Église anglicane à Dinard. Brièvement, j’ai été élevée dans une église, dans une famille catholique, avec la messe tous les dimanches. J’ai été éduqué par les moines bénédictins en pension, mais pendant mon adolescence, je me suis éloigné de Dieu. Je suis devenu plutôt agnostique, voire athée. En fait, c’était grâce aux jeunes gens chrétiens, je dirais plutôt que catholiques ou protestants, qui me parlaient de Jésus comme de quelqu’un en vie et réel, quelqu’un avec qui tu pouvais avoir une relation personnelle. Je n’ai pas vraiment entendu cela pendant mon enfance, cette idée d’avoir une relation très personnelle avec Jésus. C’était tout nouveau pour moi. Et moi, j’étais un comédien. J’ai travaillé dans le théâtre et le cinéma. J’avais ce boulot d’abord et je sentais l’appel du Seigneur, mais, je dirais, que j’étais assez brisé de mon expérience de la vie. Je ne me sentais pas prêt à suivre cet appel. Et finalement, quand j’ai eu 32 ans, j’ai suivi l’appel d’être formé dans l’Église anglicane en tant que ministre.

 

A.L : Là, on vous a tous réunis. Qu’est-ce que cela peut vous apporter ? Là, j’ai envie de dire, à première vue ? On n’a pas encore discuté de l’œcuménisme et de l’unité des chrétiens, mais pourquoi c’est important finalement d’être tous réunis, selon vous ?

 

V.M : Je pense qu’on a beaucoup plus de choses qui nous rassemblent que de choses qui nous divisent, parce que ce qui nous rassemble, enfin, je pense, c’est qu’on a tous été touchés par Jésus, par cette parole de de Jésus, vrai homme et vrai Dieu et c’est l’occasion de le rappeler même si on traduit cela de manière différente dans le rituel, dans la façon d’interpréter la parole, dans certaines choses, dans nos façons de vivre.

 

S.F : Moi, je suis contente, aussi. J’ai été contente et surprise d’être appelée à rencontrer des frères et sœurs pour découvrir comment ils se situent, parce que moi, je n’ai pas beaucoup de culture œcuménique, mais cela m’intéresse depuis très longtemps d’ailleurs.

 

A.L : Et qu’est-ce que vous pensez que ça peut vous apporter, cet échange, justement, Sœur Françoise ?

 

S.F : Moi, j’ai ma façon de faire en église. J’ai ma façon de vivre cette relation avec Jésus-Christ, mais je sais que d’autres chrétiens se situent d’une façon différente. Et je trouve que cette confrontation nous aide à nous convertir, d’abord parce qu’on n’est pas le centre du monde et qu’on a beaucoup à s’apporter mutuellement. Vraiment, c’est ça qui m’a intéressé.

 

A.L : Il y a d’autres réactions ?

 

C.O : Je pense que c’est très important de continuer à apprendre à se connaître les uns les autres, à cheminer ensemble. Et c’est vrai que parfois, en tant que pasteur, en tant que prêtre ou diacre, où on a nos vies et les agendas sont très remplis et on ne prend pas toujours le temps de se rencontrer. On n’a pas le temps. Cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, c’est l’occasion de se rencontrer, de prier ensemble, de prendre ce temps au moins une fois par an.
C’est très précieux, je crois.

 

P.M : Je me prends pour un agent double pour Jésus, comme je suis élevé catholique. Comme les français aiment James Bond. Parfois, je dodeline : moitié catholique, moitié protestant. Mais une chose, je dirais : les voisins catholiques qui m’ont invité à dîner et après, on a prié ensemble. Et la même, dans ce petit détail, j’ai vu un autre rythme, le rythme à eux catholique : la tradition de prier. Ils ont allumé une bougie, par exemple. C’est très simple. Et en fait, ce n’est pas mon habitude. Là déjà, j’ai appris une chose : comment amener la paix, comment inviter la présence du Saint-Esprit dans un moment après le dîner. C’était un peu plus « sacramental », méditatif que dans mon habitude. Donc déjà, chaque fois, je suivais quelqu’un d’autre, n’importe quelle tradition, toujours, je vais apprendre quelque chose.

 

A.L : Pourquoi instaurer une semaine de prière pour l’unité des chrétiens ? Cela a à voir avec se connaître, développer- c’est intéressant- une culture œcuménique. Prier ensemble, c’est aussi simple que ça aussi ?

 

V.M : Oui, c’est ça. Je pense que c’est l’occasion de rappeler à tout le monde : qu’est-ce que je fais pour l’unité ? Comment je m’enrichis justement de cette différence de mes frères et sœurs chrétiens ? Quand on fait une journée pour la femme, par exemple, l’idée, c’est aussi de faire attention, de se dire : tiens, qu’est-ce que je fais dans ce domaine-là ? Et là, c’est pareil pour l’œcuménisme. C’est l’occasion de se reposer la question : qu’est-ce que je fais dans ce domaine-là pour l’unité des chrétiens, y compris dans mon église d’ailleurs.

 

A.L : Alors, le thème 2025 de cette semaine pour l’unité des chrétiens : « Crois-tu cela ? » Qu’est-ce que cela vous inspire, ce thème, à tous ? Claire OBERKAMPF, peut-être ?

 

C.O : Alors, « crois-tu cela », c’est un extrait de l’Évangile de Jean. C’est un petit bout du verset 26 du chapitre 11, au milieu du dialogue entre Jésus et Marthe, alors que Lazare, le frère de Marthe, est décédé depuis 4 jours et qu’elle est tout à fait inquiète.
Il pense qu’il est mort et a de bonnes raisons de le penser. Jésus lui dit : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra même s’il meurt. Celui qui vit et croit en moi ne mourra jamais. » Et là, il se tourne vers Marthe et lui dit : « crois-tu cela ? » et je crois que c’est l’occasion cette année pour nous de recevoir chacun et chacune cette question et d’arriver à faire un travail ensemble pour se dire quels mots on met sur cette foi et peut-être, comment est-ce qu’on peut arriver à avoir une parole commune à dire au monde, et comment on traduit ce que nous croyons par des mots accessibles.

