Prédication
Cette semaine de Noël, nous avons retrouvé nos neveux et nièces.
C’est arrivé plusieurs fois qu’on se demande :
« Mais où est Ambre ?
Va chercher ta cousine, on part se balader !
Et Solène de revenir bredouille :
Je ne la trouve pas »
Lorsque le groupe se sépare c’est d’autant plus difficile de savoir qui est avec qui et il vaut parfois mieux se passer un petit coup de fil ou s’envoyer un petit message pour s’assurer que les retardataires n’oublient pas un enfant rêveur derrière.
À l’époque, Jésus a 12 ans et les téléphones portables n’existent pas, après plusieurs jours de fêtes à Jérusalem, toute la famille se met en route pour rentrer chez eux par petits groupes.
Le voyage s’étend sur 140 kilomètres et à pied, il y a plusieurs journées de marche.
On sait bien que sur ce genre de rando, il y a des marcheurs plus rapides que d’autres et qu’un ado de 12 ans adore gambader ; il est probable qu’il profite de ce trajet annuel pour raconter des histoires avec ses amis en chemin.
Quoi qu’il en soit, personne ne s’inquiète que Jésus ne soit pas avec eux, ni dans un groupe, ni dans l’autre.
Cependant le soir, les différents compagnons de voyage se retrouvent et Jésus n’est pas parmi eux.
Imaginez l’inquiétude des parents, épuisés après une journée de marche qui ne trouvent pas leur fils au campement.
Ils décident donc de faire le chemin inverse et de chercher leur fils.
Qu’a-t-il bien pu lui arriver ? S’est-il fait kidnapper par des brigands ? Piquer par des serpents ? S’est-il trompé de chemin ?
« Mon Dieu, mon Dieu ! » que d’inquiétude !
À Jérusalem, ils le cherchent partout, n’avez-vous pas vu Jésus ?
Mais comment retrouver un jeune garçon dans une ville aussi grande ?
Ce n’est seulement que trois jours plus tard qu’ils le retrouvent dans le temple en train de discuter de théologie avec les plus éminents théologiens de l’époque !
Marie est ébahie et furax après tant d’inquiétude.
D’autant plus que Jésus lui répond presque avec insolence : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne savez-vous pas que j’ai à faire chez mon Père ? »
Puis Jésus, soumis, rentre à Nazareth avec ses parents.
Alors me direz-vous : « On sort à peine de Noël ? Pourquoi est-ce que tu nous parles de Pâque à Jérusalem 12 ans plus tard ?
On voulait entendre parler des bergers et des moutons, nous ! »
C’est vrai qu’outre le fait que Pâques et Noël soient les fêtes les plus suivies du calendrier liturgique, cette histoire me parle particulièrement dans ce temps d’après Noël.
En effet, on se retrouve en famille, on échange des embrassades et quelques microbes, on s’échange des cadeaux et on chante deux, trois cantiques.
On parle beaucoup du Père Noël, de ses rennes, de ses lutins, du fait qu’il risque de se brûler les fesses en passant par la cheminée ou de sa succession en cas d’accident lors de sa livraison autour du Globe dans le froid.
Nous aussi, nous avons tendance à oublier Jésus et ses enseignements auprès des maîtres du Temple.
Ce Jésus qui fait partie de la famille, qui est célébré dans toutes les églises du pays le 24 au soir, le 25 au matin et parfois l’un et l’autre.
Mais une fois « cette petite heure », de veillée ou culte expédiée, le métronome de l’organisation de la soirée reprend son tempo, et Jésus est rapidement oublié au profit des cadeaux et de la bûche.
Je pourrais continuer cette litanie pendant des heures et vous raconter que dans notre veillée de Noël nous avons raconté un conte, et même pas parlé de Jésus.
Mais, bien qu’on puisse s’en attrister, l’objectif n’est pas ici de montrer du doigt nos errements humains, mais plutôt de nous questionner sur la bonne nouvelle de ce texte.
La bonne nouvelle c’est tout d’abord qu’en revenant sur leurs pas, ils ont fini par retrouver Jésus. Ça leur a pris plus de temps que prévu, avec beaucoup d’inquiétude mais ils ont fini par le retrouver et il allait bien.
Lui ne s’était pas inquiété mais il avait été remarqué, déjà à l’époque, par les théologiens de par son intelligence et ses questions.
Cette bonne nouvelle pour nous aujourd’hui, c’est que Jésus nous attend, chacun d’entre nous. Il nous suffit de prendre le temps de nous retourner pour aller le chercher. De consacrer un peu de temps, d’efforts, de faire route vers lui, pour bénéficier à notre tour de son enseignement et de sa sagesse.
Il n’est pas inquiet, il nous attend et son enseignement rayonne dans le temple.
Jésus sait déjà, dès l’âge de 12 ans, que Dieu est son père et qu’il a un rôle à jouer. Il n’en comprend sûrement pas encore toutes les implications, mais c’est important pour lui de se nourrir. En se questionnant, il grandit en sagesse, en stature et en grâce auprès de Dieu et des humains.
Il ne s’agit pas pour nous de devenir des Messies, mais je crois profondément que nous pouvons également nous nourrir de son message pour grandir en sagesse et en grâce auprès de Dieu et des humains et que nous avons un rôle à jouer dans l’établissement de son Royaume.
Il n’est pas trop tôt et il n’est pas trop tard non plus pour nous y intéresser. C’est une démarche personnelle et individuelle de décider d’en apprendre plus sur Jésus, ce Jésus qui par sa parole a le pouvoir de changer nos vies.
Au verset 51, Luc nous dit : « Puis il descendit avec eux à Nazareth, il leur était soumis. »
J’attire votre attention sur ce verset et cette soumission de Jésus.
Jésus est un homme et en tant qu’homme, il doit également respecter la loi : « Honore ton père et ta mère. »
Il sait que le fait de les avoir inquiétés n’est pas acceptable et qu’il doit les respecter et éviter de les inquiéter quand bien même ce soit pour se mettre au service de Dieu. Jésus s’illustre ici en modèle d’obéissance et d’humilité.
Dieu par son fils Jésus Christ s’est fait homme pour nous montrer l’exemple et nous enseigner. Il a décidé de se mettre à notre niveau, de vivre et de se soumettre aux mêmes règles que nous.
C’est une preuve d’amour immense de sa part de quitter cette toute puissance et de se revêtir d’humanité pour nous enseigner sa sagesse tout en marchant vers la croix : une mort certaine dans la douleur pour notre salut.
Mes chers amis, en ce temps de Noël, n’oublions pas ce cadeau immense qui nous est fait avec la venue de Jésus.
Comme dirait Éric de l’équipe Mamré, qui accompagne notre pasteure missionnaire : nous avons de la chance d’être nés après la venue de Jésus pour pouvoir bénéficier de son enseignement et de sa sagesse, de la puissance de son pardon et de la force de son amour.
Saisissons cette chance immense.
Alors, où que vous soyez sur le chemin de vos vies, assurez-vous que le Christ ressuscité marche avec vous au quotidien, ne pensez pas qu’il vous rejoindra plus tard après avoir gambadé avec d’autres camarades de voyage.
Faites demi-tour avec moi et allons le rejoindre, il nous attend.
Amen.
Rémy HUBSCHER
Rennes, dimanche 29 décembre 2024