Prédication du 5 mars 2023

Vous avez raté la prédication du 5 mars. Retrouvez la prédication de Rémy Hubscher.

Prédication réalisée d’après le texte biblique : Mathieu 14 : 22-36

 

« Il obligea les disciples à monter dans le bateau »

 

Croisière une nuit de tempête

 

Comme vous le savez certainement, j’aime organiser une fois par mois,     à la belle saison, des croisières à la voile en Bretagne.

 

J’aime faire découvrir les méritoires, ces territoires en mer accessible en bateau et dont la contemplation se mérite.

 

La mer c’est toujours une aventure et ça suscite parfois de l’angoisse.

 

En 2015, j’avais organisé une de mes premières croisières, un week- end bateau pour des ami·es proches.

 

Nous étions 5 : 2 garçons et 3 filles. Je n’étais pas encore skipper et j’avais donc demandé à un ami expérimenté, vivant sur son bateau à Lorient, d’accueillir notre équipage pour nous emmener à la découverte   de Belle-Île et de l’archipel de Glénan.

 

Nous nous étions donné rendez-vous le vendredi soir en fin de journée et les prévisions météo étaient un peu fortes : 2/3m de vague et 25/30nd de vent.

 

Après être arrivés à bord nous décidons de larguer les amarres et  d’aller passer la nuit à Sauzon au nord de Belle-Île.

 

Je me rappelle encore l’étonnement et la perplexité de notre voisin de  ponton nous voyant partir :

 

« Vous partez ? À cette heure ? Pour Belle-Île ? Vous êtes sûr ? Bon ! Je préviens le CROSS, bon vent »

 

Le jour tombe et les vagues sur lesquelles se reflète la lune  impressionnent.

 

Il fait noir, les lueurs de la ville s’estompent au loin et le vent fait pencher le bateau. Des embruns s’éclatent sur le pont, l’humidité se  répand sur les habits et le froid se glisse à l’intérieur.

 

Élise, l’une des amies, me regarde et me dit : « J’ai froid, j’ai peur,  qu’est-ce qu’on fait là ? Combien de temps faut-il pour traverser ?

 

Pour peu que la fatigue de la journée précédente s’installe, le mal de    mer n’est alors plus très loin.

 

L’histoire du texte

 

Les disciples étaient donc là, dans leur barque, de nuit au milieu des   vagues et dans le vent.

 

À l’image de certains épisodes de nos vies, pleines de dangers, de contrariétés, de douleurs, de tristesses, d’angoisses et de stress.

 

Tous les protagonistes sont séparés :

 

  • Jésus est monté dans la montagne pour prier et méditer à l’écart  près de son père,
  • Les foules sont renvoyées à leur domicile,
  • Les disciples se retrouvent au cœur d’une tempête

 

Il y a comme une dispersion temporaire, tous doivent se retrouver le  lendemain sur l’autre rive.

 

La montagne représente ici le lieu biblique de la rencontre avec Dieu, comme ce fut le cas pour Moïse, Élie. Elle manifeste ce lien singulier qui unit Jésus à son Père. Il est à l’écart, seul pour prier et la nuit vient.

 

Au cœur de la nuit, les disciples se relaient à la barre pour traverser  malgré des vents contraires.

 

La mer, bibliquement symbolise le danger et la mort. Ils sont loin de la terre des hommes et de la montagne de Dieu à cause de cette tempête.   Et bientôt dans les ténèbres ils ne verront plus rien, si ce n’est peut-être  la mort.

 

Les difficultés durent ainsi toute la nuit, une vraie nuit de ténèbres.

 

Mais peu avant le matin, ils voient Jésus approcher en marchant sur la  mer.

 

Pierre, capitaine chevronné, n’a jamais vu ça.

 

D’ailleurs, cette vision provoque encore plus de peurs, ils pensent à un fantôme et se mettent à pousser des cris de désespérance. Leur combat est-il perdu ?

 

Mais Jésus les rassure : « Courage ! C’est moi, n’ayez pas peur ! »

Par cette marche sur les eaux, Matthieu nous montre que le Christ demeure présent, il vient à eux sans attendre qu’ils le rejoignent. Plus    que sa présence, c’est sa parole qui retentit comme un appel à l’espérance.

 

Pierre dans un acte de foi totale lui demande pour preuve, qu’il lui ordonne de venir le rejoindre et de marcher lui aussi sur l’eau. Jésus lui dit : « Viens ».

 

Pierre doute. Mais il ne doute pas de de marcher sur l’eau car il s’élance en regardant Jésus et en confiance.

 

Ce qui le fait douter, c’est la présence de Jésus au cœur de cette  tempête que lui, bon marin, n’a pas pu maîtriser.

 

Pierre demande un miracle, mais Jésus appelle à une rencontre : « Viens »

 

Rapidement il réalise ce qui se passe, quitte Jésus des yeux et regarde  les vagues, le vent et sa compréhension du monde le rattrape :

 

« Marcher sur l’eau, ce n’est pas possible. »

 

Il a peur et se met alors à couler au milieu des vagues et de la nuit. Le miracle ne vaut rien pour lui-même.

Dans un élan de foi, il s’écrit : « Seigneur, sauve-moi ! » et décide de se  laisser saisir par son Sauveur.