 

S.F : En préparant un petit peu cet entretien, j’ai pris conscience que ça fait 1700 ans que le credo est écrit et que toutes nos traditions existaient à cette époque-là. Et donc, même si on ne s’y reporte pas à ce vocabulaire qui est très ancien, il y a « Crois-tu cela aussi ? » Crois-tu ce qui est dans la Bible ? Crois-tu aussi ce qu’on a réussi au concile de Nicée en 325. J’ai été très étonnée, moi.

 

A.L : Vincent MAHÉ, vous êtes d’accord avec ce qu’a dit sœur Françoise ?

 

V.M : Oui, tout à fait. C’est l’occasion, comme on fête l’anniversaire des 1700 ans du concile de Nicée, de mettre cette question en rapport avec chaque phrase qu’on prononce lorsqu’on dit le credo : est-ce que je crois vraiment ce que je dis ? C’est important. Alors, bien sûr, il y a des choses sur lesquelles on se pose encore des questions. Par exemple, quand on aborde la résurrection de la chair. C’est parfois obscur pour beaucoup de chrétiens, certaines thématiques en tout cas, mais c’est l’occasion, justement, peut-être, de creuser. Et puis, il ne faut pas oublier que quand Jésus a prononcé cette phrase-là à Marthe, elle était dans la peine, elle était dans l’obscurité. Et Jésus lui dit : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi ne mourra jamais, crois-tu cela ? » C’est cela, notre foi, quoi, qui fait notre joie aussi, notre espérance de se dire : Jésus a vaincu la mort, toutes les formes de mort d’ailleurs, pas seulement la mort du corps, mais voilà, la mort spirituelle, la mort surtout, quand je suis dans l’obscurité, est-ce que je crois en Jésus-Christ ? Est-ce que je continue à lui donner ma foi ?

 

A.L : Est-ce que ce n’est pas, finalement, « fais-tu confiance » ?

 

V.M : Fais-tu confiance, oui. As-tu confiance en moi ? Oui, tout à fait.

 

A.L :C’est intéressant ce que vous dites. L’idée n’est pas, bien sûr, d’opposer les cultes. Il y a des différences, bien sûr, entre les cultes protestants, orthodoxes, catholiques, mais ce qui nous rassemble, c’est, dans le fond, les textes, la parole du Christ, le Nouveau Testament. C’est la même base sur laquelle poussent ces différentes branches quand on parle œcuménisme, c’est donc le dialogue entre ces différentes branches de la chrétienté.

 

P.M : Pour moi, c’est un sujet très sensible. Pour moi, c’est même une tragédie que le dernier dîner de Jésus. Il a institué ce repas pour réunir les gens, pour réunir ses disciples, c’était pour cela. Ils ont pris quelque chose, en fait, pour diviser les gens avec des interprétations un peu différentes. Donc, cela me rend un peu triste. Parfois, les gens me posent ces questions, par exemple : est-ce que le pain et le vin, est-ce que c’est le vraie transsubstantiation, voilà les miracles que ça devient, la vraie chair, le vrai sang, ou est-ce que c’est un symbole ? Et moi, je dis toujours, si tu lis l’Évangile en grec : Jésus n’utilise pas un verbe. Il dit : « voici mon corps. Voici, mon sang » et quand les gens viennent dans notre église à Dinard, tout le monde est bienvenu. Prendre le pain et va, tout le monde est bienvenu, n’importe quelle tradition, n’importe quelle interprétation. Pour quelques-uns, c’est transsubstantiation, pour quelques-uns, c’est le symbole.

Voilà les différences. Mais en fait, tu vois les choses, la richesse qu’on a ensemble, vraiment. On a un Seigneur qui nous aime tous et vraiment, cela est mon focus.

 

C.O : Et je pense que c’est important de se rappeler que la diversité est présente dès le début, ne serait-ce que par les quatre évangiles qui sont écrits par quatre traditions différentes. Et puis, dès le début de l’église, il y a différents courants. Ensuite, on a fait effectivement le premier concile œcuménique en 325 qui a dit, voilà, c’est officiellement la vraie foi de l’Église catholique donc de l’Église universelle à l’époque. Et puis, ensuite, il y a encore eu d’autres divisions. L’important, c’est effectivement de considérer ces différents mouvements, ces différentes approches comme des richesses, et puis d’arriver à être en dialogue et de s’enrichir les uns des autres.

 

V.M : Par rapport à la parole aussi, je voulais ajouter que, par chance, aujourd’hui, il existe une traduction œcuménique de la Bible, c’est-à-dire que les différentes confessions chrétiennes se sont mises d’accord sur la traduction. C’est important la traduction, parce que suivant comment on traduit un mot, on va l’interpréter différemment. Donc, il y a eu des débats à n’en plus finir sur certains mots d’ailleurs et les différentes confessions chrétiennes ont réussi à se mettre d’accord. Donc, en général, c’est cette traduction qu’on prend quand on fait nos célébrations œcuméniques.

 

S.F : Oui, je voulais dire aussi que toutes les divergences qu’on connaît, on voit bien qu’il y a des choses qui ne sont pas les mêmes dans chacune des confessions, sont souvent liés à des événements soit humains, soit politiques, soit sociaux qui nous dépassent. On se trimballe avec tout cela. Et on a plus le sens de tout cela.

Spontanément, moi, catholique. J’accepterais bien d’aller communier, mais je sais que mon église ne m’y autorise pas. Donc, comment, je vais faire avec cela ? Est-ce que je vais rester en communion avec mon église, ma façon de faire ou bien je décide par moi-même ? Mais non, je ne peux pas décider par moi-même.
Il y a une solidarité entre nous par rapport à la pensée de l’église. Cela ne veut pas dire que les autres sont dans le faux, parce que moi, je me suis dit : on a drôlement avancé sur certains points, grâce à ce travail-là et il est en train de se faire encore.

 

A.L :Par exemple, on a avancé dans quel domaine ?

