PRÉDICATION : Dimanche 25 mai 2025

Au cours de ce culte a été témoignée la bénédiction de Dieu sur le couple d’Erin et André. Il est bon de savoir que jusqu’au XIXème siècle les bénédictions de couple à l’occasion de leur mariage avaient lieu presque systématiquement pendant le culte dominical de la communauté le dimanche matin.

Lettre de Paul aux Éphésiens, chapitre 5, versets 1 à 2, 6 à 10 et 21 à 33

Versets 1 et 2

 

Vous êtes les enfants que Dieu aime, eh bien, imitez-le.

Vivez dans l’amour comme le Christ : il nous a aimés et il a donné sa vie pour nous, comme une offrande et un sacrifice agréable à Dieu.

 

Versets 8 à 10

 

Oui, avant, vous étiez dans la nuit, mais maintenant, en étant unis au Seigneur, vous êtes dans la lumière. Vivez comme des gens qui appartiennent à la lumière. Ce que la lumière produit, c’est toute action bonne, juste et vraie. Cherchez ce qui plaît au Seigneur.

 

Versets 21 à 33

 

Obéissez les uns aux autres par respect pour le Christ, les femmes à leur mari comme au Seigneur. En effet, le mari est le chef de sa femme, comme le Christ est le chef de l’Église. Le Christ est le Sauveur de l’Église qui est son corps. Comme l’Église obéit au Christ, les femmes doivent obéir pour tout à leur mari.

Maris, aimez votre femme comme le Christ a aimé l’Église. Il a donné sa vie pour elle, afin qu’elle soit sainte : il l’a rendue pure par l’eau et par la Parole. Il a voulu que l’Église se présente devant lui pleine de gloire, sans tache, sans ride, sans aucun défaut. Il a voulu qu’elle soit sainte et sans reproche.

À son tour, un mari doit aimer sa femme comme il aime son corps. Aimer sa femme, c’est s’aimer soi-même. Non, personne n’a jamais détesté son corps.

Au contraire, on le nourrit, on en prend soin, comme le Christ le fait pour son Église. Est-ce que nous ne faisons pas partie du corps du Christ ? Dans les Livres Saints on lit : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme et les deux deviendront comme une seule personne. » Ce mystère est grand, et moi, je vous dis qu’il s’agit du Christ et de l’Église. Mais il s’agit aussi de vous : chacun doit aimer sa femme comme lui-même, et la femme doit respecter son mari.

Prédication

Peut-être avez-vous vu le film Seul au monde de Robert ZEMEKIS, avec comme acteur principal Tom HANKS ? C’est un film de 2000.
Un homme, bousculé et surchargé par son travail qui l’amène à négliger ses proches, se retrouve sur une île déserte avec quelques colis qu’il était chargé de livrer.

Il survit 4 ans sur cette île et ne doit son salut psychologique qu’en se « fabriquant » un ami imaginaire, Wilson, avec un ballon de cette marque…

Je vous laisse découvrir ou redécouvrir ce film intéressant sur le thème de l’humanité.

Car que nous dit ce film ? Que l’être humain ne peut exister seul !

Ce film raconte ce que la Bible nous répète sans cesse : Nous ne pouvons-nous dire « être humain » (en hébreu : Adam) que dans la relation avec l’autre, un autre. L’être humain ne peut ainsi ex-iste, c’est à dire littéralement « sortir de lui-même » que dans cette une relation avec un autre, une autre.
C’est cela qui donne un sens à la vie humaine, c’est cela qui nous rend vivant.

Dans le second récit de la création du livre de la Genèse, l’Adam, l’être humain, éclate de joie quand, lui, masculin, découvre un vis-à-vis en la personne d’elle, féminin. Ainsi par ce vis-à-vis, il peut donner un nouveau nom à l’être humain, Eve, ce qui en hébreu signifie « la vivante ».

Nous tous ici présent, mais cela est vrai pour tout être humain, nous n’existons que par la présence autre que nous-même.

 

C’est vrai pour le couple. Et Erin et André aujourd’hui nous le rappellent. Ils nous rappellent aussi que, devant cette humanité de face à face, Dieu pose sa bénédiction pour nous exhorter à vivre pleinement les promesses qui s’ouvrent devant nous.
Le couple homme-femme est mis en avant par la promesse de l’enfantement, signe de vie, signe de possible. Mais ce couple n’est en aucun cas « supérieur » à toutes les autres dualités qui s’offrent à nous et qui donnent un sens à l’humanité, ces vis-à-vis pleins de vie et de promesses.

