“ Comme des flambeaux dans le monde, portant la parole de vie” Phil 2:15-16
L’Eglise protestante unie de Rennes a choisi ce verset comme en-tête à son projet missionnaire local, pour rappeler combien sa démarche prend source dans la seule parole de Dieu et que c’est par obéissance et en conformité à l’ordre du Christ, qu’elle prend à bras-le-corps cette dimension importante et incontournable dans la vie de l’Eglise. Car, oui l’annonce de l’Evangile au monde, hors les murs de nos temples, n’est pas une activité accessoire de l’Eglise, mais bien ce qui lui donne sa raison d’être: Autant l’Eglise n’existe que parceque son Seigneur l’a suscitée, autant elle ne peut vivre en vase clos et donc que pour elle-même. A côté de la proclamation de l’Evangile et du culte rendu à Dieu en interne, sa mission première est bien de se tourner vers l’extérieur, le monde vers lequel elle est envoyée, pour y porter cette parole qui la fait vivre, en témoigner en paroles et en actes, pour la rendre manifeste à ceux qui ne la connaissent pas et l’attendent peut-être, voire sûrement ! l’Eglise existe aussi pour ceux-là ! Nous sommes appelés et c’est notre mission, à passer d’une Eglise de membres à une Eglise de témoins !
« Devenir une Eglise de témoins. C’est cette orientation fondamentale qui a conduit l’Eglise réformée de France et l’Eglise luthérienne de France à devenir l’Eglise protestante unie de France en 2013. Cette Eglise a été créée avec la volonté de grandir en hospitalité, pour être ensemble plus accueillants aux attentes de nos contemporains et à la mission de Dieu. Par là, nous cherchons à nous encourager mutuellement, pour être mieux témoins ensemble de l’Evangile. » (Laurent Schlumberger)
Qu’est donc un témoin?
Un témoin est celui qui ose s’exposer avec authenticité, pour dire ouvertement ce qui donne un sens à sa vie et d’affirmer : «Oui, Jésus Christ est mon Seigneur et mon Sauveur ; Sa parole me fait vivre». En somme, il s’agit pour lui de témoigner de sa foi !
Or qu’est-ce que la foi chrétienne si ce n’est la rencontre avec le Christ ?
Cette définition de la foi suppose un double mouvement : Nous allons à la rencontre du Christ parce que lui-même vient vers nous.
La foi chrétienne est avant tout : «Rencontre du Christ, rencontre qui sauve, qui bouleverse une vie, la redresse et la remet en marche dans une direction de plus grande plénitude» (Jean Ansaldi in Dire la foi aujourd’hui).
C’est dans cette seule rencontre que nous pouvons découvrir qui est Dieu pour nous et ce que nous sommes devant Lui. Ce qui importe avant tout au Christ, c’est d’entrer en relation directe avec chacun, l’accueillir pleinement, le rencontrer tel qu’il est, là où il est et dans son expérience de vie. Si cela est vrai pour nous, membres de l’Eglise, c’est également vrai pour tout être humain, car c’est pour le monde entier que Jésus est mort et ressuscité : « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean3/16).
Juste avant de quitter les siens le jour de son Ascension au ciel, le Seigneur Jésus indique clairement à ses disciples, ce qu’ils auront à faire : Etre ses témoins «jusqu’au bout de la terre» ! Certes, Il n’est plus physiquement avec eux sur la terre, mais son départ signifie désormais, le transfert de la responsabilité de sa mission à ses disciples de tous les temps.
Car si le Christ n’a plus de corps matériel, plus de bouche ni de mains, qui donc annoncera la Parole de Dieu au monde ? Qui guérira ceux qui sont dans la nuit du désespoir ? Qui libérera ceux qui sont paralysés par leurs craintes ou leur doute ? Qui assistera les pauvres, visitera les malades et les prisonniers ? Qui calmera les « tempêtes de nos vies » ? Qui nourrira l’humanité affamée de sens ? Le Christ répond : Vous recevrez une puissance, celle de l’Esprit saint et vous serez mes témoins partout. Ce que j’ai dit, fait, montré lorsque j’ètais encore avec vous, reste toujours vrai. Allez-y ! Prenez le relais !
Quelques années plus tard, l’apôtre Paul, avec ses mots, insistera sur cette responsabilité du disciple du Christ devant la mission de la proclamation de la bonne nouvelle de Jésus Christ à tous, afin que « Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Romains 10/13).
Or, il poursuit au verset suivant : « Comment donc invoqueront-ils Celui en qui ils n’ont pas cru ? Et comment croiront-ils en Celui dont ils n’ont pas entendu parler ? Et comment en entendront-ils parler sans quelqu’un qui le leur prêche ?
Ainsi, si le salut est offert gratuitement à tous les hommes, il faut que tous en entendent parler, pour être en mesure d’invoquer le nom du Segneur. Mais pour qu’ils entendent parler de lui, il faut que quelqu’un le leur annonce.
Un défi nous est donc lancé, à nous EPUdF : Entrer pleinement dans cette dynamique missionnaire d’évangélisation, pour mieux être une Eglise de témoins, celle qui existe aussi pour ceux qui n’ont jamais renconté le Christ, ou qui l’ont perdu « de vue », pour une raison ou une autre.
« En somme, à travers l’élan pour mieux être une Eglise de témoins, nous essayons de retrouver cette caractéristique essentielle de l’Eglise : l’Eglise. Comme son nom le dit –ek-klesia– elle naît de l’appel d’un autre : Jésus Christ. Elle annonce autre chose qu’elle-même : le règne de Dieu. Et elle n’en fait pas sa propriété ou son privilège, mais elle est envoyée pour l’annoncer à tous » (Laurent Schlumberger).
La tâche s’annonce peut-être ardue, mais notre espérance se fonde, comme celle des premiers témoins et ceux de toutes les générations de chrétiens qui ont suivi, sur la présence à nos côtés de Celui qui a dit : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du saint Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28/19-20).
Les paroles de Jésus ont été et sont encore aujourd’hui un encouragement pour tous ceux dont la conviction est que Dieu a un projet de bonheur pour le monde et qu’il finira par le faire aboutir, même si nous ne perdons pas de vue sa réalité présente, avec son lot de difficultés et d’obstacles.
Notre espérance chrétienne, parce qu’elle s’appuie sur les promesses du Christ, devient une attente confiante, une certitude tranquille. Elle n’est pas notre œuvre, nous ne la fabriquons pas, elle nous est donnée.
Ainsi, espérer en Lui, c’est s’engager avec joie et confiance sur les chemins ouverts devant nous, avec cette conscience qu’au delà de notre foi, de nos luttes, notre travail, nos attentes, parfois nos frustrations et nos inquiétudes, Dieu tient tout dans sa main et poursuit son œuvre créatrice dans nos vies, dans l’Église et dans notre monde meurtri. Il nous y précède, préparant le terrain et se frayant un chemin dans les coeurs assoiffés de Sa parole et de sens.
Qu’il soit donné à l’Eglise du Christ de saisir pleinement sa mission d’annonce de l’Evangile et son rôle de vigie dans ce monde vers lequel elle est sans cesse envoyée.
Pasteure Zohra Mokri