 

S.F : Par exemple, l’étude de la Bible. Les catholiques, à un moment, ne travaillaient pas assez la Bible. On a reçu cela de tout le courant protestant.

 

A.L : Face à une certaine déchristianisation globale en occident, comment travailler ensemble, main dans la main, concrètement, finalement, à plus d’unité chez les chrétiens, en faisant peut-être fi des différences entre les communautés chrétiennes, mais en regardant ce qui nous unit ?

 

V.M : Alors, c’est vrai que la France, notamment, est devenue une terre de mission, si je pouvais parler comme ça. Ça, c’est certain.
Il y a beaucoup de gens qui n’ont jamais entendu parler de Jésus-Christ, de l’Évangile. Évidemment qu’on va se rejoindre là-dessus dans les différentes confessions chrétiennes parce que, encore une fois, on a tous été touchés par cette bonne nouvelle. On l’a comme un trésor, comme dit saint Paul, dans un vase d’argile certes, mais c’est un trésor.
Vous aviez ce slogan sur RCF : « La joie se partage ». C’est vrai que quand on a rencontré Jésus-Christ- moi en tout cas, au début, surtout au début de mon parcours de foi- j’étais tout fou. J’avais envie d’en parler à tout le monde, un peu comme la samaritaine. Après ça se tasse un peu, on mûrit un peu plus sa foi, peut-être. Je pense que là-dessus, on peut se rejoindre, sur l’évangélisation.

 

C.O : Je suis d’accord avec Vincent. Je rebondis sur ce que tu dis sur la joie. Je crois qu’on a une responsabilité d’arriver à ce que nos églises restent des lieux de joie, de fête où on célèbre ensemble aussi. Voilà, ce sont des lieux joyeux.

Je pense, aussi, qu’on a une responsabilité, comme tout chrétien, toute chrétienne, mais aussi particulièrement, peut-être, les responsables d’églises, de la façon dont on parle les uns des autres, dont on parle des autres confessions chrétiennes. C’est vrai, que nous, par exemple, dans notre temple de la rue de la liberté, on a pas mal de personnes qui ont des parcours de foi divers, notamment qui sont passées dans des églises évangéliques ou dans des églises catholiques et puis qui changent de confession. Et arriver à accueillir cela et à leur dire : « C’est riche ce que tu as vécu », et à les aider à ce que ce soit un fil qui soit cohérent dans leur vie et ne pas être dans un discours de rupture en disant : « Ah bah, oui, c’est vrai. Je comprends que tu es changé d’église parce que franchement… » Voilà ça, je crois qu’on a vraiment une responsabilité là-dessus.

 

A.L : Révérend Patrick Malone, à l’heure de la déchristianisation, est-ce que ce n’est pas finalement une mission commune et une urgence à tous les chrétiens d’évangéliser ?

 

P.M : Bien sûr que oui. Quand Vincent, et cela m’a intéressé ce qu’il a dit, quand il est devenu chrétien radieux. D’abord, il était en flammes, il était chaud, et je ne dis pas qu’il est froid maintenant. Il a mûri, il l’a dit. Mais c’est vrai, on a une expression en anglais : new Christian make old Christian new. Les nouveaux chrétiens, quand ils sont en flammes, ils renouvellent les anciens. Parfois, quand on a suivi le Christ pendant un moment, on voit les nouveaux qui sont tombés amoureux de Jésus et on dit, mince, et ce que je dois me remettre en question ? Est-ce que je peux retrouver la passion ?
Et deuxièmement, finalement, c’est important d’apprendre les uns les autres. Par exemple, si je vois l’église de Vincent qui s’agrandit, les gens viennent et je ne sais pas pourquoi, et bien, moi, je vais aller voir parce que des gens étaient attirés aller à Jésus, parce que les choses se sont passées, les miracles, je parle des gens, ils se sont convertis. Ils étaient touchés et Jésus a dit: « Regarde les gens, regarde les fruits des gens, tu vois où je suis. » Regarde les fruits des gens, dont les personnages, dans les caractères, mais aussi dans les églises, donc bien sûr, c’est très important. Je dirais Alice pour chacun, mais on a besoin des uns des autres, tu vois. Qu’est-ce qu’on fait pour attirer les gens ? Qu’est-ce qu’on fait pour attirer surtout les jeunes gens ? n’est-ce pas ? Parce que c’est là, parmi les jeunes, qu’on a l’avenir.

 

C.P : Merci d’être avec nous aujourd’hui pour cette émission spéciale. On discute ensemble de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, qui se déroule du 18 au 25 janvier, et nous avons le grand plaisir d’avoir énormément de monde autour de ce plateau pour discuter avec nous : Sœur Françoise, de la congrégation des filles du Saint-Esprit de Rennes ; Claire OBERKAMPF, pasteure missionnaire protestante à Rennes ; Vincent MAHÉ, diacre, responsable du dialogue œcuménique pour le diocèse de Rennes et le révérend Patrick MALONE, de la communauté anglicane de Dinard.

 

On a commencé cette discussion en rappelant ce qu’était l’œcuménisme, en rappelant ce qu’était ce dialogue entre les différentes branches de la chrétienté et ses origines. On a rappelé que c’était cette année le mille sept centième anniversaire du premier concile œcuménique, celui de Nicée. Cela marque cette année 2025 et cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens.

 

Alice, un sujet que tu voulais aborder à présent ?

 

A.L : Il nous manque quand même quelqu’un autour de la table : un référent orthodoxe. Voilà, qu’on n’a pas pu trouver. Alors que la semaine de prière pour l’unité des chrétiens s’est ouverte, les relations œcuméniques institutionnelles avec les orthodoxes sont plus tendues qu’il n’y paraît depuis la guerre en Ukraine. Comment expliquer cela ? Il y a une désolidarisation de certains orthodoxes du patriarche de Moscou.

 

V.M : Alors, c’est vrai que moi, pour l’instant, je n’ai pas eu beaucoup l’occasion de les rencontrer, puis d’aller célébrer avec eux, mais je compte bien le faire, parce que c’est très riche aussi. J’ai lu, par contre, des livres de personnes orthodoxes, notamment au début de mon parcours de foi. Un livre d’Alexandre MEN, par exemple, qui a écrit des choses magnifiques.