 

La situation s’inverse, Pierre exigeait un miracle pour lui aussi vaincre cette mer à l’image d’un Dieu. Mais il n’est qu’un homme. C’est dans cette faiblesse humaine, que Pierre s’adresse à Jésus en reconnaissant    en lui un sauveur et Seigneur qui lui tend la main.

 

Jésus lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »

 

Il est intéressant de noter l’alternance de courage et de doute de  Pierre.

 

Il fait confiance à Jésus pour le rejoindre sur les eaux tumultueuses,    doute et coule mais à nouveau sait que Jésus est là pour le sauver.

 

À l’image des disciples, nous naviguons en eaux tumultueuses.

 

Notre aventure au cœur du monde n’est pas de tout repos et  s’apparente souvent à un enchaînement de tempêtes.

 

Et nous avons tendance à nous inquiéter du spectre de la mort se jetant   sur nous à tout instant.

 

Pourtant Jésus et là, il nous accompagne pour nous dire « Courage,   c’est moi, n’ayez pas peur ».

 

Mais nous, préoccupés par notre quotidien, désirant tout contrôler,   savons-nous voir Jésus marcher à nos côtés dans nos tempêtes et  nous laisser saisir par lui dans nos faiblesses ?

 

 

Le calme après la tempête

 

Jésus et Pierre montent dans la barque et le vent tombe.

 

Ceux qui étaient dans le bateau se prosternèrent devant lui et dirent :

 

« Tu es vraiment le Fils de Dieu ! »

 

Pas une parole contre le vent, pas de geste sur la mer, la seule présence de Jésus au milieu des siens, dans la foi est déjà une victoire.

 

Cette profession de foi des disciples nous renvoie à la croix au pied de  laquelle le centurion et ses soldats reconnaîtront :

 

« Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu. »

 

Ainsi, si la proclamation des disciples reconnaît en Jésus ce Messie et Fils de Dieu, elle intègre à cette foi et à ce Salut, la nécessaire place de la croix.

 

Réunis à Genésareth

 

Ils achevèrent la traversée et arrivèrent à Genésareth.

 

Et voici que nos protagonistes du début se retrouvent réunis : Jésus,  les disciples et la foule.

 

La tempête n’empêche pas Jésus de poursuivre sa mission.

 

Paradoxalement, ces habitants de Génésareth reconnaissent plus aisément Jésus que les disciples dans la tempête, pour en attendre un  salut.

 

Ils font preuve d’autant d’ardeur missionnaire que de foi : Ils avertissent  la région et avertissent les malades qui remplis de foi n’exigent pas de grands gestes de la part de Jésus mais n’ont qu’une hâte, toucher son manteau pour être sauvés.

 

La bonne nouvelle

 

Chers amis, ce que nous dit ce texte est un véritable cadeau. Un cadeau de Dieu pour les hommes. Le cadeau d’avoir envoyé son fils  pour nous enseigner, marcher à nos côtés et pour nous sauver.

 

Des histoires de tempêtes, j’en aurais d’autres à vous raconter, en mer,  à terre, dans nos relations les uns avec les autres. Mais comme Pierre,   il nous faut avoir confiance.

 

Il nous faut avoir confiance pour profiter pleinement de la vie qui nous est donnée. Une vie courte qu’il est très facile de gâcher par des préoccupations futiles.

 

Mais le Seigneur nous envoie, il nous oblige à monter dans le bateau  et à traverser.

 

Nous ne traversons pas seul, nous avons à nos côtés un équipage de disciples, une famille, des amis, une église pour nous soutenir.

 

Mais surtout, ce que nous dit ce texte, c’est que Jésus n’est jamais loin.  Il est beaucoup plus facile pour lui de nous rejoindre dans nos tempêtes   car il peut marcher sur l’eau. Toute cette traversée difficile que nous subissons, ces cahots, ces embruns, ce froid. Il marche au-dessus, au travers pour nous rejoindre et être près de nous.

 

Accueillir Jésus dans notre vie c’est repousser les fantômes de la mort.

 

« C’est moi, n’ayez pas peur »

 

C’est changer de perspective pour ne pas couler, sombrer dans l’abîme  mais ouvrir nos cœurs à ce cadeau qui nous est fait, cette grâce qui nous est offerte.

 

Accueillir Jésus dans notre vie c’est également apaiser la tempête.

 

« Jésus et Pierre montent dans la barque et le vent tombe. »

 

De l’autre côté, à Génésareth, la foule attend. Ils ont entendu parler  de Jésus et attendent de pouvoir toucher son manteau pour être sauvés.

 

Soyez rassurés frères et sœurs : cette tempête est temporaire, c’est une traversée, un passage, certes chaotique mais à notre portée car  Jésus marche à nos côtés.

 

Peut-être qu’aujourd’hui, vous vous sentez malmenés par le vent, peut- être même que vous vous sentez couler.

 

N’hésitez pas à faire une pause pour prier et à dire simplement comme Pierre :

« Seigneur, sauve-moi ! »

 

Laissez Jésus monter avec vous sur le bateau, laisser le vent tomber  pour terminer paisiblement la traversée.

 

Écoutez cette petite voix dans le vent : « C’est moi, n’ayez pas peur »

 

Chers amis, nous aussi, reconnaissons en Jésus le Fils de Dieu, venu  pour nous sauver, un phare dans nos vies, un apaisement dans nos tempêtes.

 

Amen

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