C’est moi qui suis la vraie vigne, et c’est mon Père qui est le vigneron. Tout sarment qui, en moi, ne porte pas de fruit, il l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il porte encore plus de fruit. Vous, vous êtes déjà purs, à cause de la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi, comme moi en vous. Tout comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure dans la vigne, vous non plus, si vous ne demeurez en moi. C’est moi qui suis la vigne ; vous, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi, comme moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; hors de moi, en effet, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment et il se dessèche ; on ramasse les sarments, on les jette au feu et ils brûlent. Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et cela vous arrivera. Mon Père est glorifié en ceci : que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez mes disciples. (Traduction Nouvelle Bible Segond)
Prédication
« C’est moi qui suis la vraie vigne, et c’est mon père qui est le vigneron ».
La vraie vigne, le vrai cep… Qui porte du fruit, que le vigneron récolte.
Cette image de la vigne, que l’on retrouve à maintes reprises dans la Bible, ne surprend pas le lecteur régulier des Écritures. Alors que dans le livre d’Ésaïe au chapitre 27, Israël est comparé à la vigne dont le Seigneur Yahvé est le gardien, ici la comparaison est autre. C’est Jésus qui est la vigne, le cep, le socle de cette plante nourricière. Nous, nous sommes les sarments de cette vigne – c’est à dire que nous y sommes attachés, et que nous n’existerions pas sans ce socle. Dieu, lui, est le vigneron, celui qui prend soin de cette vigne, et qui en récolte les fruits.
« Je suis la vraie vigne », ou encore « c’est moi qui suis la vraie vigne »…
Dans l’Évangile de Jean, Jésus énonce sept « Je suis » : « Je suis le pain de vie » (Évangile selon Jean, chapitre 6, verset 35), « Je suis la lumière du monde » (Évangile selon Jean, chapitre 9, verset 5), « Je suis la porte » (Évangile selon Jean, chapitre 10, verset 9), « Je suis le bon berger » (Évangile selon Jean, chapitre 10, verset 11), « Je suis la résurrection et la vie » (Évangile selon Jean, chapitre 11, verset 25), « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Évangile selon Jean, chapitre 14, verset 6) , et enfin, le dernier « Je suis la vigne, vous êtes les sarments » (Évangile selon Jean, chapitre 15, verset 5).
Cette série de « Je suis » fait écho à la définition que Dieu donne de lui-même à Moïse dans le livre de l’Exode au chapitre 3, verset 14. Quand Moïse demande à Dieu quel est son nom, Dieu répond « Je suis qui je suis. C’est ainsi que tu répondras aux enfants d’Israël : Celui qui s’appelle « je suis » m’a envoyé vers vous. »
Ainsi Jésus reprend ce « Je suis » à son compte, et il répond à sa façon à cette question lancinante… « Qui es-tu » ?
Arrêtons-nous un instant sur cette série de « Je suis », et regardons ce qu’ils nous disent de Jésus, et ce qu’ils nous disent de nous.
« Je suis le pain de vie » : celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif.
« Je suis la lumière du monde » : celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres mais aura la lumière de la vie.
« Je suis la porte » : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé.
« Je suis le bon berger » : le bon berger donne sa vie pour ses brebis. Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent.
« Je suis la résurrection et la vie » : celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort.
« Je suis le chemin, la vérité et la vie » : nul ne vient au Père que par moi.
« Je suis le vrai cep, mon Père est le vigneron » : je suis la vigne, vous êtes les sarments.
Dans ce dernier « Je suis », Jésus s’adresse directement à ses disciples. Je suis… et vous êtes.
Vous.
Vous qui avez choisi de me suivre, vous qui avez foi en moi. Vous, disciples du Christ hier et aujourd’hui.
Être un sarment, être un disciple, c’est un don de Dieu qui nous oblige
« Vous, vous êtes déjà purs à cause de la parole que je vous ai dite ».
J’aimerais mettre ce verset en parallèle avec le verset 8 du chapitre 17 de Jean : « Car je leur ai donné les paroles que tu m’as données ; ils les ont reçues ; ils ont vraiment su que je suis sorti de toi, et ils ont cru que c’est toi qui m’as envoyé »
Jésus nous fait un don extraordinaire : par sa Parole, il nous purifie. C’est-à-dire qu’il nous nettoie, il nous lave de ce qui nous encombre. Par sa Parole, vivante et permanente, il nous fait naître de nouveau.
Jésus, lumière du monde, bon berger, chemin, vérité et vie, est venu à notre rencontre au détour de notre vie. Que nous cheminions avec lui depuis longtemps, ou que notre rencontre soit récente, nous savons que c’est lui qui nous a aimé le premier, et que nous n’avons pas choisi de le rencontrer. Ainsi, être un sarment de la vigne du Seigneur, être un disciple de Jésus, cela nous est offert gratuitement.