En fait, le problème qu’il y a aujourd’hui concernant la Russie, je pense que c’est un problème, quand l’église commence à devenir un instrument de pouvoir, qu’elle devient un instrument identitaire, on se trompe complètement et je pense que le problème est là : cela crée des divisions. Le problème n’est pas vraiment religieux, il est surtout politique, je crois. On voit bien que c’est un conflit qui déborde largement de l’aspect religieux, mais je pense qu’aussi bien l’un comme l’autre ont voulu prendre la religion comme un élément identitaire.
Il n’y a pas longtemps, j’ai relu un peu le contexte du concile de Nicée, je suis loin d’être expert du contexte historique, mais il mentionnait notamment qu’à l’époque de l’empereur Constantin, il y avait des divisions au sein de son empire et lui, il avait voulu justement pousser pour qu’il y ait ce concile de Nicée, pour, au contraire, recréer de l’unité au sein de son empire à l’époque. Voilà donc, déjà à l’époque, il y avait cet aspect politico-religieux. Donc, cela peut aussi servir à créer l’unité, des fois la politique mais cela dépend de quelle politique on a en face de soi.

 

A.L : Alors, si on revient un petit peu au programme, sur le territoire, de la semaine de l’unité des chrétiens, quel sera un petit peu le contenu de la semaine ?
En Ille-et-Vilaine ? À Rennes plus particulièrement ? Est-ce qu’il y a des événements phares qui ressortent, Vincent MAHÉ?

 

V.M : Le 18 janvier, par exemple. À la chapelle Saint-François-Xavier, à côté de l’église Toussaints de Rennes, il y a des vêpres orthodoxes qui vont être proposées, donc pour celles et ceux qui n’ont jamais assisté à des célébrations orthodoxes, cela peut être l’occasion de le faire, d’ouvrir la porte.

Le 19 janvier. Alors là, c’est un peu spécifique entre la paroisse Saint-Augustin, à laquelle j’appartiens et Jean-Claude LEMAITRE, mon curé, qui est très sensible à l’œcuménisme, qui va faire un échange de chaire avec le pasteur Hervé STÜCKER.
C’est de prêcher, de commenter l’Évangile dans la communauté de l’autre. C’est cela l’idée, pour s’enrichir encore une fois mutuellement.

Le 20 janvier, à 20h30, à l’église Toussaints, il y a un temps de prière avec la communauté de Taizé. Vous savez, la communauté de Taizé est œcuménique. Ils ont de très beaux chants polyphoniques, donc n’hésitez pas à venir également à l’église Toussaint de Rennes.
Et le 21 janvier, à l’église Saint-Augustin, qui est ma paroisse, à 20 heures, une grande célébration de prière pour l’unité des chrétiens, avec notre évêque qui sera là aussi, Pierre d’ORNELLAS, entre autres. Mais il y aura des protestants, des évangéliques, des orthodoxes et aussi des maronites. On a sollicité le père Rachid Gemayel. C’est lui, d’ailleurs, qui commentera l’Évangile ce jour-là.

 

C.O : C’est un peu le « climax », ce rendez-vous, parce qu’on sera tous là. Venez le 21 au soir, à Saint-Augustin. Cela va être une très grosse célébration, ça va être très chouette et une très belle musique. On est beaucoup de musiciens. Moi, je serai parmi les musiciens.

 

A.L : Quel instrument ?

 

C.O : Au violon.

 

A.L : Au violon formidable. C’est vraiment… dans cet échange de chair, par exemple, ou le fait de prier ensemble, là, on est vraiment dans le cœur de ce qu’est l’œcuménisme ? C’est là que cela s’incarne le plus, parce que la question que j’allais vous poser, c’est : comment on fait vivre concrètement l’œcuménisme ? Mais la réponse, c’est en un : par la prière, ensemble. Être ensemble.

 

V.M : C’est être ensemble, créer du lien et le lien, il se crée en présentiel, en apprenant à se connaître. C’est un peu l’histoire du renard dans le Petit Prince : il faut s’apprivoiser, mais cela prend du temps. Aujourd’hui, on est dans une société qui refuse de prendre du temps, mais pour se faire des amis, cela prend du temps. Je suis convaincu que les choses qui ont le plus de valeur sont celles qui prennent du temps.

 

A.L : Cette unité ne s’arrête pas à cette semaine dédiée à l’unité des chrétiens. Comment faire vivre concrètement par des actions concrètes, ensemble, ce travail commun au quotidien ? Est-ce que vous avez , peut-être, déjà des idées de comment travailler ensemble ?

 

V.M : Je pense qu’il y a des terrains aussi où on peut se rejoindre, on peut agir ensemble. C’est tout ce qui est du domaine de l’action sociale. Il y a déjà des choses qui existent dans le domaine de l’écologie aussi, avec Chrétiens Unis pour la Terre, par exemple, Eglise Verte,… Toutes les démarches Eglise Verte sont des démarches œcuméniques. Donc, il y a des terrains sur lesquels on se rejoint, et on rejoint aussi d’ailleurs les non-croyants finalement, sur ces sujets-là, qui sont des sujets de l’ordre de l’humanité, même si la spiritualité peut aider, je pense.

 

A.L : Au-delà des sujets qui vous unissent, est-ce qu’il y a peut-être déjà des projets et des idées qui peuvent naître finalement ensemble en ce moment, ou peut-être même il y a quelques mois ?

 

C.O : Oui, il se passe des choses. Déjà, on se réunit de temps en temps au temple de façon œcuménique.

 

V.M : Il y a des formations en commun aussi. On se réunit régulièrement. Il y a un groupe qui se réunit une fois par mois et qui essaye justement d’organiser des choses. Ce sont beaucoup des célébrations, mais ça peut être aussi des fois des actions ponctuelles, effectivement, ou des formations. Moi, j’avais suivi, par exemple, une formation sur les psaumes avec le pasteur Olivier PUTZ, qui était le prédécesseur, je crois, d’Hervé STÜCKER.
C’était passionnant. Je pense, de ce point de vue-là, on peut s’enrichir sur la formation.