 

Dans la Bible on parle du « Prochain » de l’intime, de l’ami, de l’inconnu et même, selon les propres dires de Jésus, de l’ennemi… Voilà ces vis-à-vis !

Et puis, nous ne pouvons pas vivre sans l’Autre avec un grand A. Cet Autre que je nomme maladroitement « Dieu ». Cet Autre qui me dit que, malgré tout ce que je peux déchirer, tout ce que je peux briser, tout ce que je peux nier, il m’aimera, il me donnera un sens à mon existence… car il nous a aimé le premier. Il nous le dit et nous exhorte à vivre pleinement.

 

Mais nous somme des individus fragiles, méfiants…

Car nous avons aussi conscience que la relation à l’autre, à tout autre, est parfois compliquée. Il est des fois où aimer est aussi dur que d’être aimé.

La clef est là : aimer. Aimer, avoir un élan affectif mais surtout, reconnaître et savoir donner à l’autre un espace de liberté sans lequel je risque de m’asphyxier moi-même.

La difficulté est bien là : Il n’y a pas d’humanité sans ce vis-à-vis avec l’autre… mais que c’est dur… et le chapitre deux de la Genèse, qui fait le constat de cette nécessité pour l’humanité, est suivi, au chapitre 3, du meurtre d’Abel par Caïn.

La nécessité doit donc faire face à une impossibilité ?

 

Mais le Dieu de Jésus-Christ est le Dieu du possible !

Il y a, dans la Bible un thème récurrent, c’est celui de de l’Alliance.
Dieu fait alliance avec Abraham, Dieu fait alliance avec son peuple, Dieu fait alliance avec chacun, chacune de nous en frappant à notre porte.
Il suffit d’ouvrir la porte, s’asseoir à sa table partager un repas de vie.
Il suffit de se laisser aimer pour apprendre, essayer, persévérer dans l’amour, l’amour de Dieu, l’amour du Christ qui est le même que l’amour du conjoint, de l’ami, du prochain… et même de l’ennemi. Essayer en se mettant dans les pas du Dieu du possible.
C’est par ces mots que commence ce chapitre 5 de la Lettre de Paul aux Éphésiens : Aimer, reconnaître, aller oser et accueillir l’autre pour être Lumière.

Mais penchons-nous sur ce passage, qui a, à mon avis été mal compris (ne soyons pas dupe : mal compris en toute conscience…)

La femme doit obéir à son mari… Certaines traductions disent « soumis » à son mari : et des millénaires de machisme remontent à la surface…

Je serai sans détour : toute action de domination, tout acte de violence enferme dans une solitude, éloigne l’individu de l’humanité, éloigne l’individu de Dieu.

Les féminicides que relatent les médias, la violence conjugale si souvent silencieuse et cachée est une abomination au regard de Dieu. Ces actes éloignent l’individu de l’humanité, l’éloignent de Dieu. Il est de ce fait perdu !

L’obéissance dont parle Paul ne peut se comprendre que dans l’Amour du prochain, de soi-même et de Dieu dans lequel Il veut nous aspirer par un souffle de vie.

 

C’est à cet amour que Dieu vous convie, André et Erin, dans le couple que vous formez.
C’est sur cette alliance que se pose la bénédiction de Dieu que je rappellerai par le geste dans quelques instants.
La bénédiction de votre couple aujourd’hui nous le rappelle, à chacun de nous.

Entrer en humanité, c’est apprendre à aimer l’autre…
Apprendre à aimer l’autre malgré les difficultés, malgré mes propres réticences et résistances.
Apprendre à aimer l’autre, c’est quitter son confort, son père et sa mère, pour oser l’aventure humaine, la seule qui soit, dans la rencontre, la découverte, le partage.
Apprendre à aimer l’autre, c’est oser la confiance.

Oser gratuitement, sans attendre en retour, sans chercher un équilibre, un consensus.

Erin et André, Dieu nous bénit pour cela.

Dieu nous bénit tous pour cela.

Amen.

 

Pasteur Hervé STÜCKER

Rennes, dimanche 25 mai 2025

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