PRÉDICATION : Dimanche 6 juillet 2025

Pour le culte du dimanche 6 juillet, le Pasteur Hervé STÜCKER s'est basé sur des extraits du chapitre 6 du Livre des Actes et du chapitre 10 de l’Évangile selon Luc.

Livres des Actes, chapitre 6, versets 1 à 7

À ce moment-là, le nombre des disciples devient de plus en plus grand, et les Juifs qui parlent grec se plaignent des Juifs du pays. Ils disent : « Chaque jour, au moment où on distribue la nourriture, on oublie les veuves de notre groupe. » Alors les douze apôtres réunissent l’ensemble des autres disciples, et ils leur disent : « Nous ne devons pas cesser d’annoncer la parole de Dieu pour nous occuper des repas. C’est pourquoi, frères, choisissez parmi vous sept hommes que tout le monde respecte, remplis d’Esprit Saint et de sagesse. Nous leur confierons le service des repas et nous, nous continuerons fidèlement à prier et à annoncer la parole de Dieu. »
L’assemblée entière est d’accord avec eux. On choisit Étienne, un homme rempli de foi et d’Esprit Saint. On choisit aussi Philippe, Procore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, un homme d’Antioche de Syrie, qui obéit à la loi de Moïse. On les amène devant les apôtres. Les apôtres prient pour eux en posant les mains sur leur tête.
La parole de Dieu est de plus en plus connue. À Jérusalem, il y a de plus en plus de disciples. De très nombreux prêtres juifs croient en Jésus.

Évangile selon Luc, chapitre 10, versets 1 à 11

Après cela, le Seigneur choisit 72 autres disciples. Il les envoie deux par deux devant lui, dans toutes les villes et tous les endroits où lui-même doit aller. Il leur dit : « Il y a une grande récolte à faire, mais les ouvriers ne sont pas assez nombreux. Demandez donc au propriétaire de la récolte d’envoyer encore des ouvriers pour faire sa récolte. Allez ! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. N’emportez pas d’argent, pas de sac, pas de sandales. Sur le chemin, ne vous arrêtez pas pour saluer les gens.
« Quand vous entrez dans une maison, dites d’abord : “Paix à cette maison !” Si un ami de la paix habite là, votre paix restera avec lui, sinon, elle reviendra à vous. Restez dans cette maison, mangez et buvez ce qu’on vous donne. En effet, l’ouvrier doit recevoir un salaire. Ne passez pas de maison en maison. Quand vous entrez dans une ville où les habitants vous reçoivent, mangez ce qu’on vous présente. Guérissez les malades qui sont là et dites à tous : “Maintenant le Royaume de Dieu est près de vous !” Mais quand vous entrez dans une ville où les habitants ne vous reçoivent pas, allez sur les places publiques et dites aux gens : “Nous enlevons même la poussière de votre ville qui est collée sous nos pieds, et nous vous la rendons ! Mais vous devez le savoir : le Royaume de Dieu est tout près de vous.”

©︎ Pixabay / Frauke Riether

Prédication

Est-ce que le chrétien doit vivre aujourd’hui dans l’urgence ?

L’Évangile est-il aujourd’hui un message urgent ?

 

Pour mémoire, l’Évangile, qui signifie Bonne Nouvelle, c’est la proclamation d’un message simple : le Royaume de Dieu s’est approché. Il est tout près.

Le messager de cette nouvelle doit-il œuvrer dans l’urgence ?

Si j’en crois le contenu de son message, je suis obligé de dire oui.

Oui, il y a urgence, parce que le Royaume de Dieu est tout proche, il est sur le point d’arriver.

Mais je pourrais aussi être tenté de dire non : il n’y a pas d’urgence.

Ça fait 2000 ans qu’on dit que le Royaume de Dieu est tout proche, et force est de constater qu’il n’est toujours pas là.

Ainsi, la durée, la longue attente, le temps qui s’écoule, les années, les siècles, mettent à l’épreuve les chrétiens.

Parce qu’ils doivent faire preuve d’une immense patience, tout en étant porteurs d’un message urgent.
D’ailleurs, Jésus va raconter plusieurs paraboles pour illustrer ce problème.

 

Vous êtes comme des serviteurs, dit-il, des serviteurs qui veillent et attendent que le maître de maison revienne. Mais le maître tarde et la nuit s’avance. Malheur aux serviteurs s’ils se sont finalement endormis au moment où le maître surgira.

L’Église, la communauté chrétienne, doit donc traverser des siècles, tout en gardant au cœur de son message, un état d’urgence.

Le Royaume de Dieu s’est approché. Il est tout proche.

Une façon de concilier patience et urgence, c’est peut-être de considérer la proximité du Royaume de Dieu non pas dans le temps, mais dans l’espace.

Le Royaume de Dieu est tout proche, ça ne veut pas forcément dire qu’il va arriver, mais ça veut dire qu’il s’est mis à notre portée.

Comme un navire s’approche du quai. Il ne touchera jamais ce quai, mais il va se faire le plus proche possible pour permettre un transbordement.
Le chrétien, c’est celui qui a conscience de la présence de ce bateau.

Et peut-être fait-il des allers-retours entre ce bateau et le quai d’embarquement.

 

Mais fondamentalement, s’il a découvert qu’il a une place qui lui est réservée sur ce bateau, le chrétien n’en vit pas moins sur terre.

Ça illustre peut-être ce que Jésus disait à ses disciples : vous n’êtes pas du monde, mais vous êtes dans le monde, votre place est sur le quai.

Or, sur cette terre, le disciple, autrement dit, le chrétien, reçoit une mission urgente.