 

C.O : En tout cas, c’est vrai qu’on est appelé à œuvrer pour un monde de paix, de justice, d’amour et faire avancer le royaume de Dieu sur la terre, et c’est vrai que si on le fait ensemble, c’est un très beau témoignage.

 

V.M : J’ai reçu un beau signe : je suis allé assister au culte des évangéliques de Christ Pour Tous qui étaient dans le quartier de Cleunay de Rennes, et à la fin du culte, il y a une dame qui a fait une annonce. Elle parlait d’une personne qui avait très peu de moyens et qui avait besoin de déménager ses meubles. Et il se trouve que nous, à la paroisse, on a une association qui fait ça, qui s’appelle « Accueillir et Partager » et tous les lundis, ils viennent récupérer des meubles de gens qui donnent des meubles et ils viennent les installer chez des personnes qui n’ont rien, souvent des personnes migrantes qui arrivent et qui, par définition, n’ont rien du tout.

Et j’ai trouvé cela marrant. Je l’ai pris comme un clin d’œil du Seigneur, parce qu’après, je suis allé voir cette dame, là, bien sûr. Je lui ai parlé de l’association, j’ai dit : je vous donne le numéro de téléphone. Donc, là, il y avait plus de frontières, catholique, évangélique. On travaille ensemble pour l’intérêt de cette dame-là qui avait besoin d’un coup de main.
Donc, je pense encore une fois, dans l’action sociale, il y aurait beaucoup de choses à faire ensemble.

 

P.M : Je dirais que faire les choses ensemble, de mon expérience, cela demande un grand effort. Parce que, souvent, les églises et les responsables sont tellement pris par le ministère, le travail.
Et cela m’est arrivé quelquefois en Angleterre, à Londres, par exemple, quand on a fait les chants de Noël dans la rue, on a trouvé quatre églises de traditions différentes, et c’était une occasion assez rare d’être honnête. Mais parce que les quatre responsables (prêtre, pasteur) étaient ouverts. Ils étaient très bons et c’était merveilleux.

 

A.L: Claire OBERKAMPF, qu’est-ce que vous diriez à des personnes qui pourraient, peut-être, potentiellement être tentées par l’entre-soi ? Parfois, c’est rassurant d’être qu’entre catholiques ou qu’entre protestants ou orthodoxes. Il y a quelque chose aussi de l’ordre des repères qu’on peut avoir dans une même communauté. Qu’est-ce que vous diriez à quelqu’un pour le faire sortir un peu de l’entre-soi finalement ?

 

C.O : Je pense qu’il y a moins de risque d’entre-soi aujourd’hui, notamment avec Internet et les réseaux sociaux. Et je pense que la plupart des gens, on accès beaucoup plus aujourd’hui à différentes paroles, à différentes formes et ont besoin d’ailleurs de diversité.

 

A.L : Vincent MAHÉ ?

 

V.M : Dès les débuts de l’église… On le voit dans les lettres de Paul qui critique un peu cet entre-soi, en disant : « Il y en a qui disent : moi, je suis à Apollo, moi, j’appartiens à Paul, moi, j’appartiens au Christ, tout ça. » Et en fait, il rappelle et dit : « En fait, il n’y a qu’un seul Seigneur, il n’y a qu’un seul grand prêtre, une seule foi, un seul baptême. » Voilà, il rappelle un peu tout ça, parce que déjà, dès le départ, il y avait de l’entre-soi et des gens qui se disaient appartenir plutôt à un ministre ou à un pasteur qu’au Christ. Donc, il faut toujours revenir à la base. Au départ, c’est quand même le Christ. C’est lui qui bâtit l’église, et l’église du Christ n’est pas l’église, institution catholique, protestante ou je ne sais pas quoi. C’est bien l’église du Christ dont on parle.

 

S.F : Je pense aussi que quand on est dans une action très simple, ce sont des questions de personne. Je m’entends bien avec elle, ou je la connais, et puis on ne se pose pas la question de quelle religion elle est. C’est une fraternité humaine qui est là.

 

V.M : C’est pour cela que c’est important, comme dit notre pape François, de créer des ponts et pas des murs. Et pour créer des ponts, il faut se rencontrer. Il n’y a pas de secret. Donc, c’est à chacun d’aller faire l’effort des fois, d’aller voir ce qui se passe chez les évangéliques, chez les protestants unis de France, chez les orthodoxes, chez les anglicans, d’ouvrir la porte et puis de venir célébrer avec eux tout simplement. Moi, c’est ce que je fais en ce moment. Ce n’est pas compliqué. On assiste au culte et puis on essaye de trouver sa place et on regarde quelle est la richesse de leur façon de célébrer.

 

C.O: C’est vrai, quand on prie ensemble, on se met tous sous le regard de Dieu et donc, ça nous remet un petit peu, tous, dans une posture déjà d’humilité devant le Créateur et une posture commune. C’est là où la semaine de prière pour l’unité des chrétiens est une idée géniale, parce que du coup, on se retrouve tous sous le même toit, dans la même église, le même bâtiment et c’est fort.

 

A.L : On se retrouve tous ensemble également sur RCF Alpha dans cette émission a l’occasion de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens.

Je rappelle, sont avec nous dans cette émission, donc, sœur Françoise, de la congrégation des filles du Saint-Esprit ; Claire OBERKAMPF, pasteure protestante à Rennes ; Vincent MAHÉ, délégué diocésain, à l’œcuménisme et le révérend Patrick Malone, de la communauté anglicane de Dinard.

Allez, j’en profite pour dire les rendez-vous œcuméniques sur la côte d’Émeraude pendant cette semaine. On ne les a pas encore cités, je les mentionne. Samedi 18 janvier à 18 heures en l’église Saint-Joseph, célébration œcuménique. Vendredi 24 janvier à 19 heures à Saint-Malo, au temple de l’Église Protestante Unie de France, une célébration œcuménique.

