Quand un catholique ou un agnostique entre dans un temple protestant, ce qui les frappe de prime abord c’est la « nudité » de celui-ci : aucun tableau, pas une icône, une statue ou toute autre représentation artistique. Pourquoi ? Par peur de l’idolâtrie, bien entendu. Martin Luther souhaitait respecter à la lettre le second commandement : « tu ne te feras pas d’idoles -images- » (Exode 20.4). Le courant réformé, illustré notamment par Calvin, emboitera le pas au réformateur allemand. Il faut bien avoir conscience qu’à leur époque, il était courant d’accorder un pouvoir miraculeux aux images. Le peuple considérait que les prières adressées aux statues, aux icônes, pouvaient guérir ou subvenir aux besoins. Comme si Dieu était réellement, physiquement présent dans sa représentation graphique.
C’est pour combattre ce genre de pensées et affirmer que Dieu n’est pas une « image » que certains courants protestants au XVIè siècle ont détruit un certain nombre d’œuvres d’art. Il convient toutefois de souligner l’évolution de Luther. Il comprit très vite l’utilité pédagogique des images. Elles pouvaient constituer un véritable catéchisme, à condition d’être soumises à l’Écriture. Elles devaient être au service de la Parole : elles venaient toujours illustrer un verset ou un passage biblique. C’est pourquoi les temples luthériens font, aujourd’hui encore, une plus grande place à l’art sous toutes ses formes que les temples réformés.
Christophe Jacon
Hors-Série : Paroles Protestantes
Mai 2013 – Page 10