PRÉDICATION : Dimanche 31 août 2025

Pour ce dernier dimanche d'août, la prédication du Pasteur Hervé STÜCKER porte sur le début du chapitre 14 de l'Évangile selon Luc.

Texte biblique

Un jour de sabbat, Jésus entre dans la maison d’un chef des Pharisiens pour y prendre un repas.
Les gens qui sont là regardent Jésus avec attention. Un homme se trouve devant lui. Il a le corps tout gonflé à cause d’une maladie. Alors Jésus demande aux maîtres de la loi et aux Pharisiens : « Le jour du sabbat, est-ce qu’on a le droit de guérir quelqu’un ? ou est-ce que c’est interdit ? » Mais ils ne répondent pas.
Jésus se tourne vers le malade, il le guérit et lui dit de partir.

 

Ensuite Jésus dit aux maîtres de la loi et aux Pharisiens : « Supposons ceci : le jour du sabbat, votre fils ou votre bœuf tombe dans un puits. Vous allez
sûrement le tirer de là tout de suite ! » Et ils ne peuvent rien répondre à cela. Jésus voit que les invités choisissent les premières places à table. Alors il leur
donne ce conseil : « Quand quelqu’un t’invite à un repas de mariage, ne va pas t’asseoir à la première place. En effet, on a peut-être invité quelqu’un de plus
important que toi. Et celui qui vous a invités tous les deux va te dire : “Donne-lui ta place.” Alors, plein de honte, tu devras t’asseoir à la dernière place. Au
contraire, quand quelqu’un t’invite, va t’asseoir à la dernière place. De cette façon, celui qui t’a invité te dira en arrivant : “Mon ami, prends une meilleure
place.” Alors, tous ceux qui sont à table avec toi verront combien tu es respecté. En effet, celui qui veut être au-dessus des autres, on lui donnera la dernière
place. Et celui qui prend la dernière place, on le mettra au-dessus des autres. »

Ensuite, Jésus dit à celui qui l’a invité : « Quand tu donnes un grand repas, à midi ou le soir, n’invite ni tes amis, ni tes frères et sœurs, ni les gens de ta
famille, ni des voisins riches. En effet, ils t’inviteront à leur tour et ils te rendront ce que tu as fait pour eux. Au contraire, quand tu offres un repas de fête, invite des pauvres, des infirmes, des boiteux, des aveugles. Alors tu seras heureux parce qu’ils ne peuvent pas te rendre cela. Mais Dieu te rendra cela le jour où il relèvera de la mort ceux qui lui ont obéi. »

 

Évangile de Luc, chapitre 14, versets 1 à 14

Une jeune fille qui aide un garçon à se relever après une chute en fôret.

©Annie SPRATT/ Unsplash

Prédication

Il est des gens qui, se pensant spirituellement très forts, assenant les autres de leurs interprétations ou commentaires sur la Bible, sur la théologie, en étant persuadés de leur justesse et en en faisant une vérité, se sentent tout naturellement indiqués à occuper les premières places du banquet que Jésus présidera à la fin des temps.

Ils racontent à qui veut l’entendre les merveilles que Dieu a faites pour eux. Ils ne se lassent pas de parler de leur conversion qui, selon eux, relève du miracle permanent parce que leur vie a été changée et qu’ils ont réussi à améliorer leur situation sociale ou matérielle ou qu’ils ont été guéris de la maladie qui les accablait. Aussi, ils se donnent en exemple, ils se proposent de guider sur les chemins de la foi ceux qui n’y sont pas encore parvenus. Ils ont déjà pris place à la table et se sont approprié les places d’honneur.

Ils proposent leurs conseils aux autres pour les aider à trouver les bonnes méthodes pour les imiter.

 

Bon…
Après tout, il faut se réjouir avec eux de la manière dont Jésus a su toucher leur cœur et transformer leur vie… mais nous entendons aussi le maître leur suggérer qu’ils n’emploient peut-être pas la bonne méthode et que la modestie va mieux à tout croyant.

Eh oui : ce passage semble nous suggérer que personne ne peut s’ériger en donneur de leçon. Sinon Jésus lui-même.

 

Sans s’en rendre compte et en croyant bien faire, ces personnes qui s’affirment en champion de la foi se servent en fin de compte de Dieu pour se valoriser… au détriment des autres.