Une question qu’on allait poser à Vincent MAHÉ, mais en fait, on peut la poser à tout le monde : est-ce qu’il y a des découvertes œcuméniques que vous avez fait, vous, Vincent MAHÉ, en prenant, vos fonctions de délégué diocésain, et de façon générale, quand on rencontre des gens qui ont des pratiques pas tout à fait les mêmes que nous ? Nécessairement, il y a des petites découvertes qu’on peut faire. Est-ce qu’il y en a certaines que vous auriez envie de partager ? Des choses étonnantes ou, au contraire, touchantes ?

 

V.M : J’ai assisté à une messe maronite à Rennes, il n’y a pas longtemps. Déjà, première surprise, toute la célébration utilise la langue arabe, ou l’araméen, la langue de Jésus. Donc ça, c’est surprenant, parce qu’on a toujours l’habitude de dire que les gens qui parlent
la langue arabe sont musulmans et en fait, non, il y a plein de chrétiens aussi qui parlent arabe, et donc, quand on va assister à l’église Saint-Étienne à la messe des maronites, on découvre cela. Alors, heureusement, c’était traduit en français pour que l’on comprenne un peu.

C’était assez proche du culte catholique romain, on va dire. Il y avait des signes très beaux. Par exemple, le prêtre maronite, avant d’aller à l’autel pour la consécration des offrandes, demande à ce que l’assemblée prie pour lui. Mais il demande avec insistance parce que- et c’est beau, je trouve, de montrer ça- parce que être prêtre, ce n’est pas un pouvoir. C’est un service. C’est un ministère, donc j’ai trouvé ça très beau, personnellement. Il remontait aussi l’assemblée avec l’Évangile, traversait l’assemblée avant de le lire, et je pense que dans tous les cultes, il y a des gestes comme ça qui sont posés ou des paroles. Parfois, c’est surprenant, mais c’est beau aussi.

 

A.L : Révérend Malone, vous parliez au début de l’émission de la bougie, que cela vous avait marqué par exemple ?

 

P.M : J’ai envoyé un email au prêtre à Dinard, avant la pause. Simplement pour prendre un café, mais en même temps, le père Hubert m’a invité à déjeuner avec lui la semaine prochaine. Donc, simplement d’avoir le repas, on va peut-être….
Je n’ai pas pris l’occasion avant cela de les rencontrer, mais je me réjouis de le voir la semaine prochaine au déjeuner. On peut déjeuner ensemble, échanger des idées, et peut-être, on peut prier pour chacun pour faire la connaissance. Voilà ça, c’est un début déjà.

 

A.L : Sur cette question, est-ce que vous voulez ajouter quelque chose, Claire OBERKAMPF sur ce que vous avez découvert à l’occasion de moments œcuméniques ?

 

C.O : J’ai eu la joie, de célébrer, le 15 décembre, la célébration pour la lumière de Bethléem avec un prêtre catholique de Saint-Hélier, les scouts de France de Saint-Hélier et les scouts de notre paroisse, et c’était un moment très beau, très fort. C’était intéressant parce que dans le scoutisme, que soit le scoutisme scouts et guides de France ou scoutisme unioniste, ce sont des mouvements de jeunesse, d’éducation populaire, qui sont vraiment ouverts à tous et qui sont constitués d’enfants, d’adolescents et d’adultes qui ne sont pas forcément chrétiens, et je trouve que c’est un très beau témoignage aussi d’être ensemble et de partager cette lumière de la paix, surtout vu l’actualité au Moyen-Orient. Je suis très reconnaissante d’avoir célébré cette célébration avec ce prêtre.

 

P.M : J’avais en fait une expérience œcuménique, qui m’a vraiment touchée. Il y a quelques années, je me suis trouvé en Afrique, en Côte d’Ivoire. J’étais là-bas avec ma sœur. Elle était malade, elle avait la malaria. Et bon, c’était la veille de Noël, je suis allée chercher une église. J’ai trouvé une église catholique. Il y avait à peu près quatre cent cinquante personnes. J’étais le seul blanc. Bien sûr, j’étais marqué quand même et le prêtre, bon, il a regardé la salle, en disant : « Je me demande s’il y a quand même un visiteur parmi nous ? »
Donc, je me suis mis debout et j’ai salué tout le monde. J’ai dit que c’était un grand privilège de venir célébrer avec eux la veille de Noël, et j’avais tous les yeux sur moi. Mais à la fin du culte, comme c’était en Afrique et c’était un style de louange plein de joie, les femmes ont commencé à danser. Je me suis mis à fond. J’étais avec elle, j’étais le seul homme à vraiment danser avec les femmes, mais c’était catholique. Donc cela, c’était une bonne expression de l’œcuménisme pour moi.

 

S.F : Moi, j’ai envie de dire : je suis sensible à la musique, au chant et tout cela. Parfois, dans ma propre église, je souffre parce que c’est un peu tristounet des fois, je trouve. Je suis contente d’entendre d’autres traditions qui utilisent d’autres façons de louer le Seigneur. Et je me dis : là, on a vraiment à s’enrichir mutuellement pour faire quelque chose qui soit d’actualité, qui soit de notre époque.

 

A.L : Dans les valeurs en partage pour tous les chrétiens, c’est l’accueil, être missionnaire aussi. Comment faire ? Est-ce qu’il y a des bonnes pratiques chez les uns les autres pour faire venir à l’église les personnes en recherche de sens, qui s’intéressent à ces questions de spiritualité, et de leur apporter des réponses ? Passer la porte d’une église, d’un temple, ce n’est pas facile forcément. Est-ce que les uns les autres, il y a des façons de faire pour ouvrir les portes de l’église à tous ?

 

S.F : Moi, j’ai vécu des choses à Paris, où il y avait des moments comme cela où on faisait de l’évangélisation dans la rue pendant que des personnes étaient en adoration devant le saint-sacrement. Et cela arrivait souvent que ces personnes interpellées entrent pour prier. On ne sait pas pour quoi dire ni quoi faire, mais moi j’étais très impressionné par cela. Et dans cette même foulée, c’est des gens qui allaient sur le marché pour parler. Alors, c’était catholique. Je trouve qu’il y a quelque chose à chercher ensemble là.