La mission d’annoncer que ce bateau est là et qu’il y a une cabine réservée pour chacun à son bord.

Le Royaume de Dieu est là, il s’est mis à la portée de tous. Encore faut-il que les hommes et les femmes fassent le pas qui est de leur responsabilité : le pas nécessaire pour entrer dans ce Royaume, le pas nécessaire pour monter à bord.

Le bateau ne peut pas venir ramasser les passagers chez eux.

Il attend au port que tous répondent à l’invitation de son personnel de bord.

Le bateau est là, la place existe à son bord, elle est gratuite, mais encore faut-il s’y rendre.

Et pour cela, c’est basique, mais il faut tout simplement le savoir.

C’est pourquoi Jésus choisit 72 disciples qu’il envoie dans les villes et les villages. Il les envoie dans l’urgence. Ne prenez pas le temps de vous préparer : ne prenez ni sac, ni argent, ni chaussure. Allez ! et ne vous arrêtez pas en route, même pour saluer quelqu’un. Il y a urgence.

Choisissez une maison et présentez-vous là. Dites « la paix soit sur cette maison ». Si on vous accueille, prononcez le message : « le Royaume de Dieu s’est approché de vous ». N’allez pas ensuite dans une autre maison. Pourquoi ? Eh bien parce que si les occupants de cette première maison vous ont accueilli favorablement, ce sont eux qui prendront le relais du message.

S’ils accueillent cette bonne nouvelle, ils deviendront, de facto, des messagers à leur tour.
Par contre, si on ne vous reçoit pas dans cette maison, n’allez pas de maison en maison, mais contentez-vous de parcourir la ville en proclamant la bonne nouvelle dans les rues.

 

Vous serez comme des agneaux au milieu des loups, ajoute Jésus.

 

Autant dire que vous serez dans un état d’alerte permanent.

Dans un état de stress, et de méfiance, il s’agit de ne pas se faire dévorer ou détruire.
C’est horrible d’envoyer des agneaux au milieu des loups, mais il n’y a pas d’autre solution, parce qu’il y a urgence.

Il y a urgence et je n’ai que vous, semble dire Jésus.

Alors allez-y. La moisson est si grande et il n’y a que si peu d’ouvriers pour la rentrer.

 

Est-ce que la situation a changé aujourd’hui ?

 

Est-ce qu’il y a moins d’urgence ?

Est-ce qu’on peut prendre le temps de se préparer, est-ce qu’on peut prendre des précautions, envisager des stratégies, évaluer le terrain de nos missions ?

Force est de constater que je ne rencontre pas beaucoup de chrétiens stressés par l’urgence d’annoncer la proximité du Royaume de Dieu.

Et pourtant, n’est-ce pas encore notre responsabilité, et ceci jusqu’à la fin du monde ? Qu’elle soit demain ou dans deux siècles ? N’y a-t-il pas urgence d’annoncer ce message : le bateau est encore à quai.

 

Oui, ça fait 2000 ans qu’il est là, mais on ne sait pas quand il va partir. Il est encore proche, il est encore temps de monter à bord !
Si la fin du monde n’est pas pour demain, il y a malgré tout urgence de faire connaître la voix de Jésus aux hommes avant qu’ils ne meurent.

Il y a de plus en plus de gens autour de nous, qui n’ont tout simplement jamais entendu ce message.

La responsabilité du disciple, c’est d’être un ouvrier de la moisson à rentrer, c’est d’être un membre de l’équipage qui doit remplir le bateau de passager.
Le chrétien n’est pas pépère dans la grange, il ne s’allonge pas sur les chaises longues du paquebot. Il ne vit pas dans le Royaume de Dieu, il vit dans le monde, il vit sur le quai, sur la terre ferme, il vit dans les champs et il assume une responsabilité.

Qu’est-ce que ça veut dire, responsable ? J’ai découvert que la racine du mot responsable, c’est la même que celle du mot époux. Spondere en latin, signifie « prendre un engagement solennel de caractère religieux. »

Être responsable, c’est comme vivre dans un mariage.

Quand quelqu’un dit, je suis responsable de ceci ou de cela, est-il toujours conscient qu’il dit littéralement que Dieu est témoin de ce qu’il fait ?

Autrement dit, être chrétien ou être responsable, ce sont deux façons de dire la même chose. Je ne peux pas être authentiquement responsable de quoi que ce soit dans ce monde, si je ne maintiens pas un lien de proximité avec Dieu. Et de même, je ne peux pas être en lien spirituel avec Dieu sans m’engager dans ce monde.

Amen.

 

Une prière :

 

Seigneur,
Nous te prions pour notre monde. Pour ce monde où nous vivons. Pour cette moisson qui t’appartient et dont tu nous veux ouvriers.
Nous te prions pour ce monde qui vit dans la proximité de ton Royaume sans le connaître.
Oui, envoie encore des ouvriers, des messagers, des disciples de cette bonne nouvelle de ta proximité.
Garde-nous Seigneur, de nous considérer nous-mêmes comme des propriétaires. Rappelle-nous en tout temps qu’être responsable, c’est répondre de nos actes et de nos vies devant toi, puisque tout t’appartient : et ce monde, et nos vies.
Fais-nous vivre dans la confiance par ce lien indestructible de ton amour.
Fais-nous vivre dans la joie de pouvoir t’approcher, te parler, te servir.
Seigneur, nous te prions pour que ton règne vienne, mais nous te prions aussi pour que nous venions dans ton règne, puisque tu l’as mis à notre portée.
Amen !

 

Pasteur Hervé STÜCKER

Rennes, dimanche 6 juillet 2025

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