 

Je crois plutôt que Jésus s’intéresse à la manière dont chacun saura conduire sa vie pour que celle-ci plaise à Dieu.
Or la vie qui plait à Dieu, c’est celle de celui qui valorise les autres en s’effaçant lui- même.

Mais soyons honnêtes : nous estimons tous qu’il est nécessaire que notre vie de croyant soit reconnue par les autres car il y a des signes qui ne trompent pas.
Et ces signes doivent nous distinguer aux yeux des autres.

Nous pensons tous un peu que l’intervention de Dieu dans notre vie devrait se manifester par des signes plus ou moins visibles, en pensant à des miracles… mais en prononçant ce mot avec discrétion…

 

C’est ainsi que doit se révéler pour nous la faveur de Dieu, pensons-nous. Par ces signes, il sera clair pour nous et pour les autres que Dieu agit en nous.

En fait, nous savons que nous avons tort…
Dieu nous aime comme il aime chaque être humain et il ne le montre pas forcément par les miracles visibles.
Comme nous voudrions « voir » ces signes ! Mais, la plupart du temps, le pardon n’est qu’un souffle tenu qui peut tout changer dans notre vie. La grâce, l’amour de Dieu est comme une étreinte qui nous redresse pour donner tout son sens à notre vie.
Ne nous trompons pas : ce sont des signes… mais parfois nous ne nous en rendons compte que bien plus tard. C’est quand l’épreuve est passée que l’on peut
voir comment nous avons été portés.

Mais qui suis-je pour revendiquer la première place ? En fait l’action de Dieu en nous, avant d’être rendue visible aux yeux des autres, doit d’abord opérer une transformation en nous-mêmes. Cette transformation est une transformation du cœur, si bien que tout se passe d’abord dans l’intimité de notre être. Cette transformation a pour première conséquence de changer notre regard sur nous-mêmes.
Ce sont les autres qui prennent alors de la valeur à nos propres yeux. C’est eux qui doivent mobiliser notre intérêt et qui motivent nos actions. Notre intérêt personnel passe donc au deuxième plan, si bien que ce qui devient visible aux yeux des autres, c’est le souci que nous avons pour eux. Nous ne cherchons plus à capter leur attention pour nous valoriser nous-mêmes, mais nous renvoyons à Dieu le bénéfice des transformations qui se sont opérées en nous.

 

Bien évidemment, les choses ne vont pas de soi.
Celui qui est habité par Dieu et qui est poussé à l’action par lui, par ce souffle, n’est pas tout toujours accepté.
Au contraire, on conteste que ce soit Dieu qui inspire son action en faveur des autres. Ce fut le cas de la plupart des esprits généreux qui, inspirés par Dieu, ont voulu changer la société en remettant de l’ordre et de la justice dans les affaires de l’humanité.

 

Le plus connu dans nos temps modernes est Martin Luther King, mais il y en a eu bien d’autres avant lui et il y en aura d’autres après lui, et chaque jour, de nouveaux inspirés se dressent parmi-nous – et rares sont ceux qui ont accès aux premières places de la société.

 

En fait, le problème n’est pas là.
Je ne crois pas que Dieu veuille que nous nous mettions dans la situation d’assistés qui attendent qu’un prodige transforme leur vie. De telles femmes, de tels hommes seraient dans une situation de dépendance qui ne ferait pas d’eux des êtres humains responsables mais des êtres humains sans caractère, en attente de libération – sans jamais y parvenir.

 

Or Jésus nous veut responsables, capables d’intervenir dans les affaires du monde pour le pousser à faire les bons choix de société.

Il veut que nous nous intéressions aux affaires de notre prochain pour l’aider à
améliorer sa situation.
C’est parce que nous aurons agi au niveau de la détresse des autres que nous serons reconnus par eux et que les miracles espérés pourront, peut-être, se produire.
Ils se produisent rarement comme un don tombé du ciel, mais comme le résultat de longs efforts menés patiemment par des femmes et des hommes animés par Dieu au cœur même des difficultés de leurs semblables.

N’oublions jamais que Dieu renforce nos âmes et fait de nous des fidèles aguerris, en nous invitant à devenir les serviteurs de nos semblables les plus malchanceux.
Notre société ne reconnaît que rarement les mérites de ceux qui se font les serviteurs des autres, cependant c’est par leur action, souvent anonyme, que les choses avancent.
Jésus a une vision du monde radicalement différente de la nôtre.
Il faut nous y faire.

Amen

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