 

P.M : Moi, je suis vraiment débutant en Bretagne, mais à Londres, chose qu’on fait vraiment pour remplir l’église, c’est bizarre, mais on a amener les animaux surtout pour les fêtes, à Noël, à Pâques. Et on a fait les choses pour les enfants : le bricolage, les arts. On a fait les choses pour la jeunesse. Et voilà, on l’a fait. On a appelé cela « fender sunday » et on a fait ça simplement pour animer l’église et pour ouvrir les portes. Open the doors wide.

Et puis, on a fait du théâtre. Au lieu du service, de la liturgie, on a fait un drame de l’histoire, soit de la naissance du Christ et soit de la mort /résurrection. Et cela, en fait, c’était bien parce qu’on a rempli l’église avec des familles. C’étaient les choses qu’on a faites pour vraiment amener les gens.

Mais les choses qui m’intéressent, en fait, c’est quelqu’un. Une femme qui est catholique à la base et qui s’appelle Marie. Elle s’est approchée de moi récemment et m’a dit : « Est-ce qu’on peut avoir un service de guérison pour prier pour les malades à l’église ? » Je ne crois pas que cela se fait à Dinard parce que, en fait, c’est une église avec un peu plus de sacrements.
Mais, je suis quelqu’un qui croit que Jésus guérit les gens aujourd’hui, que le Saint-Esprit est là, et on est quand même commandé par Jésus pour prier pour les gens. Donc, c’est cela.

Et dernièrement, il y a quelqu’un qui nous a demandé de faire un service pour prier pour les animaux, bénir les animaux. Cela se fait chez vous ?

 

V.M : Oui

 

P.M : je dois aller chez vous pour apprendre alors.

 

V.M : On peut bénir un bateau, on peut bénir une voiture aussi. En fait, ce qu’on bénit, ce n’est pas tant l’objet. C’est surtout l’importance que cela a pour les personnes. À travers l’objet, on bénit surtout les personnes.

 

S.F : Et bénir les cartables en début d’année…

 

P.M : Et vous faites cela ? Vous avez un service que pour les animaux ?

 

V.M : Oui, on a un livre des bénédictions et je suis quasiment sûr qu’il y a ce qu’il faut pour les animaux, parce que, par exemple, pour les agriculteurs ou autres, cela se fait.

 

P.M : Donc, le dimanche, tout le monde amène les animaux ?

 

V.M : Oui, cela se fait. Enfin, moi, je n’ai jamais fait, mais il y a des prêtres, des diacres qui l’ont fait, sans doute.

 

P.M : Moi, je n’ai jamais vu ça.

 

A.L : Le Vendée Globe se termine. Certains bateaux ont été bénis.

 

S.F : Les enfants, en début d’année scolaire, ont une célébration. Ils viennent avec leur cartable. Il y a la bénédiction des cartables à l’église.

 

C.O : C’est quelque chose qui ne se pratique pas en protestantisme réformé. On bénit les personnes, mais pas les objets.

 

V.M : C’est pour cela que je le rappelle, parce que c’est dans cette idée-là que l’Église catholique le fait. Ce n’est pas de la magie.

 

S.F : Ce n’est pas le cartable qui est béni, mais l’enfant.

 

A.L : C’est le côté matériel qui, peut-être, nous tire vers le haut, vers le ciel, c’est cela ?

 

S.F : voilà.

 

A.L : À l’occasion du mille sept centième anniversaire du concile de Nicée et de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, le conseil d’églises chrétiennes en France organise un concours pour la création d’un champ d’assemblée sur le thème de l’unité de l’église.
Alors le thème du champ, l’unité de l’église, on l’a bien compris. Alors, vous avez dit : dans la prière, on peut se retrouver entre chrétiens, cela vous l’avez dit, mais le chant aussi, je crois.
Révérend Patrick MALONE, vous l’avez dit, à Noël, les chants peuvent finalement faire communion. Alors, voilà, la force du chant aussi, c’est cette symbiose qui a du sens dans cette semaine pour l’unité des chrétiens. Quelle est finalement cette force ? Claire OBERKAMPF, je crois savoir que vous êtes musicienne. Comment dans le chant, on peut se réunir, être dans l’unité ?

 

C.O : C’est une très belle idée, parce que dans un chant, il y a en même temps la musique et il y a aussi les paroles. Ça veut dire qu’il y a une demande là, peut-être, de création aussi, de mettre en mots pour aujourd’hui, les enjeux de la foi chrétienne, et notamment peut-être du credo de Nicée Constantinople, à nouveaux frais pour aujourd’hui. C’est intéressant, c’est toujours un travail qu’on a à faire et à refaire en tant que chrétien, au fur et à mesure de l’histoire. Et quant à la musique, elle a cette force propre à elle-même, comme tous les arts, de dire les choses au-delà des mots, et je pense notamment que le Saint-Esprit agit par la musique, par l’art, de façon privilégiée.

 

A.L : Révérend Patrick MALONE, vous vouliez ajouter quelque chose ?

 

P.M : Oui. Par exemple, vous connaissez « Coldplay » ? Ce n’est pas chrétien, mais le chanteur, il a été élevé chrétien. Je ne sais pas s’il se prend pour suivre Jésus, mais voilà, récemment, ils ont lancé un chant qui parle de la prière : « Broken ».  Quand on écoute ce chant gospel, on doit dire franchement, ça, c’est un chant spirituel qui nous fait penser à la prière. On sent le besoin de prier. Vous savez, quand je travaillais en tant que comédien, j’ai rencontré un écrivain qui travaille pour la BBC, et il avait entendu que moi, j’étais un chrétien. Il est venu vers moi et a dit : « Patrick, je crois que tu es quelqu’un qui croit en Jésus ? » J’ai dit oui, il dit : « Écoute, moi, je ne suis pas croyant, mais je sens en moi le besoin de louer quelque chose. »

 

A.L : Une force créatrice peut-être ?