Et ce don nous oblige. Car être purifié par la Parole de Jésus, c’est laisser l’Esprit agir en nous afin de vivre pleinement le message évangélique. Ainsi Jésus poursuit-il en disant : « Tout sarment qui, en moi, ne porte pas de fruit, il l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il porte encore plus de fruit. » (verset 2)
Notre responsabilité, en tant que disciples-sarments de la vigne du Christ, c’est de porter du fruit, c’est-à-dire de faire grandir le Royaume de Dieu au quotidien. Être « taillé« , cela peut signifier se laisser travailler par la Parole de Dieu. Se laisser convertir, réorienter sa vie, faire des choix qui pacifient notre relation aux autres. Être « taillé« , cela peut aussi vouloir dire être appelé à laisser tomber des idoles, des dominations, des dépendances qui nous empêchent de nous ouvrir aux autres et d’être vraiment disciples du Christ. Parfois, être « taillé« , cela peut signifier être appelé à changer radicalement de vie.
Être un sarment, être un disciple, c’est faire communauté
« Demeurez en moi, et moi en vous. Comme le sarment ne peut porter du fruit de lui-même, s’il ne demeure uni au cep, de même vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez en moi. C’est moi qui suis la vigne, et vous, vous êtes les sarments.
L’image est simple à comprendre.
Chaque sarment prend source au cep, et chaque sarment est invité à porter du fruit.
Le verbe « demeurer » est intéressant, car il peut être entendu dans deux sens : demeurer = habiter / demeurer = rester.
Habitez en moi, et j’habiterai en vous. Restez fidèles à mes commandements, et je serai auprès de vous, pour toujours. Et Jésus nous le promet : si nous nous abreuvons à sa source, si nous nous nourrissons de sa Parole et que nous irriguons nos sarments de la sève qu’est l’Esprit saint, alors, nous ferons communauté, et nous porterons du fruit. Car chacune et chacun de nous porte en lui et en elle une part de Dieu.
« Moi, je suis le cep, vous, vous êtes les sarments ; celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; car hors de moi vous ne pouvez rien faire. »
Si nous nous éloignons du Christ, nous nous asséchons. C’est notre foi qui est notre moteur. C’est elle qui fait monter la sève depuis le cep jusqu’aux sarments. Si nous nous desséchons, nos sarments seront brulés, c’est à dire qu’ils ne serviront plus à rien.
Jésus nous demande non seulement de le suivre avec confiance, mais aussi de témoigner de son amour. Dieu, le vigneron de cette vigne si particulière, travaille dans nos vies, comme le vigneron travaille dans sa vigne, pour nous aider à porter le fruit dont il a besoin pour que sa gloire se manifeste. Ainsi, quand au verset 7 Jésus dit : « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé », il nous rappelle que c’est par la prière que nous demeurons en lui.
Alors oui, nous pouvons tiquer à la lecture de ce verset. Car nous avons tous déjà prié encore et encore pour que s’améliore une situation pesante, pour que soit levé un secret destructeur, pour qu’arrivent enfin des jours meilleurs dans nos vies ou celles de nos proches. Et nous avons le sentiment d’avoir prié en vain. D’avoir crié dans le désert.
Nous nous surprenons parfois à nous interroger sur ce que nous ne faisons pas comme il faut, sur ce que nous faisons qui déplairait à Dieu.
Et pourtant, cette promesse d’un Dieu qui nous écoute et nous accompagne traverse les quatre Évangiles. Quand notre foi est éprouvée, nous devons lire ces versets comme une promesse, comme une espérance ; ils sont un appel à la persévérance.
Nous sommes les disciples – les sarments – de Celui qui est le cep – Jésus – envoyé par le Père – le vigneron. Ce Père, dont la gloire se manifeste par les fruits que nous portons, car nous sommes disciples de son fils.
Jésus s’annonce comme la vraie vigne dont nous sommes les sarments. Ainsi, comme le cep n’est rien sans le travail du vigneron, le sarment n’est rien s’il n’est greffé au cep. Frères et sœurs, réjouissons-nous d’être ainsi reliés au cep, sarments pleins de vigueur, fortifiés par la parole du Seigneur.
Et recevons le commandement du Christ, que nous pouvons lire dans les derniers versets du chapitre 15 : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et institués pour que, vous, vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure ; afin que le Père vous donne tout ce que vous lui demanderez en mon nom. Ce que je vous commande, c’est que vous vous aimiez les uns les autres. »
Pour que nous mettions en œuvre partout dans nos vies ce commandement d’amour,
Pour que nous ayons à cœur de nous aimer les uns les autres, comme le Christ nous a aimés,
Pour que nous aimions notre prochain sans le juger, sans rien attendre en retour,
que Dieu nous vienne en aide.
Amen.
Sara Claire LOUEDEC
Rennes, Dimanche 28 avril 2024
Photographie : Pixabay / alohamalakhov