 

P.M : Il sentait ce besoin de louer quelque chose. Il ne savait pas quoi, mais il a reconnu en lui-même. Et en ecclésiastique, c’est écrit que Dieu a mis l’éternité dans le cœur des hommes et des femmes.

 

A.L : Une notion de transcendance quelque part ?

 

P.M : Voilà, peut-être.

 

A.L : Vincent MAHÉ, vous vouliez ajouter quelque chose ?

 

V.M : C’était juste pour rappeler que c’est ce que vit la communauté de Taizé, avec tous ces jeunes qui viennent tous les ans à Taizé pour chanter ensemble. Je pense qu’il y a vraiment une vraie communion qui se vit dans ce lieu et puis à Rennes aussi, puisqu’il y a des groupes de Taizé qui proposent des chants.
Et après, évidemment aussi, la beauté, le beau, l’art amène les gens à Dieu. Cela, j’en suis convaincu, comme Claire. C’est ce que disait Dostoïevski : « La beauté sauvera le monde », cela j’en suis persuadé.

 

S.F : Et je pense que, en ce moment, il y a une grande attente. Je suis persuadé. On voit des jeunes, on voit des personnes qui cherchent.

 

A.L : De spiritualité, vous voulez dire ?

 

C.O : Oui, il y a une soif. On le voit, dans nos églises : des jeunes adultes qui arrivent et qui demandent le baptême. On le voit bien dans l’Église catholique et ça arrive aussi dans l’Église protestante réformée. C’est assez impressionnant

 

S.F : Il faut qu’on soit au rendez-vous là.

 

A.L : ou encore, la confirmation que demandent de plus en plus d’adultes.

 

P.M : Parfois, les gens ont des problèmes avec l’église. Parfois, c’est l’église qui coince les gens. On est tous, quelque part, coupables de cela.
C’est intéressant, quand on lit l’Évangile, c’est écrit que les gens de la rue étaient prêts à écouter Jésus parce que Jésus est avec les gens, il montre la liberté, le défi d’aimer Dieu, d’aimer les uns les autres.

 

Mais parfois, à l’église, on essaye de cadrer ou de mettre dans une boîte la foi et parfois, cela éloigne les gens.
Et je crois que dans la rue et n’importe où, on doit faire de l’évangélisation. Souvent, je rencontre les gens qui sont un peu éloignés de l’église…
Je raconte une petite histoire en 2 minutes. J’étais envoyé dans une soirée de cocktail et j’ai rencontré un vieux. Ce n’est pas une histoire contre l’Église catholique, ce n’est pas cela. Mais il a dit qu’il n’allait plus à l’église.
Il était catholique, et j’ai dit: OK,  est-ce que tu pries toujours ?
Il a été un peu ambivalent. Bon, j’ai dit : « Est-ce que tu dis merci au seigneur pour ta femme- elle était là-et tes enfants et tes petits-enfants ? » Il a commencé avec les larmes aux yeux, dit : « Oui, moi, j’ai fait ça tous les jours. »
J’ai dit : « Bon, voilà, voilà, tu pries tous les jours. » Et là, cela a ouvert la porte. En fait, il avait la foi, mais il ne savait pas comment la connecter avec l’église où il était. Ce pourrait être une église protestante, une église catholique, n’importe quelle église.

 

C.O : Parfois, dans nos églises aussi, on utilise un vocabulaire que personne ne comprend, un patois de Canaan avec des mots, des gros mots de la théologie.
Et voilà, et justement, qu’est-ce que c’est, qu’est-ce que ça veut dire la résurrection, qu’est-ce que ça veut dire le péché, qu’est-ce que ça veut dire le salut ? Je suis sauvé de quoi ? Donc, il y a un vrai travail d’accessibilité.
Et de ne pas parler qu’à des gens qui ont bac+5.

 

A.L : Vincent MAHÉ ? Ce sera le mot de conclusion, si vous voulez bien.

 

V.M : Moi, je suis dans des collectifs qui accompagnent des personnes qui ont connu la très grande précarité, qui ont été à la rue, et souvent, on se demande pourquoi ces gens-là qui sont à la rue restent à la rue, parce qu’en fait, il y a quand même des aides sociales, il y a des logements.
Mais en fait, ce sont des personnes qui ne s’aiment plus. Aujourd’hui, moi, je constate qu’il y a beaucoup de gens qui sont dans la culpabilité, dans l’auto-culpabilisation, et je pense qu’un des rôles majeurs de notre église, c’est de redire cette parole de Jésus (à quel point ils sont aimés de dieu), mais aussi à travers nous, parce que c’est à nous aussi d’incarner cet amour de Dieu.
Ce n’est pas un truc abstrait. Et petit à petit, ces personnes-là, on leur montre qu’ils ont de la valeur, parce que même quand on n’a plus rien, on peut continuer à prier, on peut continuer à dire une parole de réconfort, même quand on a les mains vides, on peut continuer à se donner et à donner. Cela, j’en suis convaincu. Donc, c’est une manière d’évangéliser aussi.

 

A.L : On parlait de la communauté de Taizé tout à l’heure. Lundi 20 janvier à 20h30, à l’église Toussaint de Rennes, on peut prier avec la communauté de Taizé dans le cadre de cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, avec de nombreux événements. On peut retrouver par exemple la liste, si vous voulez en savoir plus sur le site, notamment du diocèse de Rennes. Peut-être aussi sur le site du temple ?

 

C.O : Tout à fait. Vous avez les événements sur le site de l’Église Protestante Unie de Rennes.

C.P : Merci beaucoup à tous nos invités. Merci sœur Françoise, merci Claire OBERKAMPF, merci Vincent MAHÉ, merci révérend Patrick Malone, merci Alice, qui a préparé et animé cette émission, merci Marvin MARTINS qui l’a réalisée.

 

A.L : Merci Cécile, à toi aussi.

 

C.P  : On vous souhaite à toutes et à tous une excellente journée à l’écoute de vos programmes sur RCF Alpha.

 

 

 

Retranscription textuelle: Fanny DELAPLACE

 

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